Akerman, Chantal (1950-2015)
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Biographie
{{section à sourcer}} Chantal Akerman est issue d'une famille juive polonaise. Ses grands-parents et sa mère, Natalia, ont été déportés à Auschwitz, seule sa mère en est revenue. Son père se nomme Alexis Akerman.
L'angoisse chronique de sa mère est un thème majeur de son œuvre{{refnec}}. Avec les rapports sexe/amour/argent, l'ennui et le vide existentiel, l'humour triste et la solitude{{Référence nécessaire}}. Elle analyse les comportements humains en posant la question du bonheur{{refnec}}. Sa relation au judaïsme, toujours plus intense, traverse toute sa filmographie.
C'est Pierrot le fou de Jean-Luc Godard qui a provoqué sa vocation. Formellement, Michael Snow sera sa deuxième profonde influence. Elle déclare le {{date}} au Centre Pompidou : {{citation}} Son travail est contemporain de celui des débuts de Wim Wenders.
André Delvaux l'a soutenue dès son premier court métrage, Saute ma ville en 1968, un film pré-punk{{refnec}} où l'adolescente exprimait de manière explosive son besoin vital de libération.
New York
Après un court passage à l'Institut national supérieur des arts du spectacle, en 1967-1968 où elle claque la porte après trois mois, et la réalisation en 1971 de L'enfant aimé ou Je joue à être une femme mariée, un deuxième film (depuis longtemps invisible) que la cinéaste estime raté{{Référence nécessaire}} parce que pas assez construit, précis, dirigé, Chantal Akerman est partie avec Samy Szlingerbaum{{Référence nécessaire}} à New York où elle a fréquenté assidûment l'Anthology Film Archives (cinémathèque). Elle y a découvert le cinéma expérimental américain (Michael Snow, Andy Warhol, Jonas Mekas, etc.). {{citation bloc}}
Vivant de petits boulots{{refnec}}, elle est parvenue à tourner plusieurs films. En 1972, La Chambre, un court-métrage à base d'un lent panoramique horizontal qui balaie l'espace à 360 degrés plusieurs fois, et Hôtel Monterey, 63 minutes, une suite de plans fixes précisément cadrés et de lents travellings dans les couloirs, puis la caméra sort de l'immeuble par le toit où un panoramique balaie l'horizon urbain. Enfin, en 1973, Hanging Out Yonkers, son premier essai de documentaire (sur des adolescents à problèmes fréquentant un centre social), inachevé. Les rushs sont parfois projetés en cinémathèque ou lors de rétrospective.
Chantal Akerman vit ensuite à Paris. Elle retourne à New York en 1976, après sa reconnaissance internationale, pour réaliser News from Home (89 minutes), une lecture des lettres inquiètes et plaintives que lui envoyait sa maman pendant son séjour, accompagnée par des plans monumentaux (façades, rues, métro) de la mégapole. Le film se clôt par un très long travelling arrière, la caméra posée sur un bateau s'éloignant des tours jumelles du World Trade Center. La cinéaste reviendra dans cette ville pour tourner Histoires d'Amérique en 1988 et Un divan à New York en 1996.
Jeanne Dielman et la reconnaissance internationale
Dans le Nouvel Observateur en 1989, Chantal Akerman explique : {{citation}}
Parmi les films de sa longue carrière, les plus importants{{refnec}} sont Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles (1975) (son chef-d'œuvre), une description méticuleuse, en illusion de temps réel (proche de l'hyperréalisme) de l'aliénation, avec Delphine Seyrig ({{citation}}) ; Les Rendez-vous d'Anna (1978) avec Aurore Clément, un très autobiographique road movie en train (d'Allemagne à Paris en passant par Louvain et Bruxelles) ; la comédie musicale Golden Eighties (1986) (une variation à la Jacques Demy de ses thèmes habituels avec Lio) ; sa tentative de comédie romantique américaine à la Ernst Lubitsch (ou à la Woody Allen) Un divan à New York (1996, avec William Hurt et Juliette Binoche) et La Captive (2000, avec Sylvie Testud et Stanislas Merhar), son adaptation, écrite avec Eric de Kuyper, de La Prisonnière de Marcel Proust, influencée par Vertigo d'Alfred Hitchcock et les mélodrames morbides d'Evgueny Bauer{{refnec}}.
En 2006, Chantal Akerman détourne une commande{{refnec}} (un documentaire sur Israël) pour revenir à un travail plus personnel{{refnec}}, son plus intime depuis les années 1970 (voix off autobiographique accompagnant des plans fixes hyperréalistes tournés en vidéo), tourné à Tel-Aviv et monté à Paris, sur l'exil, l'exil des autres, l'exil de soi-même, le repli sur soi, le déséquilibre mental, le temps, l'espace et les tâches ménagères qui deviennent des « actes héroïques de la vie quotidienne ». La conclusion de ce film, intitulé Là-bas, est : « Le paradis n'existe pas. »
Décès
La cinéaste, qui souffrait de troubles maniaco-dépressifs, se suicide à 65 ans, le {{Date}}, à Paris. Sa mère Natalia est morte un an et demi plus tôt, en avril 2014, à l'âge de 86 ans. Depuis, la cinéaste ruminait des idées noires et avait été hospitalisée pour dépression. Elle avait pu rentrer chez elle à Paris à la fin du mois de septembre.
Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise ({{49e}} division).
Activités
Documentaire
La cinéaste a réalisé des documentaires (Un jour Pina a demandé…, 1983 ; D'Est, 1993 ; Sud, 1998 ; De l'autre côté, 2003) qui se distinguent par une recherche plastique et formelle{{refnec}} et une attentive écoute humaniste{{refnec}} ({{citation}})
Art contemporain
Chantal Akerman a entre autres présenté une installation filmique intitulée Woman Sitting after Killing à la Biennale de Venise de 2001, From the Other Side à Documenta 11 (2002), et Now en 2015 à la Biennale de Venise. À travers sa démarche artistique, Chantal Akerman mêle étroitement création filmique et installation vidéo. En 1995, elle réalise ainsi l'installation D'Est, au bord de la fiction à partir des images tournées pour le film documentaire D'Est (1993), œuvre qui prend pour thème la vie dans les rues d'Europe centrale et d'Europe de l'Est juste après la chute du mur de Berlin. En 2015, Chantal Akerman présente Now à la biennale de Venise, installation en cinq écrans, où défilent à vive allure des paysages désertiques filmés en travelling et où le montage sonore a une importance particulière. À travers cette installation immersive, l'artiste provoque une confrontation brutale et sensible au chaos de la guerre, de la mort et de la disparition. Chantal Akerman a également présenté une installation vidéo intitulée Woman sitting after killing à la Biennale de Venise de 2001, une autre, From the other side à Documenta 11 (2002).
Enseignement
Elle a été professeur à lEuropean Graduate School de Saas-Fee (Suisse) où elle dirigeait un atelier de cinéma pendant l'été, au cours duquel sa voix éraillée captivait son auditoire.
Elle a enseigné à l'Université de la Ville de New York (City University of New York : CUNY).
Distinction
- 2004 : Commandeur de l'ordre de Léopold