Jaurès, Jean (1859-1914)
Biographie
1859-1885 : Jeunesse et formation
Détail du Monument à Jean Jaurès à Castres.
Jean Jaurès, de son nom d'état civil Auguste Marie Joseph Jean Léon Jaurès, est né à Castres en 1859 dans une famille de la petite bourgeoisie du Tarn (dont sont issues quelques brillantes carrières comme celle de Benjamin Jaurès, amiral et ministre de la marine en 1889).
Son père, Jules Jaurès (1819-1882), possède une petite exploitation agricole de {{Unité}} (ferme du domaine de La Fédial près de Castres) dans laquelle son fils passe son enfance et son adolescence jusqu'à l'âge de {{Unité}}. C'est une époque où il connaît, non pas la misère, mais peut-être une certaine gêne qui lui fait toucher du doigt les difficultés du peuple. Sa mère, Adélaïde Barbaza (1822-1906), issue d'une famille d'industriels du textile, s'occupe de l'éducation des deux enfants du couple : Jean, l'aîné, et Louis (1860-1937), qui devint amiral et député républicain-socialiste.
<gallery> Image:Entrée maison natale Jaurès.JPG|Entrée de la demeure familiale, rue Réclusane, où naquit Jean Jaurès, le 3 septembre 1859. Image:Plaque commémorative Jean Jaurès à Castres.JPG|Plaque commémorative rappelant le lieu de naissance de Jean Jaurès. Image:Domaine de la Fedial maison facade.jpg|Maison de jeunesse de Jean Jaurès au domaine de La Fédial. </gallery> {{message galerie}}
Brillant élève au collège de Castres, il y est remarqué par un inspecteur général, Félix Deltour, qui convainc ses parents de lui faire poursuive ses études dans les écoles de l'« élitisme républicain », alors qu'ils le destinaient à l'administration des postes. Il est lauréat du concours général en latin. L'inspecteur lui obtient une bourse qui lui permet de préparer à Paris l'École normale supérieure, au collège Sainte-Barbe puis au lycée Louis-le-Grand. En 1878, il est reçu premier à l'École normale supérieure en philosophie, devant Henri Bergson. En 1881, il termine troisième à l'agrégation de philosophie, derrière Paul Lesbazeilles et Henri Bergson.
Devenu professeur, Jaurès enseigne tout d'abord au lycée Lapérouse d'Albi, puis rejoint Toulouse en 1882 pour exercer comme maître de conférences à la faculté des lettres. Il donne également un cours de psychologie au lycée de jeunes filles de cette même ville.
Il se marie le {{date}} avec Louise Bois (1867-1931), rencontrée au château de Loirac, fille d'un marchand de fromages en gros d'Albi, avec qui il a deux enfants :
- Madeleine Jaurès, née le {{date}}, décédée en 1951, mère de Jean-Jacques Delaporte (1910-1931) ;
- Louis Paul Jaurès, né le {{date}} à Nontron (Dordogne). Engagé volontaire en 1915 à {{Unité}}, au {{7e}} régiment de dragons, il passe aspirant au {{10e}} bataillon de chasseurs à pied. Il est tué le {{date}} à Pernant (Aisne), village où l'armée allemande est arrêtée lors de la seconde bataille de la Marne, et déclaré « mort pour la France ». Une stèle, surmontée du buste de son père, est inaugurée à quelques kilomètres du lieu de sa mort, à Chaudun, le {{date}}, en présence de Léon Blum, qui prononce un discours. Il figure au Tableau d'honneur de la Grande Guerre, sous le prénom Paul.
<gallery> Chaudun (Aisne) mémorial Louis Jaurès, stèle avec buste.JPG|Le mémorial Louis Jaures à Chaudun, stèle avec buste de Jean Jaurès Chaudun (Aisne) mémorial Louis Jaurès, plaque.JPG|Le mémorial Louis Jaures à Chaudun, plaque </gallery>
Dans le contrat de mariage, la famille Bois offre au jeune couple le domaine de Bessoulet près de Villefranche-d'Albigeois où il s'installe rapidement.
1885-1898 : La progressive adhésion au socialisme
L'entrée en politique comme républicain (1885-1889)
Jean Jaurès entre en politique à {{Unité}} comme candidat républicain dans le Tarn aux élections législatives de 1885. Il est élu et siège à l'assemblée nationale parmi les républicains « opportunistes » et soutient le plus souvent Jules Ferry. En 1889, il n'est pas réélu.
La découverte du socialisme
Privé de son mandat de député, Jaurès reprend son enseignement à la faculté de Toulouse. Il est reçu docteur ès lettres en 1892. Sa thèse principale a pour titre De la réalité du monde sensible, sa thèse secondaire (en latin, selon l'usage de l'époque) De primis socialismi germanici lineamentis apud Lutherum, Kant, Fichte et Hegel. Les deux ont paru en 1891.
Il continue également son activité politique. À partir de 1887, il collabore au quotidien de tendance radicale La Dépêche de Toulouse (la future Dépêche du Midi). Il devient conseiller municipal sur les listes radicales-socialistes, puis maire adjoint à l'instruction publique de Toulouse (1890-1893). Ses travaux intellectuels, son expérience d'élu local, sa découverte des milieux ouvriers et des militants socialistes l'orientent vers le socialisme. Cette évolution s'achève avec la grève des mineurs de Carmaux.
La grève des mineurs de Carmaux : l'adhésion définitive au socialisme (1892)
{{Article détaillé}} Gabriel Pech, Monument à Jean Jaurès à Carmaux.
En 1892, quand éclate la grande grève des mineurs de Carmaux, Jean Jaurès est à l'écart de la vie politique nationale. L'origine du conflit est le licenciement de Jean-Baptiste Calvignac - ouvrier mineur, leader syndical et socialiste qui venait d'être élu maire de Carmaux le 15 mai 1892 - par la Compagnie des mines que dirigent le baron René Reille, président du conseil d'administration (l'homme fort de la droite tarnaise) et son gendre Jérôme Ludovic de Solages, membre de ce même conseil (député de la circonscription depuis septembre 1889), propriétaire de mines et de verreries. Le prétexte motivant le licenciement se trouve dans les absences de Jean-Baptiste Calvignac causées par ses obligations d'élu municipal. Ce licenciement est considéré par les mineurs comme une remise en cause du suffrage universel et des droits réels de la classe ouvrière à s'exprimer en politique.
Les ouvriers se mettent en grève pour défendre « leur » maire. Le président Sadi Carnot envoie l'armée ({{Unité}}) au nom de la « liberté du travail ». En plein scandale de Panama, la République semble ainsi prendre le parti du patronat contre les grévistes.
Dans ses articles à la Dépêche, Jean Jaurès soutient, aux côtés de Georges Clemenceau, la grève. Il accuse la République d'être aux mains de députés et ministres capitalistes favorisant la finance et l'industrie aux dépens du respect des personnes. Durant cette grève, il fait l'apprentissage de la lutte des classes et du socialisme. Arrivé intellectuel bourgeois, républicain social, Jean Jaurès sort de la grève de Carmaux acquis au socialisme.
Sous la pression de la grève et de Jaurès, le gouvernement arbitre le différend Société des mines de Carmaux-Calvignac au profit de ce dernier en lui donnant un congé illimité pour qu'il exerce ses fonctions de maire. Solages démissionne de son siège de député et provoque l'élection anticipée de janvier 1893. Jaurès est alors désigné par les ouvriers du bassin pour les représenter à la Chambre. Il est élu le 8 janvier 1893 comme socialiste indépendant malgré les votes ruraux de la circonscription.
Le premier mandat comme député socialiste de Jaurès (1893-1898)
Désormais, Jean Jaurès représente à la chambre des députés les mineurs de Carmaux. Il milite avec ardeur contre les lois scélérates. Surtout, Jaurès se lance dans une incessante et résolue défense des ouvriers en lutte. Il défend les verriers d'Albi, renvoyés par leur patron Rességuier. Ce qui lui vaut l'ouverture d'une information judiciaire pour entrave à la liberté de travail, abandonnée fin 1895. C'est aussi à l'occasion de la découverte de fonds venant de hauts lieux chez un anarchiste de retour de Carmaux{{Pas clair}} qu'il se lance dans un discours à la Chambre, le {{date}}, dans lequel il dénonce la politique répressive du gouvernement, la censure du Père Peinard, « consacré presque tout entier à injurier les députés socialistes », le deux poids deux mesures avec, d'un côté, la censure des journaux et députés socialistes, de l'autre la tolérance de discours également contestataires de certains catholiques (Albert de Mun, l'article « La Bombe » dans La Croix de Morlay, les articles de La Croix ou l'article du Père Marie-Antoine publié dans L'Univers puis dans L'En-dehors et titré « Le Christ et la Dynamite », qui évoquait la propagande par le fait) et enfin l'usage des agents provocateurs : {{Citation bloc}}
Et d'évoquer un certain Tournadre, actif lors des grèves de 1892, qui avait proposé aux ouvriers de Carmaux des fonds pour acheter de la dynamite et éventuellement de s'enfuir ensuite en Angleterre : or, selon Jaurès, alors que Tournadre avait répondu aux ouvriers qu'il avait des « amis capitalistes à Paris », les perquisitions menées chez Tournadre à Carmaux avaient conduit à la découverte de deux lettres, l'une du baron de Rothschild, l'autre de la duchesse d'Uzès{{,}}. Malgré ce discours, la Chambre vota dans une large majorité la confiance au gouvernement. Dans le sillage de la grève des mineurs de Carmaux, il participe, en 1895, à celle des verriers de la ville, déclenchée par le licenciement de deux syndicalistes par le patron de la verrerie, Eugène Rességuier. Cette grève aboutira à la fondation de la Verrerie ouvrière d'Albi, premier grand exemple d'entreprise autogérée.
Durant ce mandant Jean Jaurès dénonça l'indifférence européenne et française aux massacres des Arméniens en Asie mineure organisés par le Sultan, dans un discours devant l'Assemblée nationale le 3 novembre 1896, particulièrement « visionnaire » dix-neuf ans avant le génocide dit de 1915.
Dans le Languedoc viticole, il visite les « Les Vignerons Libres de Maraussan » qui créent la première cave coopérative. Aux élections de 1898, il est battu par le marquis Jérôme de Solages, héritier du fondateur de la Compagnie de Carmaux.
1898-1914 : Jaurès, le leader socialiste français
L'affaire Dreyfus
Au début de l'affaire Dreyfus, Jaurès est convaincu de la culpabilité du capitaine Dreyfus. Il utilise même la sentence de déportation, qu'il juge clémente, pour dénoncer l'incohérence de la justice militaire dans un discours à l'assemblée, le 24 décembre 1894 où il déclare que « le capitaine Dreyfus, convaincu de trahison par un jugement unanime, n'a pas été condamné à mort, et le pays voit qu'on fusille sans pitié de simples soldats coupables d'une minute d'égarement, de violences ». Selon les termes de l'historien Michel Dreyfus, « Jaurès estime [au début de l'Affaire] que si Dreyfus n'est pas condamné à mort, c'est parce que l'"immense effort juif" fait en sa faveur n'a pas été tout à fait "stérile" et qu'il a bénéficié du "prodigieux déploiement de la puissance juive". »
Face à la campagne de révision, Jaurès reste donc au départ en retrait. Par la suite, il s'engage véritablement comme défenseur de Dreyfus. « En définitive, la haine de l'antisémitisme ne semble pas avoir joué un rôle "déterminant" dans son engagement en faveur de Dreyfus : c'est bien davantage sa vision de la démocratie, ainsi que sa volonté de rallier la jeunesse qui l'auraient poussé en ce sens. Dès lors, le combat de Jaurès en faveur de Dreyfus devient décisif ». Le J'accuse de Zola ne paraît pas avoir été l'élément déclencheur : il refuse encore de s'engager, le 20 janvier 1898, « entre les "cléricaux" qui voudraient utiliser l'Affaire contre les Juifs, les protestants ainsi que les libres penseurs, et les "capitalistes juifs" qui, discrédités par de nombreux "scandales", cherchent à se réhabiliter » puis évoque encore en juin la « race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain quand ce n'est pas par la fièvre du prophétisme [, qui] manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corruption et d'extorsion. »
L'évènement décisif est la révélation, fin août 1898, du faux commis par le commandant Henry : Jaurès s'engage alors avec passion dans la défense de Dreyfus. Pour lui, l'affaire est non seulement un problème de justice individuelle, mais surtout de respect de l'humanité elle-même. En effet, elle pose le problème du mensonge et de l'arbitraire des grandes institutions, notamment de l'armée qui entend avoir une « justice » séparée. En outre, elle est utilisée par les droites catholique et nationaliste pour renverser la République{{,}}. Il s'oppose alors à certains autres socialistes, dont Jules Guesde pour qui Dreyfus est un officier bourgeois dont la défense ne serait pas prioritaire (le souvenir de la répression sanglante de la Commune de Paris, et d'autres révoltes ouvrières, est pour beaucoup dans la défiance de militants ouvriers envers la cause d'un officier). Jaurès, dans un ouvrage dreyfusard, "Les Preuves", écrit : "Si Dreyfus a été illégalement condamné et si, en effet, comme je le démontrerai bientôt, il est innocent, il n'est plus ni un officier ni un bourgeois : il est dépouillé, par l'excès même du malheur, de tout caractère de classe; il n'est plus que l'humanité elle-même, au plus haut degré de misère et de désespoir qu'on puisse imaginer. [...] Nous pouvons, sans contredire nos principes et sans manquer à la lutte des classes, écouter le cri de notre pitié; nous pouvons dans le combat révolutionnaire garder des entrailles humaines; nous ne sommes pas tenus, pour rester dans le socialisme, de nous enfuir hors de l'humanité."
Mais pour Jaurès, l'accablement de malheurs et d'injustices dont Dreyfus est victime font de lui un homme qui souffre des persécutions de la caste militaire, qui est le « gardien armé du Capital », et donc l'ennemi du prolétariat.
Avec l'affaire Dreyfus, Jaurès devient un homme politique à l'influence nationale.
Le socialiste, soutien de la République (1898-1904)
Prospectus de lHistoire socialiste, relié en tête du premier des 13 volumes. Battu aux élections de 1898 (l'installation de la Verrerie ouvrière à Albi et son ardente défense de Dreyfus ont provoqué sa défaite), Jaurès se consacre au journalisme et devient codirecteur de La Petite République, un journal socialiste républicain. C'est dans les colonnes de ce journal qu'il publie Les preuves relatives à l'affaire Dreyfus. Par ses articles, il soutient le gouvernement Waldeck Rousseau de Défense républicaine, qui associe à son action, pour la première fois dans l'histoire de la République, un socialiste, Alexandre Millerand, nommé au commerce et à l'industrie. Parallèlement, il dirige une Histoire socialiste de la France contemporaine (Éditions Rouff) pour laquelle il rédige les volumes consacrés à la Révolution française (1901-1908).
En 1902, Jean Jaurès participe à la fondation du Parti socialiste français. La même année, il parvient à reconquérir le siège de député de Carmaux qu'il conserve d'ailleurs jusqu'à sa mort (réélu en 1906, 1910 et 1914). Son talent d'orateur lui permet de devenir le porte-parole du petit groupe socialiste de l'Assemblée nationale.
Jaurès et son Parti socialiste français s'engagent nettement en faveur du Bloc des gauches et du gouvernement Combes (1902-1905). Jaurès participe à la rédaction de la loi de séparation des Églises et de l'État (décembre 1905). Cependant, Jaurès et les autres socialistes sont déçus par la lenteur des réformes sociales. Le dynamisme du Bloc des gauches s'épuise. Jaurès, vice-président de la Chambre en 1902, n'est pas réélu à cette fonction en 1904. Le rapprochement politique avec un gouvernement « bourgeois » allant jusqu'à la participation gouvernementale est, de plus, condamné par l'Internationale Socialiste.
La création de l'Humanité et l'unification du mouvement socialiste
En 1904, Jaurès fonde le quotidien L'Humanité qu'il dirige jusqu'à sa mort. L’équipe qui lance le journal avec Jaurès n’est pas composée de journalistes en titre, mais d’intellectuels qui ont vécu aux côtés du député socialiste trois combats victorieux : le droit ouvrier à la politique, bafoué à Carmaux par le marquis de Solages, et qui s’impose en 1892 ; la justice rendue au capitaine Dreyfus ; la liberté de conscience, objet d’un débat qui fait rage en 1904, et qui sera inscrite, dans la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. De grandes "plumes" s’associent au projet : Anatole France, Octave Mirbeau, Jules Renard.
Jaurès sous-titre son journal « quotidien socialiste » et l'utilise pour accélérer l'unité socialiste. Celle-ci est réalisée sous la pression de la Deuxième Internationale au Congrès du Globe (avril 1905) avec la création de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO), unifiant les différentes sensibilités socialistes de France.
Jaurès partage la direction de la SFIO avec le marxiste Jules Guesde. La SFIO fait sien le constat de la lutte des classes, et s'affirme clairement internationaliste. Pour l'unité, Jaurès a accepté l'abandon du soutien au gouvernement. Mais, il a obtenu des guesdistes l'insertion de la SFIO dans la démocratie parlementaire. Dirigeant politique important, il engage le dialogue avec les syndicalistes révolutionnaires de la CGT. En 1914, la SFIO rassemble 17 % des voix et obtient 101 sièges de députés.
Le pacifisme
Discours de Jaurès au Pré-Saint-Gervais (25 mai 1913). Jaurès lutte contre la venue de la guerre les dix dernières années de sa vie. Il est très préoccupé et inquiet face à la montée du nationalisme et aux rivalités entre les grandes puissances (surtout pendant les guerres balkaniques en 1912-1913). En 1910, il rédige une proposition de loi consacrée à l’armée nouvelle, dans laquelle il préconise une organisation de la Défense nationale fondée sur la préparation militaire de l’ensemble de la nation. Jaurès est un cas singulier : pacifiste, mais passionné par la défense, par la stratégie militaire, et qui inspirera, au titre de la « nation armée », le vietnamien Ho Chi Minh ! Ainsi, dans le livre à l’origine de sa proposition de loi, il préconise la constitution d’une armée défensive, de milices, entraînée dans le monde civil, liée à la nation, le contraire de l'« armée de caserne ». Ses adversaires ont beau jeu de lui objecter qu’une armée de milices, ne pouvant assurer une discipline et un entraînement comparables à l'armée classique, se débanderait rapidement face à la machine de guerre allemande, {{ref nécessaire}}. De fait, c'est bien l'armée d'active qui jouera le rôle décisif à la bataille de la Marne, les divisions de réserve nécessitant de longues semaines pour s'aguerrir.
Jaurès mène une vigoureuse campagne contre la Loi des trois ans de service militaire, défendue ardemment par le député Émile Driant. La loi est votée en 1913, malgré le rassemblement du Pré-Saint-Gervais le 25 mai 1913, où Jaurès fait un discours devant 150000 personnes.
L'année 1914 semble relancer les espoirs de paix : la guerre dans les Balkans est finie, les élections en France sont un succès pour les socialistes. Mais l'attentat de Sarajevo le {{date}} et l'ultimatum autrichien à la Serbie du {{date}} relancent les tensions entre les grandes puissances.
Jaurès tente d'infléchir, dans un sens favorable à la paix, la politique gouvernementale. Il rappelle le mot d'ordre de grève générale décidé par l'Internationale ouvrière en cas de déclenchement de la guerre. {{Clr}}
Assassinat du 31 juillet 1914
{{Article détaillé}}
Le pacifisme de Jaurès le fait haïr des nationalistes. Pendant la journée du vendredi 31 juillet 1914, il tente, d'abord à la Chambre des Députés, puis au ministère des Affaires étrangères, de stopper le déclenchement des hostilités. En fin d'après-midi, il se rend à son journal L'Humanité pour rédiger un article, qu'il conçoit comme un nouveau « J'accuse ». Avant la nuit de travail qui s'annonce, il descend avec ses collaborateurs pour dîner au Café du Croissant, rue Montmartre. Vers {{heure}}, un étudiant nationaliste déséquilibré, Raoul Villain, tire deux coups de feu par la fenêtre ouverte du café et abat Jaurès à bout portant.
Cet assassinat facilite le ralliement de la gauche, y compris de beaucoup de socialistes qui hésitaient, à l'« Union sacrée ». La grève générale n'est pas déclarée.
Le {{date}}, le meurtrier de Jaurès est acquitté, dans un contexte de fort nationalisme. La veuve de Jaurès est condamnée aux dépens (paiement des frais du procès).