Hume, David (1711-1776)
Biographie
On a proposé de diviser la vie de Hume en trois périodes. Bien que ce genre de division puisse comporter une part d'arbitraire, cela reste un moyen mnémotechnique utile, et en l'occurrence plutôt pertinent si l'on s'appuie sur les œuvres de Hume lui-même et sur la vie qu'il a menée. La vie de Hume peut donc être divisée ainsi :
- une période d'études et de premiers essais qui s'étend jusqu'en 1740 ;
- une période active de voyages et de résultats, de 1740 à 1769 ;
- une période de retraite de 1769 à 1776.
Bien que la pensée de Hume reste essentiellement homogène durant toute sa vie, la façon dont celui-ci la développera sera loin d'être toujours la même. Ainsi, la première période est celle de la rédaction du Traité de la nature humaine, son livre-phare où sa pensée se trouve déjà presque entièrement concentrée ; la deuxième, celle où les essais et les livres foisonnent, suivant la route et les objectifs fixés par le Traité dans plusieurs sujets ; la troisième, celle où Hume se consacrera beaucoup à la relecture et à l'amélioration de ses précédents écrits, ainsi que la rédaction de livres posthumes, tels que les Dialogues sur la religion naturelle.
Né à Édimbourg d'une famille de la petite noblesse des Borders, David Hume est le cadet d'une fratrie de trois. Son père, avocat, meurt en 1714 alors que David est encore petit. Sa mère part alors vivre à Ninewells et élève ses enfants avec son beau-frère. David entre en 1722 au collège d'Édimbourg, où il a pour professeurs des disciples de Newton. Il lit les poètes latins et les écrivains anglais. Sa famille le destine à faire carrière dans le droit.
Mais, en 1734, Hume traverse une période de crise qu'il évoque dans une lettre à J. Arbuthnot. Il est pris d'une « insurmontable aversion pour toutes choses, hormis les études de philosophie et le savoir en général ». Refusant de devenir avocat, souffrant de crises d'exaltation, il gagne Bristol et s'essaye au commerce, avant de voyager en France pendant près de 3 ans, en séjournant tout d'abord à Reims, puis à La Flèche (dans la Sarthe actuelle) entre 1735 et 1737. C'est là que, âgé de 26 ans, il achève de rédiger son Traité de la nature humaine. De retour à Londres en 1737, il publie les deux premiers livres de l'ouvrage en {{date}}, anonymement. Cette œuvre est un échec auprès du public. Dans son autobiographie, Hume dira du livre qu'il est « tombé mort-né de la presse ». En réalité, plusieurs comptes-rendus en ont été effectués, mais aucun d'entre eux ne comprend les thèses de Hume ni l'ampleur de son propos. Par la suite, le philosophe donnera une grande importance au fait d'être compris de son public, d'où la reformulation du Traité et la poursuite de certaines investigations qui y sont pratiquées dans d'autres livres ou essais. Hume a refusé que le Traité fasse partie de ses œuvres complètes : ce reniement n'empêche pas le livre d'être aujourd'hui considéré comme l'une des œuvres les plus importantes de la philosophie occidentale.
Après l'échec du Traité de la nature humaine, Hume rejoint sa famille, en Écosse, en 1739. Il fait la connaissance de Henry Home et commence une relation épistolaire avec Francis Hutcheson. Il publie en 1740 un Abrégé du Traité de la nature humaine, puis, à l'automne, le livre III du Traité ainsi qu'un Appendice. La même année, il fait la connaissance d'Adam Smith. Il publie la première partie de ses Essais moraux et politiques (composé de 15 textes) en 1741 à Édimbourg. L'ouvrage est un succès. Il fera l'objet d'une seconde édition, en 1742, augmentée de 12 textes.
En 1744, sa candidature à la chaire de morale et philosophie pneumatique de l'Université d'Édimbourg est repoussée, en raison des ennemis que sa pensée lui a valus. Hume est ainsi attaqué, en raison de l'athéisme supposé que contiendraient les thèses du Traité. Le philosophe répond par une Lettre d'un gentilhomme à son ami d'Édimbourg, dans laquelle il se défend de tout refus de l'existence de Dieu.
La même année, il devient le précepteur du marquis d'Annandale, dont la santé se dégrade peu à peu. En 1746, il devient secrétaire du général Saint-Clair et rejoint Vienne et Turin. Il publie alors ses Recherches sur l'entendement humain (plus tard rebaptisées Enquête sur l'entendement humain) qui ne rencontrent guère de succès. Tombe du philosophe. Il revient en Écosse en 1749, écrit ses Discours politiques et ses Recherches sur les principes de la morale (plus tard rebaptisées Enquête sur les principes de la morale), ces derniers étant une refonte partielle et un redéveloppement de certains points déjà abordés dans Traité de la nature humaine. Sa réputation de philosophe commence alors à se répandre. En 1751, il rejoint Édimbourg et publie en 1752 ses Discours politiques, ouvrage bien accueilli. La sortie londonienne de ses Recherches sur les principes de la morale se fait cependant dans une certaine indifférence.
En 1752, il prend la fonction de bibliothécaire du corps des avocats d'Édimbourg. Cette situation lui inspire le projet d'une Histoire d'Angleterre. Le premier volume, consacré aux Stuart, est cependant vivement et unanimement critiqué. En 1757 il publie à Londres son Histoire naturelle de la religion. Le deuxième volume de son Histoire d'Angleterre sort en 1756, consacré à la période allant de la mort de Charles {{Ier}} d'Angleterre jusqu'à la révolution, puis en 1759, celui consacré aux Tudor. La série s'achève en 1761 par les deux derniers volumes, le tout rencontrant un succès mitigé. Il se retire alors à la campagne, songeant à une retraite paisible.
Il accepte cependant un poste de secrétaire à l'ambassade de France qui lui est proposé en 1763 par le comte de Hertford et il rejoint ainsi Paris. En 1767, il devient chargé d'affaires. Il quitte cette fonction en 1766 pour être nommé sous-secrétaire d'État à Londres. Il regagne l'Angleterre en compagnie de Jean-Jacques Rousseau, avec lequel il va se brouiller : cette querelle défraie la chronique dans toute l'Europe éclairée. Hume retourne à Édimbourg en 1769.
À partir de 1775, il commence à ressentir les effets d'une tumeur intestinale qui va l'emporter un an plus tard, à l'âge de soixante-cinq ans.
Hume a écrit une courte notice autobiographique peu avant son décès (My own life). Courte, s'efforçant de rester objective dans le ton, elle décrit notamment l'accroissement progressif de son patrimoine, passant d'une relative pauvreté à une certaine opulence. Elle se termine par une analyse de son caractère : {{citation}}