Crumley, James (1939-2008)
Biographie
James Crumley est né au Texas en 1939. Après y avoir fait ses études et servi pendant deux ans dans l'armée, il devient professeur de composition littéraire. Il « visite » ainsi de nombreuses universités, il a la bougeotte et le métier de professeur ne lui convient pas. Attiré par le poète Richard Hugo, comme d'autres écrivains de sa génération (James Welch, Bob Reid, Neil McMahon, Jon A. Jackson), il débarque à Missoula, Montana au milieu des années 1960.
Il s'essaye à la poésie et l'écriture de nouvelles, et anime des ateliers d'écriture en compagnie de Richard Hugo, James Lee Burke et d'autres… En 1967, il écrit son premier roman, Un pour Marquer la Cadence (One to Count Cadence), qui n'est publié qu'en 1969. Sur fond de guerre du Viêt Nam, ce roman raconte une histoire d'amitié entre un sergent dur à cuire et un soldat gauchiste. Crumley met déjà le pied dans le roman noir, genre dans lequel il excellera par la suite. « Jamais de polar pur et dur mais des ouvrages où le suspense et l'intrigue servent avant tout à nous faire pénétrer au plus profond des questionnements humains sur le bien et le mal, la violence, la dépendance, le pouvoir. », comme le dit Jean-Marie Wynants dans un article relatant la rencontre des Étonnants Voyageurs de Saint-Malo avec la ville de Missoula et ses écrivains.
Crumley est terriblement ancré à Missoula, comme tous les autres écrivains du coin. Missoula est leur coin de paradis, un paradis où règnent tolérance, bonne humeur, où l'alcool coule à flot et où les écrivains sont une denrée incroyablement fréquente. À Missoula, tout le monde écrit. Au milieu des montagnes, dans cette ville de 50000 habitants, Crumley reste donc. Il essaye bien parfois de s'en « échapper » mais il finit toujours par y revenir. « On s'y sent bien, alors on y reste, c'est tout. Cette ville m'a adopté. Il y fait bon vivre, niché entre les montagnes du Montana. Il y a de tout chez nous. Même un policier-écrivain, comme Robert Sims Reid : c'est un bon gars… même s'il est flic ! », dit-il dans une interview accordée à Guillaume Chérel et Hervé Delouche.
En 1966, peu de temps après son arrivée à Missoula, il laisse définitivement tomber l'enseignement. Il n'est pas fait pour ça. En revanche, il a l'écriture dans le sang. Il en parle d'ailleurs comme d'une drogue, quelque chose de vital et quasi obsessionnel. « En période d'écriture, je rêve de ce que j'écris toutes les nuits. Si je travaille trop longtemps, je plane littéralement parce que ça marche, alors je dépasse mes 4, 5 heures de travail quotidiennes. Ça peut aller jusqu'à 7 ou 8 heures. Mais après, je suis tellement excité que je ne peux plus dormir pendant 2 ou 3 jours. La sensation de ce trip dans l'écriture est géniale, j'adore ça. Mais après c'est terrible, très dur. Comme pour un camé en pleine descente. »
James Crumley décède dans sa soixante-huitième année, le {{date}}.
Autour de l'œuvre
James Crumley est l'un des nombreux représentants de l'École du Montana. Considéré par ses pairs comme un des plus grands auteurs de polar, ses romans mettent principalement en scène deux personnages, C.W. Sughrue et Milo Milodragovitch, anti-héros excessifs en tout qui rassemblent toutes les obsessions et pas mal des traits de caractère de leur créateur : vétérans du Viêt Nam, divorcés maintes fois, portés sur les femmes dangereuses, l'alcool, les drogues dures, les armes à feu et les nuits sans sommeil, toutes choses en général censées représenter un danger pour eux ou pour autrui.
Son style s'apparente d'assez près à celui de Jim Harrison, avec un lyrisme parfois excessif qui peut emmener certains passages assez loin dans la digression, un style d'écriture souvent très drôle, toujours mordant, si bien que même si on a souvent du mal à suivre ses intrigues, toujours très tordues, on finit toujours par y revenir tant sa qualité d'écriture est exceptionnelle. Fausse piste, Le dernier baiser et La danse de l'ours sont à ce titre des classiques du genre.
Crumley sait aussi se montrer d'un classicisme tout en retenue (le recueil de nouvelles Putes), il est aussi l'auteur d'un roman poignant sur la guerre du Viêt Nam, Un pour marquer la cadence, un des meilleurs témoignages jamais écrits sur ce conflit.