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Épicure (0341-0270 av. J.-C.)

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Biographie

La vie et l'éducation d'Épicure

Épicure, né à Samos selon une tradition, ou selon l'opinion la plus courante rapportée par Diogène Laërce, à Athènes, dans le dème de Gargettios, en 341 {{av JC}}. Son père, Néoclès, enseignait la grammaire et sa mère, Chérestrate, était magicienne. Épicure semble avoir été élevé à Samos (peut-être même y est-il né, son père étant un colon athénien), puis il vint à Athènes pour y accomplir son service militaire vers l'âge de 18 ans, avant de partir rejoindre son père à Colophon, au nord de Samos, en 323 {{av JC}}. Il y resta jusqu'en 321 {{av JC}} et y reçut les leçons de Nausiphane. Il gagne ensuite Mytilène où il commence à enseigner. Sa philosophie suscite alors l'hostilité (mais il y rencontre son disciple et futur successeur Hermarque) et il part rapidement pour Lampsaque où il vivra de 310 à 306 {{av JC}}. Il y rencontre Colotès, Métrodore et Idoménée de Lampsaque qui le suivront à Athènes.

En 306 {{av JC}}, à 35 ans, il vient s'installer à Athènes qui venait d'être délivrée par Démétrios Poliorcète et il y acheta un jardin pour 80 mines ; l'école du Jardin devint le centre des études épicuriennes. Il y passa le reste de sa vie. C'est pendant cette dernière période qu'il écrit un très grand nombre de ses œuvres et de ses lettres ; il est l'un de ceux qui ont le plus écrit dans l'Antiquité (300 ouvrages semble-t-il). Il a pour disciples : Hérodote (homonyme de l'historien), Pythoclès, Hermarque de Mytilène, Métrodore de Chio, Polyen de Lampsaque, Léontée de Lampsaque, Thémista, Léontion, Colotès et Apollonidès, avec lequel il aurait eu plusieurs rapports homosexuels, courants dans la Grèce antique.

Épicure meurt en 270 av. J.-C.

La vie qu'il mène dans son jardin est simple et frugale ; il est végétalien (il mange tout de même à l'occasion du fromage). Selon Dioclès, cité par Diogène Laërce, « un verre de vin lui suffisait, et il buvait de préférence de l'eau. » Le Jardin est pourtant passé pour un lieu de débauche, mais de telles accusations semblent calomnieuses, au regard de l'habitude des philosophes de lancer des accusations douteuses contre leurs adversaires. L'image d'Épicure est devenue celle d'un impie et d'un débauché, pire, d'un pourceau.

La vocation de la philosophe lui vient très tôt, à 14 ans selon le témoignage de Diogène Laërce, quand, à la lecture d'Hésiode, il demande à son maître d'où vient le chaos primordial d'où toutes choses sortent que décrit le poète dans sa Théogonie. Les réponses de son maître ne le satisfaisant pas, il décide de philosopher seul et sans guide, en autodidacte {{incise}}. Il reçoit pourtant les leçons de plusieurs maîtres d'écoles différentes :

  • platonicienne : Praxiphane et Pamphile, de l'École péripatétique théophrastéenne ;
  • Nausiphane et Nausycide, des atomistes.

Sa philosophie prône le contentement (de ses avoirs, de son état affectif, de son rang social) et la vie communautaire entre amis dans un bonheur stable. Elle s'oppose avec force au platonisme et, de manière plus mesurée, à la doctrine d'Aristote (des fragments nous font voir en Épicure un lecteur consciencieux de ce dernier) ; quant à l'héritage démocritéen, l'atomisme épicurien n'en est pas une simple copie : Épicure modifie certaines idées de Démocrite et ajoute le concept très important de clinamen (voir plus bas le chapitre sur la physique d'Épicure). Épicure s'attribue injustement l'ouvrage de Démocrite à propos de l'atomisme.

Caractère et influence de la pensée d'Épicure

{{Article détaillé}}

Épicure a voulu assurer l'immortalité de son nom en léguant le Jardin sous la condition que sa philosophie y fût enseignée et qu'on y célébrât chaque mois une fête en son honneur. Il fait des résumés de ses œuvres et conseille à ses disciples de les apprendre par cœur.

Cet orgueil de philosophe mis de côté, Épicure est décrit comme un ami fidèle et bienveillant, d'un naturel sympathique : « Sa vertu fut marquée en d'illustres caractères, par la reconnaissance et la piété qu'il eut envers ses parents et par la douceur avec laquelle il traita ses esclaves. » C'est Sénèque, un stoïcien, qui dit de sa pratique : « Pour moi, je pense et j'ose le dire contre l'opinion des nôtres, que la morale d'Épicure est saine, droite et même austère pour qui l'approfondit… Je dis qu'elle est décriée sans l'avoir mérité. »

La doctrine d'Épicure eut un succès prodigieux, tant par le nombre de ses disciples, que par l'affection et les forts sentiments dont elle fut l'objet : « Le charme de cette doctrine égalait la douceur des sirènes. » Elle gagna Rome et toute l'Italie, avec Lucrèce notamment, qui est considéré comme l'un des rares poètes (sinon le seul) à avoir réussi à mettre de la philosophie en vers.

La popularité de l'épicurisme contraste avec la diffusion plus faible des doctrines des autres philosophes de l'Antiquité. Le stoïcisme apparaît réservé à des individus capables d'une discipline peu commune, et le platonisme se diffuse surtout dans les milieux cultivés. On a parfois rapproché Épicure de Jésus, en soutenant que ces deux hommes faisaient figure de sauveurs aux yeux du peuple ; et, en effet, les consolations apportées par Épicure sont chantées par Lucrèce comme des dons divins, propres à régénérer l'homme tourmenté par les passions, les superstitions, la peur des dieux, etc. C'est pourquoi certains philosophes, tels que Nietzsche, n'hésitent pas à voir en cette pensée une sorte de christianisme païen, une pensée rédemptrice mais sans la notion de péché propre à cette dernière religion.

Malgré cette œuvre considérable, et bien qu'Épicure eût élaboré l'une des doctrines cardinales de l'histoire de la civilisation européenne, il ne nous reste que trois lettres de ce philosophe (Lettre à Hérodote, Lettre à Pythoclès et Lettre à Ménécée), et quelques maximes (40 Maximes Capitales et 81 Sentences Vaticanes) découvertes pour la plupart à la fin du {{s-}}. Des fragments du De la nature (Peri phuseos) furent également découverts à Herculanum en 1752 (à une époque où la morale épicurienne, longtemps combattue, revenait en force).

Cause de sa mort

Il est mort d’une rétention d'urine causée par la pierre (probablement des calculs rénaux), comme le dit Hermarque dans ses lettres, après une maladie qui a duré quatorze jours ; Hermippe raconte qu'alors il entra dans une baignoire de bronze tempérée d’eau chaude, demanda du vin pur et l'avala. Après avoir enjoint à ses amis de se remémorer ses doctrines, ainsi mourut-il.

Il laissa un testament et une lettre à Idoménée de Lampsaque.