Van der Meersch, Maxence (1907-1951)
Biographie
Maxence, enfant de santé très fragile, naît dans le milieu relativement aisé de la petite bourgeoisie de Roubaix, l'une des villes les plus prospères de France à l'époque grâce à son industrie textile. Mais son père, comptable, monte une entreprise qui échoue, et l'occupation allemande lors de la Première Guerre mondiale impose des épreuves terribles à toute la population.
Sa jeunesse est marquée par un drame : le 27 octobre 1918 il perd sa sœur aînée, Sarah, 18 ans, emportée par la tuberculose. Le ménage de ses parents n'y résiste pas Sa mère Marguerite sombre dans l'alcoolisme et son père Benjamin, avec qui Maxence va vivre, mène une vie jugée dissolue.
Lycéen à Tourcoing, Maxence montre un talent pour l'écriture qui le mène à des études de droit et de lettres. Les finances paternelles vont mieux, offrant au fils une certaine liberté. En 1927, il tombe amoureux de Thérèze Denis (1904-1978), une jeune ouvrière pauvre, avec laquelle il s'installe en concubinage à Wasquehal dans le quartier du Capreau, tout d'abord au 246 rue Lamartine, puis le long du canal au 7 quai des Alliés dans une maison construite sur les ruines de l'ancien château Vaissier, contre l'avis de son père qui rêvait d'une union prestigieuse. En 1929, de cette union non officielle qu'il ne régularisera qu'en 1934, naît sa fille Sarah, prénommée ainsi en souvenir de sa sœur. Thérèze, qui continue de travailler en usine, sera l'unique amour de sa vie et est la clef essentielle à la compréhension de l'œuvre de Van der Meersch, qui fait de la stabilité du foyer familial le fondement du bonheur personnel et d'une société harmonieuse. Elle inspire le cycle romanesque La Fille pauvre. Il était investi dans la vie locale de Wasquehal et était même président d'honneur d'un petit journal laïc, journal de quartier, distribué dans le quartier du Capreau et qui s'appelait "Mon Patelin".
Avocat de formation, il exerce très peu. Préférant la plume à la robe il se consacre rapidement à l'écriture exclusivement, après le succès de son premier roman, La Maison dans la dune (1932). Son œuvre empreinte d'humanisme chrétien et de son propre vécu est consacrée essentiellement à la vie des gens modestes du Nord. En 1935, il manque de peu le Prix Goncourt avec Invasion 14, roman qui raconte la guerre dans la région occupée de Lille et Roubaix. Il obtient sa revanche en 1936, avec L'Empreinte du dieu, récit du destin tragique d'une paysanne belge.
Prix de l'Académie française en 1943, Corps et Âmes est son plus grand succès, traduit en treize langues. Ce roman situé à Angers en 1937 et 1938, fresque sociale sur la pratique de la médecine, s'inspire de la vie du Docteur Paul Carton, un grand personnage de la médecine naturelle, pour qui il éprouve une admiration profonde car il lui attribue la survie de Thérèze, elle aussi atteinte de tuberculose. Il expliqua le choix du sujet de ce roman dans un ouvrage : Pourquoi j'ai écrit Corps et âmes .
Catholique, contrairement à son père Benjamin, qui était un athée convaincu, il signa également des ouvrages religieux, notamment une vie du curé d'Ars et une biographie littéraire de sainte Thérèse de Lisieux (1947) qui fut vivement contestée par le clergé, parce qu'elle tranchait avec l'image de la jeune femme répandue par l'Église catholique, et par des historiens, en raison de ses imprécisions.
Maxence Van der Meersch est emporté lui-même par la tuberculose, à seulement 43 ans. Ce décès précoce ravive la polémique autour des vues tranchées de l'auteur sur la médecine et la diététique. Ayant épousé une doctrine antimédicamenteuse stricte, et s'imposant un régime alimentaire draconien dont étaient éliminées les nourritures trop riches, le romancier refusait les antibiotiques qui avaient permis de faire reculer la prévalence de la maladie.
Auteur qui connut un grand succès populaire de son vivant, il est aujourd'hui presque oublié en dehors de sa région natale.