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Hegel, Georg Wilhelm Friedrich (1770-1831)

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Biographie

Maison natale de Hegel à Stuttgart (Eberhardstrasse 53) en 2006

Stuttgart 1770-1787

Georg Wilhelm Friedrich Hegel naît à Stuttgart le {{date}} dans une famille protestante. Son père Georg Ludwig Hegel (1733-1799) est fonctionnaire à la Cour des comptes du duc de Wurtemberg. Sa mère Maria Magdelena Fromm (1741-1783) est issue d'une famille cultivée de juristes et participe à la première formation intellectuelle de son fils avant de mourir prématurément. Sa sœur Christiane enseignera plus tard le français à Stuttgart et sera internée dans un asile psychiatrique. Son jeune frère Ludwig périra en tant que capitaine dans l'armée napoléonienne pendant la campagne de Russie.

Wilhelm fait ses études au Gymnasium de sa ville natale, où il est un écolier modèle. Sa sœur rapporte qu'il savait sa première déclinaison latine dès l'âge de cinq ans et que son précepteur lui offrit une édition des drames de Shakespeare pour ses huit ans. À l'âge de dix ans, son père lui fit apprendre la géométrie et l'astronomie. Les tragédies grecques étaient sa matière favorite. Il s'intéressait également à la botanique et à la physique.

Hegel lui-même se souvient avoir appris à l'âge de onze ans les définitions de Christian Wolff ainsi que les figures et règles du syllogisme, soit les bases de la logique, {{pertinence détail}}

Sa formation à Stuttgart est inspirée par les principes des Lumières et a pour contenu les textes classiques de l'Antiquité. Hegel éprouve une préférence pour le grec. Il traduit le traité Sur le sublime de Longin, le Manuel d'Epictète et lAntigone de Sophocle. Il rédige de nombreuses notes de lecture concernant la littérature, l'esthétique, la physiognomonie, les mathématiques, la physique (théorie des couleurs), la psychologie, la pédagogie, la théologie et la philosophie. Il calligraphie très bien le français dans ses notes sur Rousseau.

Tübingen 1788-1793

Vue de Tübingen et du Stift, le séminaire de théologie évangélique où étudia Hegel (2007) Hegel se destine à la théologie et entre à l'âge de dix-huit ans au séminaire de Tübingen (appelé Stift) pour entreprendre ses études universitaires. Il étudie la philologie, l'histoire, la philosophie, la physique et les mathématiques. En 1788, il rédige un article Sur les avantages que nous procure la lecture des anciens écrivains grecs et romains classiques. Il obtient sa maîtrise de philosophie en 1790 avec un mémoire sur le problème moral des devoirs, dans lequel il oppose au dualisme kantien l'unité de la raison et de la sensibilité.

Puis, il s'inscrit à la faculté de théologie. Il suit des cours sur l'histoire des apôtres, les psaumes et les Epîtres, sur le philosophe stoïcien Cicéron, sur l'histoire de la philosophie, sur la métaphysique et la théologie naturelle et décide en outre de s'inscrire à des cours d'anatomie. L'essentiel de l'enseignement consiste dans un apprentissage de la dogmatique chrétienne, qui provoque chez Hegel un écœurement manifeste dans ses écrits postérieurs . Une mauvaise santé le conduit également à retourner assez souvent à Stuttgart pendant cette période.

Schelling]] un arbre de la liberté (aquarelle de Goethe). Hegel fait au séminaire la connaissance du poète Hölderlin et du philosophe Schelling, dont il partage la chambre. Tous trois discutent de Platon, de Kant et de Spinoza. Ils éprouvent une grande passion pour la Grèce antique et s'enthousiasment pour la Révolution française. Ils auraient alors planté un arbre de la liberté dans une prairie proche de Tübingen. Hegel se fait l'orateur des idées de liberté et d'égalité. On lit les journaux français, on chante la Marseillaise, un club politique est fondé au séminaire où étudient des Montbéliardais républicains. Dans l'album de Hegel figurent des inscriptions comme « Vive la liberté !! » ou {{citation}}, l'auteur du Contrat social passant alors pour son héros. Hölderlin inscrit un vers de Goethe avec la formule grecque {{citation}} ({{citation}}) qui est le symbole du panthéisme.

Hegel est demeuré sa vie durant attaché au souvenir de la Révolution de 1789. Il dira, dans ses cours de Berlin sur la philosophie de l'histoire qu'elle fut un {{citation}} : {{citation}}{{refinc}} . Cependant, s'il était pour 1789, il n'allait pas plus loin et désapprouvait ses conséquences d'après 1791 et de la Terreur ; {{citation}}, ne séparant pas la liberté de la royauté étant {{citation}} et que, plus tard, la révolution de 1830 lui semblait {{citation}}.

Hegel choisit de devenir non pas pasteur, ce à quoi le disposait sa formation théologique, mais plutôt précepteur. Il a en effet accepté une offre qui lui a été faite pour exercer ce métier venant de Berne à l'été 1793.

Il achève ses études à Tübingen en septembre en présentant un mémoire de théologie neutre sur l'histoire de l'Église du Wurtemberg. De cette année date pourtant un écrit sur la philosophie de la religion de Kant, où Hegel critique aussi bien la position de la dogmatique chrétienne que celle des Lumières, lesquelles "rendent plus intelligent mais non pas meilleur". Le texte appelé Fragment de Tübingen pose la question d'une nouvelle "religion populaire" qui soit en même temps une religion rationnelle.

Berne 1793-1797

La Junkergasse à Berne (en 2005) où habitait la famille Steiger et où Hegel fut précepteur Hegel occupe une fonction de précepteur en Suisse dans la famille du capitaine Karl Friedrich von Steiger (1754-1841), membre du Conseil souverain de Berne et représentant de l'aristocratie alors au pouvoir dans ce canton. L'hiver, la famille réside en ville (Junkerngasse 51) et l'été à la campagne, à Tschugg, non loin du canton de Vaud. Hegel est chargé de l'éducation de deux garçons de six et de huit ans. Il fait l'expérience de la servitude dans la mesure où sa position est celle d'un valet. Mais il lui reste du temps pour des lectures et des travaux d'autant que la famille Steiger possède une importante bibliothèque.

Hegel étudie les derniers développements que prend la philosophie dans les publications de Kant, Fichte, Schiller et de Schelling. Il en attend une révolution en Allemagne et il écrit en ce sens à Schelling: {{citation bloc}}

Les manuscrits de Hegel rattachés à cette époque témoignent surtout d'une réflexion critique sur la religion chrétienne. L'un des deux a été publié sous le titre La vie de Jésus : Jésus est celui qui enseigne la vertu au sens kantien abstraction faite de tout miracle et de toute résurrection.

En juillet 1796, Hegel entreprend avec d'autres précepteurs de Berne un voyage dans les Alpes bernoises et en fait la relation dans un journal. Il n'est pas ému par le spectacle de la nature sauvage et gigantesque qu'il rencontre si ce n'est par les chutes d'eau. Il oppose à la nature les activités des hommes.

La première publication de Hegel concernera d'ailleurs la situation politique des habitants du pays de Vaud qui se révoltent en 1797 contre la domination du gouvernement de Berne avec l'appui de la France. Hegel traduit et commente en allemand en 1798 sous couvert d'anonymat les Lettres confidentielles sur le rapport juridique du pays de Vaud à la ville de Berne de l'avocat révolutionnaire Jean-Jacques Cart parues à Paris en 1793. (La paternité de cette traduction subversive éditée à l'époque de Francfort ne sera établie qu'en 1909.) La position de Hegel à l'égard de la Révolution française est celle des Girondins et il condamne en ce sens les actions des Robespierristes.

Pendant la période passée en Suisse, il écrit se sentir isolé de ses amis et de la scène littéraire. Il continue néanmoins de correspondre avec Hölderlin et celui-ci lui trouve un emploi de précepteur à Francfort-sur-le-Main en 1796. Avant de rejoindre son ami, Hegel lui adresse un long poème intitulé Eleusis. Il passe la fin de l'année 1796 à Stuttgart.

Francfort 1797-1800

Francfort]] (en 2008) où Hegel fut précepteur En 1797, Hegel prend la charge de précepteur à Francfort-sur-le-Main dans la famille du négociant en vin Johann Noë Gogel (sur le Rossmarkt) tandis que Hölderlin exerce la même fonction dans la famille Gontard. Le lien amical avec Hölderlin se renforce ; Hegel participe à son projet de tragédie Sur la mort d'Empédocle et il est tenté lui-même par la poésie. Il est également en relation avec un ami commun, le philosophe poète fichtéen et révolutionnaire {{Lien}}.

De cette époque daterait le fragment anonyme connu sous le nom du Plus ancien programme de système de l'idéalisme allemand rédigé par Hegel mais que l'on a attribué également à Schelling, voire à Hölderlin. Un système commun est esquissé qui suppose la disparition de l'État et culmine dans l'idée de la beauté entendu dans un sens platonicien, soit une première formulation du système sous forme esthétique.

Hegel développe une critique de la raison et de la philosophie qui est le ferment de la dialectique. Il semble traverser alors une "crise d'hypocondrie" qui trouve son expression philosophique dans l'impossibilité de retrouver l'harmonie de la "belle totalité grecque" dans la civilisation européenne moderne. La solution sera une "réconciliation avec le temps", soit avec le réel historique.

Friedrich Hölderlin Hegel rédige en 1798 un ouvrage dédié aux patriotes Sur la situation récente du Wurtemberg, où il défend l'élection des magistrats par le peuple. Il suppose que {{citation}} et que seul l'aveuglement peut laisser croire que puisse subsister des {{citation}} {{refnec}}. La tournure des événements politiques en France le dissuade de publier ce livre.

En 1799, Hegel rédige un commentaire (aujourd'hui perdu) des théories économiques de James Denham-Steuart (1712-1780). Pour le marxiste Georg Lukacs, Hegel est celui qui a la conscience la plus juste de son époque {{refnec}}. Son analyse de la société industrielle anglaise lui aurait permis de sortir des idéaux révolutionnaires dans lesquels il se serait égaré et l'aurait conduit sur la voie de la dialectique{{refinc}} .

Hegel poursuit sa critique de la religion sur un mode historique dans des textes publiés au début du {{s-}} sous le titre Le christianisme et son destin, dont les concepts centraux sont la vie et l'amour. Il est question également du judaïsme dans son rapport au christianisme et à l'hellénisme. Selon Wilhelm Dilthey, Hegel n'a {{citation}} .

Après la mort de son père, en janvier 1799, Hegel retourne à Stuttgart et dispose d'un héritage qui lui permet l'indépendance. Il décide de devenir privat-dozent (assistant-professeur ) dans une université. Il écrit à Schelling en 1800 que sa formation scientifique l'a conduit à donner à son idéal de jeunesse la forme réflexive d'un système, qu'il se pose désormais la question d'un retour à la vie humaine et se tourne vers lui pour cette raison.

Iéna 1801-1807

Friedrich Wilhelm Schelling vers 1800 Napoléon, l'âme du monde, assis sur cheval Hegel commence sa carrière universitaire en devenant privatdozent à l’université d'Iéna en 1801. Il soutient son habilitation avec une thèse latine sur Les orbites des planètes (Dissertatio philosophica de orbitis planetarum) le 27 août 1801. Cette étude du système solaire doit illustrer la nouvelle physique spéculative (alors défendue par Schelling et Goethe) en rompant avec la mécanique de Newton. Il y affirme notamment qu'il ne peut pas exister d’autres planètes dans le Système solaire que celles déjà connues, et ce juste avant la découverte de Cérès, alors considérée comme telle, ce qui suscita des moqueries.

Hegel se fait connaître également en écrivant la Différence entre les systèmes de Fichte et de Schelling, où il défend ce dernier. Assistant de Schelling à l'Université d'Iéna, Hegel suit alors la pensée de son maître, dont il partage le logement. Ils fondent ensemble le Journal critique de philosophie (1802-1803) qui prend fin avec le départ de Schelling pour Würzburg en 1803. Mais l'époque de Iéna est aussi celle d'un tournant : Hegel se sépare progressivement des idées de Schelling, rupture consacrée par la préface de la Phénoménologie de l'esprit en 1807.

Hegel délaisse à cette période la critique de la religion au profit d'une critique de la politique. Il écrit sur la constitution de l'Allemagne à partir du constat que {{citation}}.

Ses cours sont intitulés Logique et métaphysique, Philosophie de la nature et de l'esprit, Le droit naturel, Système général de la philosophie, La science complète de la philosophie ou Mathématique pure. Hegel construit son système et s'efforce de le diviser de façon organique, mais il reporte le moment de sa publication.

En 1805, il devient professeur honoraire mais sans toucher de traitements. Il a épuisé son héritage et connaît une certaine détresse financière. Goethe intervient alors pour qu'il touche un salaire annuel. Une autre source de gêne est la naissance en 1807 d'un fils naturel, Ludwig, que Hegel a conçu avec la femme de son logeur, mais dont il prendra en charge soigneusement l'éducation.

Napoléon à la bataille d'Iéna (tableau de Horace Vernet, 1806) La légende raconte que Hegel aurait achevé son chef-d'œuvre, la Phénoménologie de l'Esprit, pendant la bataille de Iéna. La veille de la bataille, il écrit à son ami {{Lien}} son admiration pour Napoléon : {{citation bloc}} Hegel prend donc parti pour les Français contre les Prussiens. La Prusse vaincra finalement les troupes napoléoniennes durant les guerres de libération de 1811-1813, ce que Hegel vivra comme un drame. Kojève, philosophe du {{XXe}} siècle dont l'interprétation de Hegel a marqué la philosophie française, considère néanmoins que la bataille d'Iéna marque « la fin de l'Histoire » en termes d'évolution des sociétés humaines vers « l'État universel et homogène». Hegel dit à la fin de ses cours en 1806 : {{Citation bloc}}

Bamberg 1807-1808

L'arrivée de Napoléon à Iéna interrompt les activités universitaires. Hegel accepte l'offre que lui fait son ami Friedrich Immanuel Niethammer, en février 1807, de prendre la direction d'un journal à Bamberg (Bamberger Zeitung). Ses raisons sont aussi bien économiques que théoriques : {{citation bloc}} Il commence son activité de rédaction au mois de mars au moment même où paraît la Phénoménologie de l'Esprit auquel il consacre d'ailleurs une annonce dans le journal. En ce qui concerne les articles, la censure laisse peu de liberté. Les commentaires des nouvelles sont proscrits. Une certaine ligne politique émane néanmoins dans la distanciation à l'égard de la Prusse et dans l'intérêt manifeste pour la politique napoléonienne de réformes, de constitution et de tolérance : l'empereur apparaît comme le "fondateur de la paix en Europe". Hegel confie néanmoins à ses proches que son penchant pour la politique est plutôt insatisfait par la "galère" du journalisme. Il n'hésite donc pas dès que Niethammer, devenu conseiller ministériel à Munich, lui propose un poste d'enseignement au lycée de Nuremberg. Au moment où il quitte Bamberg, Hegel a commencé d'écrire Logique, qu'il avait seulement esquissée à Iéna.

Nuremberg 1808-1816

Les armes de la famille Tucher En 1808, il est recteur du gymnasium (lycée) de Nuremberg (aujourd'hui Melanchton-Gymnasium). Les élèves ont entre huit et vingt ans répartis dans des classes primaires, de progymnase et de gymnase proprement dit. Hegel est confronté au manque de moyen et d'hygiène et fait une expérience amère de l'administration. Dans ses nombreux discours, il parvient néanmoins à porter l'attention des adultes sur les problèmes de pédagogie.

Il enseigne son système de la philosophie (Encyclopédie philosophique) dans les dernières classes sous la forme d'une propédeutique (une forme d'introduction). Son propos est difficile pour les élèves, mais il les stimule en leur apprenant à dialoguer librement entre eux et leur témoignant un grand respect.

Il donne une suite à la Phénoménologie de l'esprit en publiant La Science de la logique en trois volumes (1812-1816). Ce n'est pas seulement un organon, un instrument pour la pensée, auquel la scolastique réduisait la logique, mais un véritable traité de métaphysique : {{citation}}

En 1811, il épouse Marie von Tucher, qui appartient à une famille patricienne de la ville. Ils ont deux fils : Karl Hegel(1813-1901), qui deviendra historien, et Immanuel Hegel (1814-1891). Parmi sa descendance, on relève Gudrun Ensslin (1940-1977), cofondatrice avec son compagnon Andreas Baader de la Fraction armée rouge, organisation terroriste allemande d'extrême gauche, également connue sous les noms de « bande à Baader » ou « groupe Baader-Meinhof ».

Heidelberg 1816-1818

L'Université de Heidelberg où Hegel enseigna entre 1816 et 1818

En 1816, il accepte la chaire de l'université de Heidelberg. Il est le premier philosophe à l'occuper depuis le refus de Spinoza en 1673. Dans son discours inaugural, il se félicite des premiers pas de l'unité allemande via la formation de la Confédération germanique, ce qui lui donne l'espoir que la {{citation}} pourra se développer à côté du réel de la vie politique et quotidienne.

Il publie en 1817 lEncyclopédie des sciences philosophiques comme le manuel destiné à l'enseignement de son système de la philosophie (il en donnera deux autres éditions en 1827 et 1830).

Il participe à la rédaction des Heidelbergischen Jahrbücher der Litteratur (Annales littéraires de Heidelberg), une revue dirigée par les professeurs de l'université et consacrée à l'ensemble des disciplines académiques. Hegel suscite en 1817 une polémique avec sa recension d'un livre portant sur la nouvelle constitution du royaume de Wurtemberg. Il défend cette constitution contre les partisans des anciennes coutumes au nom du combat rationnel contre les privilèges menée par la Révolution.

Hegel fait la connaissance des marchands d'art Sulpiz et Melchior Boisserée, qui exposent depuis 1810 une célèbre collection de peintures anciennes. Le juriste Thibaut lui fait découvrir également la musique et Hegel partage un intérêt commun pour la mythologie avec G.F. Creuzer. Il accorde le titre de docteur au poète Jean Paul, et donne son premier cours d'« esthétique » en 1817.

En 1818, le ministre des cultes Altenstein lui propose la chaire de philosophie de l'université de Berlin à la suite de la mort de Fichte.

Berlin 1818-1831

Hegel en chaire à l'université de Berlin En 1818, il occupe la chaire de Fichte à Berlin dans l'université nouvellement fondée par Wilhelm von Humboldt qu'il salue comme le {{citation}} et un {{citation}} {{refinc}} . S'il n'attirait que peu d'étudiants à Heidelberg, la renommée de la chaire de Fichte à Berlin lui apporte un large public, comprenant juristes, philologues, théologiens et philosophes .

Bien que Hegel n'était pas partisan de la Prusse {{refnec}}, il soutient contre les forces de la restauration la nouvelle politique de réformes alors engagée qui accorde à l'université son autonomie.

Après les décrets de Karlsbad (1819), cette liberté académique se retrouve remise en cause et la censure s'intensifie. Des élèves de Hegel sont interdits d'enseignement ou emprisonnés car ils sont suspectés de menées démocratiques.

Hegel publie dans ce contexte ses Principes de la philosophie du droit (1821), « véritable succès de librairie » selon J.-L. Vieillard-Baron, qui expose pour la première fois au public cultivé sa pensée politique développée depuis la Révolution . Il y développe sa philosophie pratique et particulièrement sa théorie des rapports de la société civile et de l'État. Lorsqu'il écrit : {{citation}} cela semble légitimer la situation de fait et témoigner publiquement d'une attitude de servilité à l'égard du pouvoir. On a accusé Hegel de quiétisme. Karl Marx, en particulier, écrira en 1844, dans les Annales franco-allemandes, à propos de cet ouvrage: {{début citation}}Hegel va presque jusqu'à la servilité. On le voit totalement contaminé par la misérable arrogance du fonctionnarisme prussien, qui, dans son étroit esprit bureaucratique, regarde la confiance en soi-même de l'opinion (subjective) du peuple. Partout ici l'État s'identifie pour Hegel avec le "gouvernement".{{fin citation}} L'œuvre suscite en effet la polémique, certains accusant Hegel d'avoir renoncé à ses idéaux de jeunesse, tandis que d'autres considèrent au contraire qu'il s'oppose au conservatisme et au droit divin . Mais dans ses cours, il explique que {{citation}} et que {{citation}}{{refinc}}.

Hegel enseigne son système de philosophie, en développant d'autres parties de son Encyclopédie des sciences philosophiques : non seulement la philosophie du droit, mais également la philosophie de l'histoire, l'esthétique ou philosophie de l'art, la philosophie de la religion ou l'histoire de la philosophie. La célébrité de Hegel s'étend à cette époque. Les étudiants viennent de toutes les facultés et de plusieurs pays européens. Leurs cahiers conservent aujourd'hui le contenu des cours donnés à Berlin. Ils démontrent la qualité d'enseignement de Hegel, et son niveau exemplaire.

Le bâtiment de l'université de Berlin où enseigna Hegel entre 1818 et 1831 (photographie de 1900) Pendant ses périodes de vacances ou à des fins d'étude, Hegel entreprend des voyages : en 1819, à l'île de Rügen, à Dresde et en Suisse ; en 1822, aux Pays-Bas (il rencontre le général Carnot alors exilé en passant par Magdeburg) ; en 1824 à Vienne (Autriche) ; en 1827 à Paris; en 1829, à Carlsbad et à Prague en passant par Weimar et Iéna (où il retrouve Goethe). Hegel s'intéresse particulièrement à l'art ({{citation}}). Il est passionnément épris de musique.

C'est sur l'invitation de son disciple français Victor Cousin que Hegel se rend à Paris (qu'il appelle la "capitale du monde civilisé"). Lorsque Cousin est arrêté à Dresde, en 1824, Hegel intervient auprès de la police allemande pour qu'il soit libéré. Il fournit également des cahiers concernant ses cours sur la philosophie de l'histoire et l'esthétique dont le philosophe français saura s'inspirer.

Avec son élève Eduard Gans et d'autres professeurs, Hegel fonde en 1826 les Jahrbücher für wissenschaftliche Kritik (Annales de critique scientifique) sur le modèle du Journal des savants. Il rédige lui-même des recensions sur les écrits de Wilhelm von Humboldt (sur la philosophie indienne), de Solger (sur la question de l'ironie) et de Johann Georg Hamann.

En 1829, Hegel devient recteur de l'université de Berlin. Il tient en cette qualité un discours en 1830 pour le trois-centième anniversaire de la Confession d'Augsbourg.

En 1830, il polémique avec Eduard Gans et d'autres de ses disciples concernant la signification de la Révolution de Juillet. Hegel semble se ranger alors du côté des conservateurs bien qu'il reconnaisse la nécessité de cette révolution. Il pense que la France en tant que pays catholique possède un degré de conscience politique plus élevé que son degré de conscience religieuse : elle voudrait faire la révolution de l'État sans faire la réforme de l'Église mais retombe de ce fait dans la réaction. S'il ne désapprouvait pas {{citation}} la révolution de Juillet, elle lui semblait {{citation}}, étant lui-même favorable à une monarchie constitutionnelle.

Hegel prend ouvertement parti, en revanche, pour la réforme politique en Angleterre dans un article publié en 1831 (et partiellement censuré) où il dénonce non seulement un système politique fondé sur l'arbitraire et dépourvu de constitution, mais également la violence des propriétaires et l'oppression subie par le peuple.

En 1831, Hegel travaille à une nouvelle édition de la Phénoménologie de l'esprit (dont il ne pourra corriger que la moitié de la préface) lorsqu'une épidémie de choléra décime l'Europe. Hegel meurt de cette maladie (ou bien d'une maladie d'estomac) le {{date}} à cinq heures et quart dans son appartement du Kupfergraben à Berlin. Il est enterré deux jours plus tard au cimetière de Dorotheenstadt. Le théologien Philipp Marheineke et le critique Friedrich Förster prononcèrent des discours pour ses obsèques. Hegel fut comparé par ce dernier à un "cèdre du Liban" et à "l'étoile du système solaire de l'esprit mondial". Jacques D'Hondt interprète cela comme une allusion à la franc-maçonnerie, à laquelle Hegel aurait appartenu comme Fichte, à côté duquel il fut enseveli, suivant ses propres vœux.

Le 25 novembre 1831, un journal de Stuttgart publie les derniers mots du dernier cours prononcé par Hegel (sur la philosophie du droit) : "rendre le monde extérieur partout conforme au concept de la liberté une fois reconnu, telle est la tâche des temps nouveaux".