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Pia, Pascal (1903-1979)

Biographie

Ce que nous savons de son enfance est relaté par l'écrivain néerlandais Edgar du Perron. Après la mort de son père, tombé en Champagne en 1915, il semble que Pierre Durand ait quitté le domicile maternel, muni d'un certificat d'études, pour se réfugier dans le Midi auprès de son grand-père maternel. Revenu à Paris, il vit dans des hôtels, autour de Montmartre, assure l'implantation parisienne d'une revue anversoise, Ça ira, et travaille dans une compagnie d'assurances, mais aussi chez l'éditeur Albin Michel. Il écrit des poèmes, qu'il attribue faussement à Apollinaire, à Baudelaire et à Radiguet. Son pastiche de Baudelaire, À une courtisane (1925), a abusé la maison Gallimard, qui le fit paraître dans le premier volume consacré au poète dans la collection « La Pléiade ».

En 1938, il est directeur dAlger Républicain, où Albert Camus, qui lui dédia Le Mythe de Sisyphe, fit ses débuts dans le journalisme.

À la mi-1943, il adhère au mouvement Combat sous le pseudonyme Pontault pour devenir le rédacteur en chef du journal clandestin. À la Libération, il devient l'éminence grise du quotidien Combat, derrière son brillant animateur Albert Camus. Il a dit alors : « Nous allons tenter de faire un journal raisonnable. Et comme le monde est absurde, il va échouer. » Son amitié avec Camus prend fin lorsque celui-ci quitte le journal en juin 1947. Mais il est possible aussi que Pia ait rompu avec Camus, à la suite de propos de celui-ci, qui lui auraient été rapportés. Pia fut aussi un proche de Malraux, rencontré en 1920 et qui lui dédiera son Saturne, essai sur Goya (Gallimard, 1950).

Le 19 mai 1949, Pascal Pia présenta La Chasse spirituelle, censé être un manuscrit inédit très recherché d'Arthur Rimbaud, texte que Verlaine prétend avoir oublié chez sa femme au moment de l'escapade en Belgique. Le Journal Combat publia des extraits du recueil. La Chasse spirituelle fut publié la même année au Mercure de France. Mais André Breton dénonça rapidement l’imposture, et les comédiens Akakia-Viala et Nicolas Bataille reconnurent être les auteurs de ce faux.

En 1953 il devient Satrape du Collège de 'Pataphysique. Au début des années 50 Pia crée la collection "Les Fermiers Généraux" qu'il doit revendre en catastrophe aux Editions du Cap.

Ses feuilletons littéraires publiés dans Carrefour ont été suivis par toute une génération de lecteurs. Réunis en deux volumes publiés chez Fayard, complétés plus tard par un autre recueil paru aux éditions du Lérot, ils forment une excellente introduction à la littérature publiée entre 1954 et 1977. Simultanément, Pia signe aussi des chroniques dans La Quinzaine littéraire et dans le Magazine littéraire. Parallèlement à cette activité de chroniqueur, Pascal Pia se mue en une agence de renseignements littéraires dont bien des chercheurs, bibliographes ou universitaires auront profité.

Pia était l'homme le plus fermement nihiliste et le plus « calmement désespéré », qui aurait mis la littérature au-dessus de tout s'il n'avait pensé qu'il y avait quelque chose au-dessus de l'écriture : le silence. À la fin de sa vie, refusant qu'on parle de lui, interdisant que l'on écrive sur lui après sa mort, il revendique le « droit au néant ».