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Foucauld, Charles de (1858-1916)

Contents


Biographie

Enfance

Charles de Foucauld enfant (1872). La famille de Charles de Foucauld est originaire du Périgord et appartient à la vieille noblesse française ; leur devise est : « Jamais arrière ». Plusieurs de ses ancêtres ont participé aux Croisades, source d'un grand prestige dans l'aristocratie française. Son arrière-grand-oncle, Armand de Foucauld de Pontbriand, vicaire général et cousin germain de l'archevêque d'Arles, Monseigneur Jean Marie du Lau d'Allemans, et l'archevêque lui-même, sont victimes des massacres de septembre, lors de la Révolution. Sa mère, Élisabeth de Morlet, est issue de l'aristocratie Lorraine, alors que son grand-père, républicain, a fait fortune pendant la Révolution. Élisabeth de Morlet épouse en 1855 le vicomte Édouard de Foucauld de Pontbriand, inspecteur des forêts. De leur union naît le {{date}} un enfant, nommé Charles, qui meurt à l'âge d'un mois.

Leur deuxième fils, qu'ils appellent Charles Eugène, naît à Strasbourg le {{Date}}, dans la maison familiale située à l'ancien emplacement de l'hôtel particulier du maire Dietrich, où fut chantée pour la première fois La Marseillaise en 1792. L'enfant est baptisé en l'église Saint-Pierre-le-Jeune (actuellement église protestante, les deux cultes s'y côtoyaient jusqu'en 1898) le 4 novembre de la même année.

Quelques mois après sa naissance, son père est muté à Wissembourg. En 1861, Charles est âgé de trois ans quand sa sœur Marie-Inès-Rodolphine naît. Sa mère Élisabeth, profondément catholique, l'éduque dans la foi chrétienne, favorisant les nombreux actes de dévotion et de piété. Elle meurt d'une fausse couche le {{Date}}, suivie de son époux, atteint de neurasthénie, le 9 août. Orphelins, Charles (âgé de six ans) et sa sœur Marie (3 ans) sont confiés à leur grand-mère paternelle, la vicomtesse Clothilde de Foucauld, mais celle-ci meurt peu après d'une crise cardiaque{{,}}. Les enfants sont recueillis par leurs grands-parents maternels, le colonel Beaudet de Morlet et sa femme, qui vivent à Strasbourg.

Le colonel Beaudet de Morlet, ancien polytechnicien, officier du Génie, éduque avec beaucoup d'affection ses petits-enfants. Charles écrira de lui : {{citation}}.

Charles suit ses études à l'école épiscopale de Saint-Arbogast, où il obtient de bons résultats scolaires. Il entre en 1868 en sixième au lycée de Strasbourg. De tempérament introverti et colérique, il est souvent malade et poursuit ses études grâce à des cours particuliers.

Ingres]] (1856).

Lors de l'été 1868, il part chez sa tante, Inès Moitessier, qui se sent responsable de son neveu. Sa fille Marie Moitessier (future Marie de Bondy) devient l'amie de Charles, de huit ans son cadet. C'est une fervente pratiquante, qui entretient une relation très proche avec Charles, ayant parfois un rôle maternel auprès de lui.

En 1870, la famille de Morlet fuit la guerre entre la France et la Prusse et se réfugie à Berne. À la suite de la défaite, la famille s'installe à Nancy en octobre 1871{{,}}. Charles entre alors en troisième au lycée laïc. Il a pour professeur Jules Duvaux{{,}} et se lie d'amitié avec Gabriel Tourdes. Les deux jeunes gens se passionnent pour des lectures classiques, et Gabriel restera pour Charles l'un des {{citation}} de sa vie. Son éducation dans un lycée laïc développe chez lui un sentiment patriotique, accompagné d'une méfiance envers l'Allemagne. Il fait sa première communion le {{date}} et est confirmé par {{Mgr}} à Nancy.

En octobre 1873, alors qu'il est en classe de rhétorique, il commence à s'éloigner de la foi, avant de devenir agnostique. Il affirme plus tard : {{citation}}. Cette perte de la foi se double d'un mal-être : Charles se trouve alors {{citation}}{{,}}.

Le {{date}}, sa cousine Marie épouse Olivier de Bondy. Quelques mois plus tard, le {{date}}, Charles obtient son baccalauréat avec mention bien.

Une jeunesse dissipée

Charles de Foucauld élève officier. Charles est envoyé à Versailles, à l'école Sainte-Geneviève, tenue par les Jésuites, afin de préparer le concours d'entrée à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr. Charles s'oppose à la sévérité de l'internat et décide d'abandonner toute pratique religieuse. Il obtient son deuxième baccalauréat en août 1875. Il mène alors une vie dissipée et est exclu du lycée pour {{citation}} en mars 1876.

Il rentre alors à Nancy, où il suit les cours d'un précepteur, tout en parcourant secrètement des lectures légères{{,}}. Il veut dans ses lectures avec Gabriel Tourdes {{citation}}. Cette boulimie de lecture amène les deux compères à se plonger dans les œuvres de l'Arioste, de Voltaire, Érasme, Rabelais et Laurence Sterne.

En juin 1876, il intègre Saint-Cyr, où il est admis à la {{82e}} {{nobr}}. Il est l'un des plus jeunes de sa promotion. Son grand-père l'émancipe ; il devient majeur à dix-huit ans, et peut alors jouir d'un important héritage.

Il mène une vie dissolue en compagnie de ses camarades de la promotion Plewna, dont fait également partie Philippe Pétain et Antoine de Vallombrosa, marquis de Morès. Des examens médicaux révèlent chez lui une obésité précoce. Poursuivant ses études malgré son peu d'assiduité au travail, Charles se confie régulièrement à son ami Gabriel Tourdes, auquel il décrit son ennui profond à Saint-Cyr, et évoque avec nostalgie sa vie auprès de son grand-père. La santé de ce dernier se détériore, et il meurt le {{date}}. Charles, déjà mélancolique, confie alors à Gabriel Tourdes sa douleur : {{citation}}. Malgré son attitude, que beaucoup considèrent comme déplorable — il est souvent puni pour des petits actes d'indiscipline — Charles de Foucauld est reçu, de façon médiocre, au terme des deux années de préparation, à l'école de cavalerie de Saumur. Il décrit à Gabriel Tourdes son ennui et sa vision de Saint-Cyr : {{citation}}.

À Saumur, il mène une vie dissolue, profitant à dix-neuf ans de l'important patrimoine dont il a hérité. Celui-ci s'élève à plus de 353500 francs. Il s'emploie à les dépenser lors de soirées agitées en compagnie de son compagnon de chambrée, Antoine de Vallombrosa, marquis de Morès qui deviendra célèbre comme capitaine d'industrie, homme politique et aventurier, noceur impénitent. Surnommé le « lettré fêtard », il profite alors de sa fortune pour faire venir des prostituées de Paris qui défilent dans sa chambre, et qu'il traite avec peu de respect. Cette attitude libertine se double d'une indiscipline volontaire et répétée. Il est puni de nombreuses fois pour désobéissance, quittant l'école sans autorisation, étant en retard, ne se levant pas le matin… Il a plus de dix-neuf jours d'arrêt simple et quarante jours d'arrêt de rigueur. Aux examens de sortie, Charles est classé {{87e}} {{nobr}}.

Nommé en octobre 1879 à Sézanne dans la Marne, il ne s'y plaît pas et demande à être muté. Charles est alors affecté en 1880 au {{4e}} (qui deviendra le {{4e}} d'Afrique) à Pont-à-Mousson. C'est alors la période la plus dissolue de sa vie. Il donne des fêtes qui tournent à l'orgie. Il dépense son argent dans l'achat de livres, de cigares et en soirées. Il vit en concubinage avec Marie Cardinal, une actrice qui travaille à Paris, s'affiche avec elle, et est puni pour s'être {{citation}}. Sa tante, inquiète de ses frasques, lui écrit et le fait placer une première fois sous conseil judiciaire afin d'éviter qu'il ne dilapide sa fortune{{,}}. Il écrit au sujet de cette période : {{citation}}.

Il est envoyé à Sétif, en Algérie française, avec son régiment, et emmène sa concubine alors que son colonel le lui a interdit. Condamné à trente jours d'arrêt, puis à la prison, pour sa conduite qui fait scandale, il est mis temporairement hors-cadre de l'armée pour « indiscipline » en février 1881. Il a vingt-trois ans.

Il se retire à Évian et y vit avec Marie Cardinal. Mais apprenant que son régiment se bat en Tunisie, il demande sa réintégration {{incise}} au {{4e}} d'Afrique, acceptant de rompre avec sa concubine{{,}}. Il affirmera ressentir alors {{citation}}.

Charles de Foucauld rejoint ses camarades qui combattent la tribu des Kroumirs dans le Sud-Oranais, après l'insurrection dirigée par le Cheikh Bouamama. Au cours de cette campagne, il rencontre François-Henry Laperrine, qui devient son ami et a sans doute une influence morale sur lui. À la fin des combats, au bout de six mois de lutte, il part en garnison, fin 1881, à Mascara, en Algérie. Cette campagne a marqué un tournant dans la vie de Charles de Foucauld : non seulement il a fait preuve d'un bon comportement militaire, mais s'est aussi révélé être un bon chef, soucieux de ses hommes. Cette période correspond aussi à la fin de sa vie de débauche.

Il mûrit un projet de voyage en Orient : {{citation}}. Il demande un congé qui lui est refusé. Il démissionne alors de l'armée. Sa famille renforce son contrôle judiciaire, car il a déjà dilapidé plus d'un quart de son héritage.

Explorateur au Maroc

Le rabbin-explorateur Mardochée Aby Serour, guide de Charles de Foucauld au Maroc. Charles de Foucauld s'installe à Alger dès mai 1882 et y prépare son voyage. La rencontre avec Oscar Mac Carthy, géographe et conservateur de la bibliothèque d'Alger, confirme le projet : ce sera le Maroc, pays encore très mal connu. Il étudie pendant une année l'arabe et l'Islam, ainsi que l'hébreu. Suivant les conseils de Mac Carthy, il rencontre le rabbin Mardochée Aby Serour qui lui propose de devenir son guide et lui dit de se faire passer pour un Juif afin de mieux passer inaperçu dans ce pays alors interdit aux chrétiens et peuplé en majorité de tribus échappant au contrôle direct du sultan.

Le voyage commence le {{date}} en compagnie du rabbin Mardochée Aby Serour. Charles de Foucauld se fait alors appeler rabbin Joseph Aleman, disant être né en Moldavie, avoir été chassé de son pays par les Russes, et cherchant à visiter la communauté juive du Maroc. Il emporte avec lui tous les instruments de travail nécessaires à son expédition : sextant, boussoles, baromètres, thermomètres, cartes et papiers qu'il dissimule sur sa mule.

Il vit comme un pauvre, suivant son guide, et respectant le sabbat. Encore en Algérie, il croise à Tlemcen, le 13 juin, des officiers français qui ne le reconnaissent pas. L'un d'eux ricane en voyant Charles et dit {{citation}}{{,}}. Charles et Aby Serour arrivent au Maroc et bénéficient de l'hospitalité de familles juives. Charles monte sur la terrasse pour faire ses mesures pendant qu'Aby Serour fait le guet, détournant l'attention des éventuels curieux. Devant l'impossibilité de traverser le Rif sauvage, ils prennent la route de Fès. Charles décide d'explorer l'Est avant d'aller plus au sud. Devant les craintes d'Aby Serour, Charles engage, pour assurer leur sécurité, des cavaliers et négocie dans les différents villages la protection de caïds. Ils atteignent Meknès le 23 août, puis partent vers le sud malgré les vives réticences d'Aby Serour. Pendant les trajets, Charles note, sur un minuscule cahier dissimulé dans sa manche, ses remarques et des croquis, en s'abritant des regards de ses accompagnateurs. Le soir commence un long travail pour recopier sur un cahier de plus grande taille les différentes annotations prises pendant la journée. L'expédition atteint le Haut Atlas, le col de Tizi n'Telouet ; Charles est le premier européen à explorer cette partie du Maroc{{,}}. Reconnaissance du Maroc : croquis de Charles de Foucauld gravé par Dujardin.

Charles est touché par la beauté des paysages, mais aussi par la piété musulmane. Il écrit dans ses notes de voyages : {{citation}}.

Il explore le Maroc jusqu'à Tissint située entre Tata et Foum Zguid avant de faire demi-tour devant les dangers et le manque d'argent. Abandonnant son compagnon de route, avec qui il a souvent des relations animées, il part à Mogador afin de demander de l'argent à sa famille. Il y reste plusieurs semaines, travaillant à rédiger son carnet de voyage. Une fois l'argent reçu, il rejoint Aby Serour. Ensemble, ils remontent le Haut Atlas, accompagnés par trois arabes censés les protéger mais qui les dépouillent, en leur laissant la vie sauve et sans dérober les instruments et carnets de Charles. Charles et Aby Serour se réfugient auprès de la communauté juive et regagnent l'Algérie après près de onze mois de voyage, au lieu des cinq prévus initialement{{,}}.

Ce voyage au cœur du Maroc de juin 1883 à mai 1884, et la masse considérable de renseignements rapportés, notamment géographiques et ethnologiques, valent à Charles de Foucauld la médaille d'or de la Société de géographie de Paris le 9 janvier 1885. À la Sorbonne, il reçoit les palmes académiques pour son travail. De retour en France, il retrouve les siens, et notamment sa tante paternelle Inès Moitessier, mais la vie parisienne l'ennuie.

L'avant-dernier jour de l'année 1884, sa sœur Marie épouse Raymond de Blic, neveu d'Alexis de Tocqueville. Ils seront entre autres les parents de l'amiral Charles de Blic (1887-1965) qui aura pour parrain Charles de Foucauld.

Il repart pour Alger, où Mac Carthy lui présente un spécialiste de géographie, le commandant Titre. Charles rencontre ainsi la fille du commandant, Marie-Marguerite, avec qui il envisage de se marier. Sa famille s'oppose à ce mariage et après plusieurs mois de réflexion, il choisit de façon définitive le célibat. Il décide alors de repartir dans le Sahara, où il mène une seconde expédition, s'embarquant le 14 septembre 1885 pour Alger. Il découvre une partie du Sahara et dessine de nombreux croquis de cette expédition{{,}}. Il rentre en France en février 1886.

La conversion

Charles de Foucauld en 1886. De février à octobre 1886, il loue une chambre à Paris près du domicile de sa cousine Marie de Bondy. Son attitude change et il se met à lire tant le Coran qu'{{Citation}} de Bossuet, livre offert par Marie de Bondy. Il ne retrouve plus le plaisir d'antan dans les lectures coquines, qui le dégoûtent maintenant. Il mène une vie de plus en plus sobre, loin des frasques qui choquaient tant sa famille. Il travaille tout au long de l'année 1887 à la correction définitive de Reconnaissance au Maroc, qui paraît en 1888.

L'expérience au Maroc a été une révélation pour Foucauld. Il affirmera en 1901 : {{citation}}{{,}}{{,}}. Sa méfiance vis-à-vis de la foi chrétienne s'estompe progressivement à travers les discussions avec sa cousine Marie de Bondy, au cours desquelles ils parlent religion. Marie de Bondy joue un rôle très important dans sa conversion. Il la décrit plus tard comme {{citation}} auquel il pourra se confier. Mais surtout, il participe à des dîners mondains qui changent sa perception de la foi : {{citation}}{{,}}. Il se met à fréquenter la paroisse Saint-Augustin, où officie l'abbé Huvelin.

Il cherche alors à le rencontrer, et se décide à le voir dans le confessionnal de l'église Saint-Augustin le {{date}}. Charles de Foucauld exprime sa volonté de retrouver la foi. L'abbé Huvelin lui demande alors de se confesser, ce que Charles fait. Il lui donne ensuite la communion. C'est, d'après lui, une seconde révélation : {{citation}}{{,}}. Cette conversion pousse Charles à vouloir changer radicalement de vie, il devient croyant et commence à prier ; il lit le bréviaire et les pères du désert. L'abbé Henri Huvelin devient son père spirituel, et tente de modérer ses ardeurs. Il le met en garde devant une vocation religieuse trop rapidement discernée, et lui demande de prendre son temps. Très vite, des difficultés se présentent pour la foi de Charles : {{citation}}. L'abbé Henri Huvelin invite Charles à s'attacher à l'imitation du Christ et la méditation de l'Évangile. L'abbé Henri Huvelin affirme que {{citation}}{{,}}. C'est là une deuxième révélation pour Charles de Foucauld, qui veut alors imiter le Christ. Après plus de dix-huit mois d'attente et d'obéissance au père Henri Huvelin, Charles approfondit sa vocation religieuse : il veut entrer dans un ordre qui {{citation}}, se sentant indigne d'être prêtre et de prêcher.

Le {{date}} il visite la trappe cistercienne de Fontgombault et semble très attiré par la pauvreté radicale de cet ordre. En septembre 1888, il donne sa démission de l'armée après sa dernière période de réserve et apprend avec indifférence le succès de son ouvrage Reconnaissance au Maroc, unanimement loué par le monde scientifique{{,}}.

Fin 1888, sur les conseils de l'abbé Huvelin, il part pour un pèlerinage de quatre mois en Terre sainte. Il arrive le {{date}} à Jérusalem, visite Nazareth le {{date}}, où il approfondit son désir de prendre la dernière place. Il est de retour en France le {{date}} et annonce qu'il veut rentrer à la Trappe. Sur les conseils de l'abbé Huvelin, il visite au mois de mai l'abbaye de Solesmes, puis la grande Trappe de Soligny. Le 20 septembre 1889, il lit Le Livre des fondations de Thérèse d'Ávila. Les écrits de Thérèse d'Ávila constituent dès lors, avec les Évangiles, la base de ses lectures spirituelles. Il prend la décision d'entrer à la Trappe de Notre-Dame des Neiges.

A l'abbaye Notre-Dame-des-Neiges

{{Article détaillé}} Après plus de trois ans de discernement, Charles décide, avec l'aval de son père spirituel, d'entrer à l'Abbaye Notre-Dame-des-Neiges, en Ardèche. Dès le 18 décembre 1889, il lègue tous ses biens à sa sœur{{,}}. Il fait ses adieux à Marie de Bondy le {{date}}, adieux très difficiles qui révèlent l'importance de son don total à Dieu. Il choisira cette date pour renouveler sa consécration à Dieu.

Il entre à Notre-Dame-des-Neiges le {{date}}{{,}}. Il prend l'habit de novice et le nom de Frère Marie-Albéric. Charles aime immédiatement cette vie de pauvreté, de silence, de travail et de prière. Il se montre très détaché et devient vite un exemple au sein de la communauté par son obéissance et son humilité. Il explique à Marie de Bondy ce qu'il vit : {{citation}}. Sa recherche de la pauvreté se poursuit par son départ, à sa demande, pour la trappe cistercienne de Akbès, une fondation récemment faite (1886) par Notre-Dame-des-Neiges, près d'Alexandrette en Syrie ottomane{{,}}, en plein territoire musulman. Il démissionne des membres réservistes de l'armée le 16 juillet 1891, puis de la Société de géographie{{,}}{{,}}. Il explique à sa cousine Marie de Bondy sa démarche dans une lettre : {{citation}}.

À Akbès, la recherche de la perfection de Charles lui donne très vite la réputation d'un saint{{,}}, malgré ses mortifications très importantes qui inquiètent tant son supérieur que l'abbé Henri Huvelin. Il expose ses goûts dans une quête de pauvreté et d'humilité : {{citation}}. Les supérieurs voient en lui le possible prochain supérieur de la Trappe et lui demandent de reprendre des études afin de devenir prêtre. Tout en regrettant ce choix, qui, à ses yeux, l'éloigne de la dernière place et de l'humilité qu'il recherche, Charles, dirigé par l'abbé Huvelin, s'exécute et commence des études de théologie.

Charles émet des doutes sur sa vocation trappiste. Il écrit à l'abbé Huvelin : {{citation}}{{,}}{{,}}. Malgré les réserves qu'il exprime auprès du maître des novices, Dom Louis de Gonzague, au sujet du confort relatif du monastère, il prononce le 2 février 1892 ses vœux monastiques et reçoit la tonsure.

Les interrogations de Charles s'amplifient et se portent sur la possibilité de vivre plus profondément la pauvreté et l'oubli de lui-même. Ses lettres à l'abbé Huvelin montrent que ses interrogations sont de plus en plus constantes et fortes. L'abbé tente, là encore, de modérer les ardeurs de Charles. Le 26 août 1893, il écrit à l'abbé Huvelin son intention de créer un nouvel ordre religieux{{,}}. Il prône une pauvreté absolue et une simplicité, en priant non pas en latin, mais dans la langue locale, ce qui annonce dans une certaine mesure la réforme liturgique introduite par concile Vatican II. L'abbé Huvelin lui répond tardivement, lui demandant d'attendre et de continuer ses études en vue du sacerdoce, malgré ses réticences. Charles commence, dès 1895, à rédiger une règle. Devant le refus de ses supérieurs de fonder un nouvel ordre, il propose d'imiter la pauvreté de Nazareth en devenant ermite au pied de la Trappe. Il y renonce face aux difficultés que sa démarche poserait à l'Ordre auquel il appartient. Lors de l'une de ces médiations en 1896, Charles écrit son texte le plus fameux, la Prière d'abandon{{,}}, résumant sa spiritualité :

{{début citation}}Mon Père, je me remets entre Vos mains ; mon Père je me confie à Vous, mon Père, je m'abandonne à Vous ; mon Père, faites de moi ce qu'Il Vous plaira ; quoi que Vous fassiez de moi, je Vous remercie ; merci de tout, je suis prêt à tout : j'accepte tout : je Vous remercie de tout ; pourvu que Votre volonté se fasse en moi, mon Dieu, pourvu que Votre Volonté se fasse en toutes Vos créatures, en tous Vos enfants, en tous ceux que Votre Cœur aime, je ne désire rien d'autre mon Dieu ; je remets mon âme entre Vos mains ; je Vous la donne, mon Dieu, avec tout l'amour de mon cœur, parce que je Vous aime, et que ce m'est un besoin d'amour de me donner, de me remettre en Vos mains sans mesure : je me remets entre Vos mains, avec une infinie confiance, car Vous êtes mon Père{{fin citation}}

Le {{date}}, l'abbaye d'Akbès est protégée par des soldats pendant que commence le génocide des Arméniens chrétiens. Charles qui veut être au plus proche des plus pauvres découvre enfin l'intérêt de la prêtrise face aux massacres de mars 1896 celui d'être au plus près de ceux qui souffrent et des plus pauvres : {{citation}}.

Charles refuse de faire ses vœux solennels, qui seraient définitifs. Avec l'accord de l'abbé Huvelin, qui ne doute plus de sa vocation particulière, il demande à être relevé de ses vœux temporaires. L'abbé Huvelin le mettra cependant vivement en garde contre son penchant pour la mortification : {{citation}}. Ses supérieurs religieux lui opposent un refus et l'enjoignent de gagner l'Abbaye de Staouëli en Algérie. Le 10 septembre 1896, il part pour l'Algérie. Face à la détermination de Charles, ils décident de l'envoyer à Rome, afin qu'il étudie en vue du sacerdoce. Charles obéit, et arrive à Rome le {{date}}. Il affirme que l'obéissance est pour lui source de paix : {{citation}}{{,}}. L'Abbé Général des trappistes est bientôt convaincu de la vocation personnelle de Charles de Foucauld et décide de le dispenser de ses vœux le 23 janvier 1897.

Vie à Nazareth

Abbé Henri Huvelin. Charles de Foucauld quitte Rome le 26 février, après avoir reçu l'approbation de l'abbé Huvelin, auquel il obéit comme si celui-ci était son supérieur. Il part alors pour la Terre sainte où il arrive le 24 février 1897.

Charles commence un pèlerinage habillé comme un paysan palestinien. Il arrive à Nazareth le {{date}}, et se présente au monastère Sainte-Claire de Nazareth, où il demande à être jardinier, avec pour seul salaire un morceau de pain et l'hébergement dans une cabane{{,}}. Il répare les murs de la clôture, fait des commissions pour les religieuses, dessine des images pieuses, tout en s'octroyant de nombreux temps de prière. Les clarisses s'inquiètent de son régime alimentaire et lui donnent des figues et des amandes qu'il redistribue secrètement aux enfants. Charles confesse à son père spirituel ses défauts {{citation}}, mais celui-ci cherche à tempérer ses scrupules et sa recherche immodérée de la mortification.

Il commence à rédiger ses méditations, pour {{citation}}, écrivant plus de 3000 pages en trois ans. Ce sera sa plus grande période mystique et le fondement de sa spiritualité{{,}}, faite de grands moments de joies intérieures. Il conçoit sa vocation comme celle de {{citation}}. Ses méditations le conduisent progressivement à ne plus vivre uniquement en présence de Dieu, et {{citation}} du Christ, mais à imiter Jésus pour aller vers les autres. {{citation}}{{,}}.

Menant cette vie d'ascèse, Charles acquiert une réputation de sainteté auprès des Clarisses de Nazareth, et la supérieure des Clarisses de Jérusalem veut alors le rencontrer. Elle l'encourage au sacerdoce et à la fondation d'un ordre religieux. Il passe une semaine de retraite spirituelle à Aphram-Taybeh en mars 1898. Il choisit de se faire appeler Charles de Jésus, et en mai 1900 prend pour devise : {{citation étrangère}}. Malgré certains doutes et tâtonnements sur sa vocation de fondateur, Charles croit trouver la solution en achetant le Mont des Béatitudes afin de s'y installer comme prêtre ermite. Après avoir demandé de l'argent à sa sœur, il paie le terrain, mais il est en fait victime d'une escroquerie. Encouragé par son père spirituel et la supérieure des Clarisses de Jérusalem, Charles demande à être ordonné auprès du patriarche de Jérusalem. Celui-ci lui dit d'attendre. Le projet n'aboutissant pas, il se décide à se préparer au sacerdoce en France.

À la fin du mois d'août 1900, Charles s'embarque pour Marseille. Il revoit, pour la première fois depuis dix ans, l'abbé Huvelin. Il gagne le lendemain la trappe de Notre-Dame-des-Neiges, et part pour Rome afin d'obtenir l'autorisation de devenir prêtre. Après avoir reçu les ordres mineurs, le {{date}}, il est enfin ordonné prêtre au Grand Séminaire de Viviers, le 9 juin de l'année suivante. Il se décide alors à partir pour le désert du Sahara.

Ermite au Sahara

Prêtre ermite à Béni-Abbès

{{Article détaillé}} Charles part pour Béni-Abbès, dans le désert d'Algérie. Il débarque à Alger en septembre 1901, où il s'installe chez les Pères blancs ; rencontre {{Mgr}}, l'évêque du diocèse de Béni-Abbès, à Ghardaïa. Puis il part en direction de Béni-Abbès, accompagné par des militaires qui l'accueillent avec joie, d'autant plus qu'ils voient en Charles de Foucauld l'un de leurs frères du fait de son passé militaire{{,}}.

Au mois d'octobre 1901, le « Père de Foucauld » s'installe à Béni-Abbés, une oasis située sur la rive gauche de la Saoura, au sud de l'Oranie, dans le Sahara occidental{{,}}. Il édifie avec l'aide des soldats présents une {{citation}} (fraternité), composée d'une chambre d'hôte, d'une chapelle, et de trois hectares de potager, achetés grâce à l'aide de Marie de Bondy. La chapelle est terminée le {{1er}} 1901. Sa vie s'organise autour d'une règle stricte : cinq heures de sommeil, six heures de travail manuel entrecoupé de longs temps de prières. Il est cependant très vite débordé par les longs moments qu'il prend pour écouter les pauvres et les militaires qui viennent le voir{{,}}. Il décrit à Gabriel Tourdes son état d'âme : {{citation}}.

Région où se situe Béni-Abbès. Le {{date}}, il rachète la liberté d'un premier esclave, qu'il appelle Joseph du Sacré-Cœur. Une partie de l'année 1902 est consacrée à un échange de correspondance avec {{Mgr}}, préfet apostolique du Sahara, au sujet de sa lutte contre l'esclavage dans le Hoggar. L'année suivante, il songe à accomplir des voyages au Maroc et à y installer une fraternité. Il voudrait être rejoint par des compagnons auxquels il demanderait trois choses : {{citation}}.

Le {{date}} Charles de Foucauld reçoit la visite de {{Mgr}}. Charles cherche un compagnon en vue de l'évangélisation et demande à aller vers le Sud afin de préparer celle-ci. Le commandant François-Henry Laperrine s'intéresse à la présence de Charles de Foucauld et cherche à le faire venir dans sa tournée d'approvisionnement vers le sud{{,}}. Charles s'y montre d'autant plus favorable que François-Henry Laperrine semble vouloir utiliser des méthodes beaucoup moins violentes que ses prédécesseurs. Le {{date}} Charles demande à {{Mgr}} l'autorisation d'accompagner Laperrine, mais la rébellion des tribus contre la présence coloniale rend impossible cette démarche. Apprenant l'ouverture de ce conflit, Charles part toutefois le 2 septembre 1903 dans le Sud afin de secourir les blessés des combats de Taghit et d'El-Moungar. Il revient et rédige une petite introduction au catéchisme qu'il intitule L'Évangile présenté aux pauvres nègres du Sahara. Quelque temps plus tard, François-Henry Laperrine lui demande de venir avec lui lors de la prochaine tournée d'approvisionnement dans le Sud. L'abbé Henri Huvelin lui écrit d'{{citation}}.

Tournée dans le Sahara

Charles part en tournée d'« apprivoisement » le 13 janvier 1904, en direction du sud, vers le Hoggar{{,}}. Le {{date}} lui et ses compagnons arrivent à l'oasis Adrar où ils rejoignent le commandant Laperrine. La tournée se poursuit vers Akabli. Charles note alors tous les lieux possibles d'installation. Il collecte des informations sur la langue touarègue auprès des populations du sud du Sahara central et y commence la traduction des Évangiles afin de pouvoir la transmettre aux Touaregs.

Il découvre l'attitude de certains militaires coloniaux, qui le déçoit{{,}}{{,}}. Arrivée non loin de la frontière algérienne en cours de stabilisation, la tournée doit faire demi-tour et rejoindre Tit. Charles souhaite s'y installer mais le commandant Laperrine refuse. La tournée s'achève à Ain Salah en septembre. Charles rejoint {{Mgr}} le {{date}} et il rentre à Béni-Abbès le {{date}}.

Intrigué par Charles de Foucauld, le général Hubert Lyautey, nommé en Algérie, décide de le visiter à Béni-Abbès le {{date}}. De cette rencontre naît une amitié réciproque et une certaine admiration de Lyautey pour Charles. Charles rédige au cours de cette période les Méditations sur les Saints Évangiles. Au mois d'avril 1905, le commandant Laperrine prie Charles de Foucauld de repartir avec lui dans une tournée dans le Hoggar. Après avoir demandé conseil à {{Mgr}} et l'abbé Huvelin, il participe à nouveau aux tournées d'approvisionnement{{,}}. Il part le {{date}}, continue sa vie de prière tout en apprenant le tamahaq. Le {{date}} ils rencontrent l'amenokal (chef de tribu) Moussa Ag Amastan, qui décide de faire alliance avec l'autorité française. Charles de Foucauld et Moussa Ag Amastan se découvrent et semblent s'apprécier mutuellement. De leur rencontre naît une amitié profonde. Le Touareg autorise Charles de Foucauld à s'installer dans le Hoggar, ce que fait ce dernier en se dirigeant vers Tamanrasset.

Tamanrasset

Localisation de l'Assekrem et de Tamanrasset. Charles arrive à Tamanrasset le 13 août 1905, accompagné de Paul, un ancien esclave. Il se construit une maison en pierre et terre séchée{{,}}. Charles a désormais pour objectif de mieux connaître la culture touarègue, et fait de la rédaction d'un dictionnaire touareg-français une priorité de son apostolat{{,}}{{,}}. Il aide les populations qu'il rencontre et continue à distribuer médicaments et aliments afin d'être en confiance avec eux et {{citation}}.

Le {{date}}, Moussa Ag Amastan obtient officiellement des autorités françaises l'investiture d'amenokal du Hoggar. Il visite à plusieurs reprises Charles de Foucauld et lui demande conseil sur l'attitude à adopter face aux autorités françaises. Charles lui conseille de rechercher le bien de son peuple, ainsi que de développer l'instruction et le droit des femmes{{,}}. Paul, qui l'accompagnait, décide de quitter Tamanrasset en mai 1906. Resté seul, Charles ne peut donc plus dire la messe, une personne au moins étant requise dans l'assistance, à l'époque, pour pouvoir célébrer{{,}}.

Les études de Charles lui permettent de découvrir la complexité insoupçonnée de la langue et de la culture touarègues. Il écrit à Marie de Bondy : {{citation}}. Il fait venir durant l'été 1906 son ami Motylinski afin qu'il l'aide à terminer son dictionnaire touareg-français. Après le départ de Motylinski, Charles décide, en septembre 1906, de repartir pour Béni-Abbès. Il envisage de répartir son temps entre les deux régions : trois mois à Béni-Abbès, six mois à Tamanrasset, trois mois à voyager d'un site à l'autre ; mais il finira par abandonner définitivement Béni-Abbès.

Son retour à Tamanrasset révèle le fort attachement des Touaregs à « Frère Charles de Jésus », où il est accueilli avec joie{{,}}. Il reçoit souvent des officiers français, dont le capitaine Edouard Charlet, avec lesquels il a des échanges très fructueux. Charles perçoit cependant, dans l'attention qu'ils lui témoignent, un obstacle à sa recherche de la dernière place.

Le {{date}} il rejoint {{Mgr}} à la Maison Carrée des Pères Blancs et lui demande d'envoyer des religieuses. Ce dernier le lui refuse, arguant d'un climat difficile en France, lié à la Loi de séparation des Églises et de l'État, la division des Français au sujet de l'Affaire Dreyfus et les tensions entre l'Allemagne et la France au sujet du Maroc{{,}}. Cependant, {{Mgr}} agrée en partie les demandes de Charles de Foucauld, en l'autorisant à vivre, pour la première fois, sa règle de vie religieuse, en compagnie de frère Michel. Il a l'autorisation exceptionnelle de pouvoir exposer le Saint-Sacrement pour l'adoration eucharistique lorsqu'il y aura deux adorateurs pendant au moins trois heures.

Ils repartent pour Béni-Abbès le 10 décembre et voient le général Lyautey{{,}}. Le frère Michel et Charles de Foucauld partent ensuite en direction de In Salah, mais très vite la santé de frère Michel se dégrade, celui-ci ne supportant pas l'austérité et les pénitences. Ils interrompent alors leur voyage durant un mois et Charles étudie le touareg avec Ben-Messis, un lettré arabe. Ils travaillent sans relâche. Le {{date}}, il apprend la mort de son ami Motylinski{{,}}.

Face à l'impossibilité pour frère Michel de s'adapter à la dure règle de vie de Charles, il le renvoie{{,}}{{,}}. Le frère Michel repart vers Alger avec une compagnie militaire. Charles finit son travail sur le dictionnaire touareg-français qu'il donne à Laperrine afin de le publier. Par humilité, il impose que la publication ne se fasse pas sous son nom, mais au nom du défunt Motylinski{{,}}{{,}}. {{Communes limitrophes}} De juillet 1907 à Noël 1908, Charles reprend sa vie érémitique à Tamanrasset, recueillant des poésies touarègues contre quelques sous{{,}} et travaillant plusieurs heures par jour. Cependant, Charles reste profondément seul. Il ne reçoit aucun courrier pendant plus de six mois. Il n'a pas non plus la possibilité de célébrer la messe, de garder l'Eucharistie, et donc d'adorer{{,}}. Il n'a encore fait aucune conversion. Ces difficultés se font d'autant plus grandes que la famine touche le Hoggar. Charles doute alors de son efficacité, mais veut rester avec les plus pauvres. Il donne sa nourriture aux victimes de la famine et passe Noël sans célébrer la messe. Le {{date}}, épuisé et amaigri, Charles ne peut plus bouger et croit mourir{{,}}. Lui qui distribuait des vivres est alors sauvé par les Touaregs qui lui donnent, en pleine famine, du lait de brebis{{,}}. Cet épisode marque une deuxième conversion de Charles de Foucauld, qui vit alors un appel à un plus grand abandon spirituel. Lever de soleil sur l'Assekrem.

Apprenant que Charles est malade, Laperrine lui fait parvenir des vivres. Le {{date}}, {{Mgr}} lui envoie de Rome une lettre venant du pape Pie X qui l'autorise exceptionnellement à célébrer la messe sans servant{{,}}. Cette autorisation le met dans une grande joie. Ces récents évènements, dont le fait d'avoir été sauvé par les Touaregs, changent profondément la manière de voir de Charles de Foucauld. Il ne cherche plus à convertir, mais à aimer ; il écrit à {{Mgr}} :{{citation}}. Il reprend et continue son travail sur la culture et la langue touarègues. Il travaille jusqu'à onze heures par jour à des travaux linguistiques qui l'absorberont jusqu'à sa mort : rédaction d'un lexique, transcription, traduction et commentaire de poésies touarègues.

L'armée construit un nouveau fort à quelques kilomètres de Tamanrasset, Fort-Motylinski. Charles veut fonder une association de laïcs, et demande l'approbation de l'abbé Huvelin et de {{Mgr}} pour aller en France afin de développer cette association. Le {{date}}, Charles reçoit les encouragements de l'abbé Huvelin et décide donc de partir. Le {{date}} il embarque d'Alger pour la France.

Le début de la fraternité

Charles arrive à Paris le {{date}}. Il y retrouve l'abbé Huvelin et lui présente les statuts de son Union de laïcs. Il y rencontre également Louis Massignon, converti récemment, avec qui il prie à la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre le {{date}}. Charles voit en Massignon son héritier et lui propose de le rejoindre dans le désert, mais celui-ci refuse. Le {{date}}, Charles fait la connaissance du gendre de Marie de Bondy, Georges-Palamède, Marquis de FORBIN des ISSARTS, se rend à la trappe Notre-Dame-des-Neiges afin de promouvoir son association de laïcs, puis rencontre {{Mgr}}. Il passe quelques jours avec sa sœur Marie et repart pour l'Algérie le 7 mars.

Il arrive à In Salah et invente un chapelet, le Chapelet de l'amour, pour chrétiens et musulmans{{,}}. {{Mgr}} et {{Mgr}}, Supérieur général des Pères Blancs, approuvent les statuts de l'« Union des Frères et Sœurs du Sacré-Cœur », « pieuse union », tout en attendant l'autorisation de Rome.

Le 11 juin, Charles retourne à Tamanrasset. Il poursuit ses travaux auprès des Touaregs et son lexique. Il entreprend d'organiser la confrérie apostolique des « Frères et Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus ». Il fait une tournée d'approvisionnement avec le commandant Laperrine en septembre et découvre l'Assekrem{{,}}. Il revient ensuite à Tamanrasset et y reprend sa vie habituelle.

Ermitage]] de Charles Foucauld sur le plateau de l'Assekrem.

En avril 1910, il part de nouveau pour une tournée avec Laperrine. Il décide de construire, avec l'aide de soldats, un ermitage au sommet de l'Assekrem{{,}}, ce qui lui permettrait de vivre à l'écart des visites et à l'abri de la chaleur de l'été saharien. Le {{date}} Charles retourne à Tamanrasset, où il se trouve surchargé : la pluie étant revenue, de nombreux nomades sont revenus près de Tamanrasset et sollicitent son aide.

Entre-temps, au mois de septembre 1910, Moussa ag Amastan fait une visite officielle en France. Charles le recommande auprès de sa famille, et Moussa la visite. Il lui écrit, voyant la richesse de la famille Foucauld, son incompréhension : {{citation}}.

Le Petit Journal]].

Les mois qui suivent sont marqués par de nombreuses séparations. Charles apprend la mort de {{Mgr}} à l'âge de trente-sept ans le {{date}}. Quelques jours plus tard, son ami de promotion, le commandant La Croix, meurt à Alger. Il apprend le 15 août la mort de son père spirituel, l'abbé Henri Huvelin, décédé le 10 juillet. En outre, le commandant Laperrine est muté et doit quitter le Sahara à la fin de l'année.

Charles veut cependant développer sa confrérie. Il repart en France le {{date}} et en revient le 3 mai{{,}}. Il consacre les deux mois suivants à ses travaux sur le lexique, mais aussi à la construction de maisons en dur pour le village, entre autres pour Moussa Ag Amastan, tout en aidant au développement de l'hygiène, dont il apprend les rudiments aux Touaregs.

En juillet 1911, il part pour son ermitage dans l'Assekrem qu'il agrandit. Devant sa santé qui se détériore, il écrit son testament{{,}} : {{citation}}

De retour à Tamanrasset pour Noël 1911, il se passionne pour les missions d'étude du Transsaharien, aidant à la reconnaissance des possibles passages du train. Il participe à la mission d'étude, trouvant des guides touaregs pour l'exploration de pistes possibles, utilisant ses baromètres pour les relevés altimétriques demandés par les scientifiques.

La fin de l'année 1912 et le début de l'année 1913 sont marqués par le développement d'une instabilité politique dans le Sahara avec des menaces de rezzous venant du Maroc. Charles achève la rédaction de son lexique touareg et commence sa relecture. Il songe à aller de nouveau en France pour développer son Union de laïcs. Du 22 avril au mois de septembre 1913, il entreprend ce voyage. Il visite sa famille et ses amis, dont François-Henry Laperrine. Il apprend que le général Hubert Lyautey est critiqué pour sa gestion trop « pacifique » du Maroc : Charles de Foucauld l'encourage alors à ne pas démissionner, et le défend auprès des personnes qu'il rencontre. Il accepte les dîners mondains afin de réaliser cette tâche{{,}}. Il participe à une conférence à la Sorbonne sur le projet du Transsaharien. Il rencontre l'abbé Antoine Crozier qui a rassemblé les 26 premiers membres de l'Union des Frères et Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus et l'appuie dans ce projet. Sa rencontre avec le cardinal Léon-Adolphe Amette est moins fructueuse : celui-ci le reconduit froidement après l'avoir reçu{{,}}. Charles rentre en Algérie le 28 septembre et arrive à Tamanrasset le 22 novembre, où il reprend son travail habituel.

<gallery> Fichier:Asskrem Hoggar 1.jpg|Assekrem Fichier:Ermitage Foucauld Algeria-inside.jpg|Intérieur de l'ermitage de Charles de Foucauld reconstruit Fichier:Ermitage Foucauld Algeria-panel.jpg|Panorama depuis l'Ermitage de Charles de Foucauld à l'Assekrem Fichier:Asskrem Hoggar 3.jpg|Assekrem </gallery>

La guerre et la mort

Le {{date}}, il apprend la déclaration de guerre en Europe{{,}}. Malgré sa santé de plus en plus précaire, il hésite à partir sur le front afin de devenir aumônier militaire. Finalement il écrit à sa cousine Marie, après de multiples débats de conscience : {{citation}}. Il tâche alors de minimiser auprès des Touaregs l'importance des combats qui ont lieu en France. À la fin de l'année 1914, il tombe malade.

Le développement de son Union des Frères et Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus est arrêté par la guerre, mais Charles continue d'approfondir son règlement, développant le cœur de sa théologie. Il s'intéresse aux travaux qui visent à l'installation de la transmission sans fil, ainsi qu'à l'apparition de pistes automobiles. Il aide l'armée à tracer des pistes dans le Hoggar, espérant apercevoir bientôt les premiers véhicules.

Charles sécurise son ermitage de Tamanrasset en construisant, entre l'été 1915 et l'été 1916, un fortin en briques pour donner à la population un refuge en cas d'attaque{{,}}. Il contient des vivres, un puits, et des armes.

Le {{date}}, Djanet tombe à la suite de rezzous opérant à partir du Maroc espagnol et se multipliant.

Charles de Foucauld refuse de s'installer avec l'armée à Fort Motylinski, préférant demeurer auprès des Touaregs. En juin 1916, ses voisins touaregs lui conseillent pourtant de se réfugier dans le fort. Cependant, le danger ne vient finalement pas du Maroc. Une grande partie de la population du Sahara et du Sahel se soulève contre l'occupant français, à l'instigation de la confrérie senousiste venant de Tripoli. Le 28 novembre, Charles a fini la relecture du lexique touareg-français. Il écrit à sa cousine Marie de Bondy, dans ce qui sera sa dernière lettre : {{citation}}.

Des pillards venus de Tripoli entendent parler de Charles de Foucauld, et veulent alors l'enlever. Les motifs du rapt sont sans doute financiers, les pillards espérant obtenir une rançon contre sa libération. Le {{1er}}, un Touareg connu de Charles de Foucauld trahit sa confiance et permet aux Senoussistes d'investir le fortin. L'arrivée de deux tirailleurs algériens les surprend et, dans la panique, l’adolescent auquel on avait confié la garde de Charles de Foucauld l'abat d'une balle dans la tempe{{,}}.

Si pour Jean-Jacques Antier, Charles est ligoté par les assaillants qui l'humilient, lui crachent dessus et pillent le fortin, pour Jean-François Six, les circonstances de la mort de Charles de Foucauld ne font pas de lui un martyr : voir ci-dessous l'image du martyr. Le soir même, les Touaregs l'enterrent à même le sol, avec les musulmans, à quelques mètres de la porte où il est mort. Le général Laperrine arrive sur les lieux le 15 décembre et déplace le corps à quelques mètres de là. Il est encore déplacé pour être mis dans un tombeau, le {{date}}, à El Goléa, appelé aujourd'hui El Méniaa.

Après la mort de Charles de Foucauld, ses amis touaregs comme Ouksem entrent en dissidence contre l'armée française : en décembre 1916 ou en 1917, la tribu des Dag-Ghali se rallie à l'insurrection senoussiste, à laquelle les autorités coloniales répondent par une « cruelle répression », les militaires français se livrant à des expéditions punitives : ils « chassaient les troupeaux et les gens, razziaient et faisaient des prisonniers ».