Ribbe, Claude (1954-....)
Biographie
Ancien élève de l'École normale supérieure (Ulm), agrégé de philosophie, originaire de la Guadeloupe par son père et de la Creuse par sa mère, Claude Ribbe s'est illustré en revisitant, d'un point de vue antiraciste et anticommunautariste, le passé esclavagiste français et en tirant de l'oubli de grandes figures issues de ce passé : notamment le général Dumas et le chevalier de Saint-George.
En février 2004, Claude Ribbe a protesté contre le départ du président haïtien Jean-Bertrand Aristide, exilé après plusieurs mois de manifestations populaires par un coup d'État américain appuyé par Dominique de Villepin.
Le spectacle que Claude Ribbe a écrit et qui a été mis en scène par Bartabas à Versailles en 2004, Le chevalier de Saint-George, un Africain à la cour, a rassemblé cinquante mille spectateurs en six représentations.
Dans Les Nègres de la République, Claude Ribbe, s'affirmant résolument universaliste, met en doute la légitimité d'une prétendue « question noire » et, s'opposant aux analyses de Jean-Paul Sartre (L'Orphée Noir, 1948), soumet au questionnement philosophique l'idée de négritude. Son « paradoxe de James Brown » relativise toute vision de l'humanité fondée sur le préjugé de couleur.
Claude Ribbe a siégé de 2005 à 2008 à la Commission nationale consultative des droits de l'homme en tant que personnalité qualifiée.
Parallèlement à ses activités d'essayiste et de romancier, Claude Ribbe mène une carrière d'auteur dramatique (Delgrès, 2009), de scénariste et de réalisateur, et tourne plusieurs films consacrés au chevalier de Saint-George ou au général Dumas.
Depuis 2002, Claude Ribbe, notamment à travers l'association des amis du général Dumas qu'il préside, mène campagne pour que ce héros de la Révolution, figure majeure de l'humanisme, né esclave en Haïti, modèle de d'Artagnan, retrouve sa place dans la mémoire universelle. Cela lui a valu d'intervenir officiellement le 30 novembre 2002 au Sénat lors d'une allocution prononcée devant la dépouille d'Alexandre Dumas, juste avant son entrée au Panthéon. Claude Ribbe souhaite en particulier que la statue du général Dumas, par Alphonse de Moncel, érigée à Paris en 1913 (sur l’actuelle place du Général-Catroux dans le 17{{e}} arrondissement où se trouvent la statue du fils du général par Gustave Doré et celle de son petit-fils par René de Saint-Marceaux) abattue par les collaborateurs en 1943, soit replacée. En novembre 2007, il a adressé dans ce sens une pétition à Bertrand Delanoë, maire de Paris, approuvée par plus de mille signatures recueillies en quelques jours. Sitôt la statue remise en place, Claude Ribbe se propose d'en offrir une copie aux Haïtiens, conformément au vœu émis par l’écrivain Alexandre Dumas en 1838. « Ce serait une manière de rappeler à la vieille Europe{{référence nécessaire}} », écrivait l'auteur des Trois Mousquetaires, « si fière de son Antiquité et de sa civilisation, que les Haïtiens, avant de cesser d’être Français, ont payé leur part de gloire à la France{{référence nécessaire}}. » En réponse à ces démarches, et à la suite d'un vote unanime du conseil de Paris en juin 2002, Bertrand Delanoë a désigné le plasticien Driss Sans-Arcidet pour réaliser un important monument en mémoire du général Dumas, représentant des chaînes et des fers d’esclave brisés, qui a été inauguré à Paris, place du Général-Catroux, samedi 4 avril 2009 sous l’égide de l’Association des amis du général Dumas, en présence de Bertrand Delanoë et de Yazid Sabeg commissaire à la diversité et à l’égalité des chances. L’événement avait reçu le soutien officiel de l’UNESCO (programme « La route de l’esclave »).
La publication en 2005, au moment du bicentenaire de la bataille d'Austerlitz, de son pamphlet contre Napoléon {{Ier}}, Le Crime de Napoléon en 2005, livre dans lequel Claude Ribbe, décrivant la traite négrière, initie un parallèle entre Napoléon et Hitler, suscite de vives critiques de la plupart des historiens spécialistes de la période dénonçant ses nombreuses approximations et considérant que le livre tient davantage du pamphlet que du livre d'histoire{{,}}. Reprenant un thème déjà abordé de manière romanesque dans L'Expédition, Claude Ribbe y soutient qu'une politique d'extermination raciale des citoyens français de Saint-Domingue (aujourd'hui république d'Haïti) avait été engagée en 1802-1803, notamment par gazage au dioxyde de soufre, épisodes par ailleurs mentionnés dans les écrits de Victor Schœlcher.
Claude Ribbe a publié deux biographies du général Dumas, dont Le Diable noir (2008) qu'il a lui-même adaptée en documentaire avec Stany Coppet.
À la mort d'Aimé Césaire, le 17 avril 2008, Claude Ribbe a lancé l'idée de l'inhumer au Panthéon, même symboliquement. Claude Ribbe lui rend hommage dans Le Nègre vous emmerde, le premier ouvrage paru sur Aimé Césaire depuis sa disparition, un pamphlet mettant en cause ceux qui l'ont persécuté de son vivant ou qui ont cherché à se servir de lui au moment de sa mort.
De septembre 2008 a juillet 2011, Claude Ribbe a dirigé la collection littéraire « Ethiopica » qu'il avait fondée aux éditions Alphée-Jean-Paul Bertrand.
Il est président du comité de soutien en France de Nafissatou Diallo.
En novembre 2014, il prend position pour l'interdiction de l'installation-performance Exhibit B qui se déroule au Théâtre Gérard-Philippe de Saint-Denis. Cette œuvre, dont l'objectif revendiqué est de combattre le racisme, reproduit de manière très réelle les expositions d'individus noirs telles qu'elles étaient pratiquées auparavant. Venu manifester son mécontentement sur place, il est alors questionné par des journalistes sur le soutien apporté par certains à la liberté artistique, notamment Lilian Thuram. À son égard il repondra: "Moi je suis agrégé de philosophie, lui il est footballeur".