Schoendoerffer, Pierre (1928-2012)
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Biographie
Pierre Schoendoerffer a eu une enfance itinérante au gré des postes occupés par son père, Georges Schoendoerffer (1888-1949), ingénieur de l'École centrale. Ce dernier, issu d'une famille protestante alsacienne, fait la connaissance de son épouse, Marie-Louise Friesé, fille de l'architecte Paul Friesé, en 1919 à Strasbourg, lors de la cérémonie marquant le retour de l'Alsace à la France. Quatrième enfant d'une fratrie de cinq, il naît à Chamalières (Puy-de-Dôme) en {{Date}}, alors que son père travaille chez Michelin à Clermont-Ferrand. En 1939, son père part chez De Dietrich à Niederbronn (Bas-Rhin). Évacuée à la déclaration de la guerre, toute la famille déménage à Annecy où son père est nommé directeur de l'hôpital. C'est là qu'il lit Fortune carrée de Joseph Kessel, qui lui indique le chemin de « la vraie vie ». Son père étant mort des suites de la guerre, Pierre Schoendoerffer devient pupille de la Nation, comme l'avait été sa mère, Marie-Louise Friesé, dont le père était mort en 1917 au Chemin des Dames, réengagé à 62 ans comme capitaine/interprète.
Il rêve de devenir marin, lui qui n'a jamais vu la mer et embarque comme matelot sur un petit chalutier à voile et à moteur à 18 ans. Il est inscrit maritime. À 19 ans, il embarque sur un caboteur de haute mer suédois, comme matelot de pont léger, et navigue essentiellement en mer Baltique et en mer du Nord.
Appelé pour son service militaire, il rentre en France et s'inscrit comme volontaire pour partir en Indochine pour remplacer un cameraman qui vient d'être tué. Il est nommé caporal, puis caporal chef. Il filme la guerre de 1952 à la chute de la bataille de Ðiện Biên Phủ où il est fait prisonnier avec toute la garnison. Libéré fin août par les accords de Genève, il reste en Indochine et se fait démobiliser sur place en {{Date}}. Il devient alors photographe pour des grands magazines étrangers et avec le pécule que lui rapportent ses reportages photographiques, il décide de boucler son tour du monde en rentrant par l'Est.
À Hong Kong, il rencontre Kessel à qui il fait part de son désir de devenir cinéaste. Kessel lui promet de l'aider, et lorsqu'il le revoit à Paris, il l'impose à un jeune producteur, Georges de Beauregard, pour tourner en 1956, en Afghanistan, le film que lui, Kessel, a écrit La Passe du diable. D'autres films suivront : Ramuntcho et Pêcheur d'Islande (adaptations des romans éponymes de Pierre Loti).
En 1963, il écrit La 317{{e}} Section qui devient en 1964, un film de fiction, proche du documentaire, sur la guerre d'Indochine et obtient le prix du scénario à Cannes.
Avec Dominique Merlin, il réalise en 1967 un film documentaire au Viêt Nam avec l'armée américaine, La Section Anderson, auquel est décerné un Oscar et de nombreuses distinctions internationales.
L'Adieu au roi, publié en 1969, obtient le prix Interallié, dont il rejoindra le jury quelques années plus tard. Le réalisateur américain John Milius le porte à l'écran en 1989, L'Adieu au roi, avec Nick Nolte.
Pierre Schoendoerffer écrit, en 1976, un roman, Le Crabe-tambour, qui obtient le grand prix du roman de l'Académie française. Il l'adapte pour le cinéma l'année suivante, tournant pendant sept semaines sur un navire de guerre, l'escorteur d'escadre Jauréguiberry, pendant l'hiver dans l'Atlantique nord. Sorti en novembre 1977, le film reçoit trois Césars en 1978.
En 1992, il réalise son film le plus ambitieux, Diên Biên Phu, tourné au Viêt Nam.
En 2007, il se rend en Afghanistan, un demi-siècle après avoir découvert le pays aux côtés de Joseph Kessel, invité par le {{1er}} régiment de chasseurs parachutistes ({{1er}} RCP), dont il est soldat de {{1re}} classe d'honneur.
Pierre Schoendoerffer meurt le 14 mars 2012 à l'hôpital militaire Percy de Clamart, où il avait été transféré quelques jours auparavant à la suite d'une opération chirurgicale. Le 19 mars, jour anniversaire de son parachutage à Ðiện Biên Phủ, ses obsèques sont célébrées en la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides à Paris, suivis d'un hommage national dans la cour d'honneur des Invalides en présence du Premier ministre François Fillon, du ministre de la Défense Gérard Longuet, du ministre des Anciens combattants et du ministre de la Culture et de la Communication Frédéric Mitterrand.
Vie privée
Pierre Schoendoerffer est le petit-fils de l'architecte Paul Friesé (1851 - mort pour la France en 1917), vétéran de la guerre franco-prussienne de 1870 ; celui-ci s'engage dans l'armée française au début de la Première Guerre mondiale, à l'âge de 63 ans, avec le grade de capitaine. Il meurt durant la seconde bataille de l'Aisne sur le Chemin des Dames.
Pierre Schoendoerffer était marié à la journaliste de France-Soir Patricia Schoendoerffer dite Pat Chauvel (fille de Jean Chauvel et sœur de Jean-François Chauvel, reporter à l'AFP) qu'il a rencontrée au Maroc (protectorat franco-espagnol à l'époque).
Il est le père de :
- Frédéric Schoendoerffer, cinéaste ;
- Ludovic Schoendoerffer, acteur ;
- Amélie Schoendoerffer, auteur de Dame Langouste (JC Lattès, 2010).
Prix, distinctions et hommage
Prix
De nombreux prix littéraires, cinématographiques et audiovisuels ont couronné son œuvre au fil des années, et notamment :
- 1965 : prix du scénario pour La 317{{e}} Section
- 1967 : Oscar du meilleur film documentaire pour La Section Anderson
- 1978 : César du meilleur acteur, du meilleur acteur dans un second rôle, de la meilleure photographie pour Le Crabe-tambour
- 1984 : le prix Vauban couronne l'ensemble de son œuvre cinématographique et littéraire.
- 2008 : Prix Henri-Langlois de la ville de Vincennes en tant que réalisateur
Distinctions militaires
- Médaille militaire
- Croix de guerre des théâtres d'opérations extérieurs : six citations dont une palme
- Croix du combattant volontaire
Distinctions civiles
- Commandeur de la légion d'honneur
- Officier de l'ordre national du Mérite
- Commandeur des palmes académiques
- Officier des Arts et Lettres
- 23 mars 1988 : élu membre de l'Académie des beaux-arts, section Cinéma et audiovisuel
- Président de l'Académie en 2001 et en 2007
- Vice-président (élu pour l'année 2012) au moment de sa mort
Hommage
Le 16 mai 2014, le maire de Chamalières, Louis Giscard d'Estaing, inaugure une « place Pierre-Schoendoerffer » dans la ville.