Teilhard de Chardin, Pierre (1881-1955)
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Biographie
Jeunesse et formation
Pierre Teilhard de Chardin est issu d'une très ancienne famille auvergnate de magistrats originaire de Murat et dont sa branche a été anoblie sous le règne de Louis XVIII.
Il naît le {{Date}} au château de Sarcenat, à Orcines (Puy-de-Dôme), quatrième des onze enfants d'Emmanuel Teilhard (1844-1932), chartiste, et de Berthe de Dompierre. Sa mère était la petite-nièce de François-Marie Arouet, plus connu sous le nom de Voltaire.
De 1892 à 1897, il fait ses études au collège jésuite de Notre-Dame de Mongré à Villefranche-sur-Saône. En 1899, il entre au noviciat jésuite d'Aix-en-Provence. Les deux années suivantes se passent au juvénat de Laval. À partir de 1902, il fait trois années de philosophie dans l'île anglo-normande de Jersey. Doué pour les sciences, il devient professeur de physique au Collège jésuite de la Sainte Famille au Caire de 1905 à 1908. Les quatre années suivantes, il étudie la théologie dans le théologat d’Ore Place à Hastings dans le comté du Sussex de l'Est. C'est à la fin de cette formation théologique qu'il est ordonné prêtre le 24 août 1911.
Début de carrière scientifique
En 1912, il quitte l'Angleterre et rend aussitôt visite à Marcellin Boule, paléontologue et directeur du laboratoire de paléontologie du Muséum national d'histoire naturelle, à Paris, qui venait d'étudier le premier squelette d'homme de Neandertal découvert en France (1908). Il deviendra un paléontologue de renom international 10 ans plus tard, à la suite de sa thèse poursuivie sous la direction de Marcellin Boule, consacrée à des carnassiers du Tertiaire, soutenue en 1922 à la Sorbonne. Avant de rencontrer M. Boule, Teilhard terminait ses études de théologie au théologat à Hastings proche du site de Piltdown. Il avait été convié par un amateur de fossiles, Charles Dawson, à se rendre sur un site que ce dernier avait découvert, contenant des restes d'un soi-disant homme fossile du Tertiaire, l'homme de Piltdown. Teilhard n'était alors qu'un simple séminariste qui achevait sa formation de jésuite, essentiellement intéressé par la formation des continents. Inconnu des préhistoriens, inexpérimenté en préhistoire comme en anthropologie, Charles Dawson ne l'a pas associé à la publication du Quaterly Journal de la prestigieuse Geological Society of London, précisant dans une note en bas de page, que Teilhard n'était pas à l'origine de la découverte. Prétendre que son nom apportait une caution à cette découverte est un contre-sens historique. Stephen Jay Gould a tenté de démontrer que Teihard de Chardin était au courant de la supercherie, en raison de ses récits contradictoires à propos de ses visites en 1912 et 1913. Des investigations plus poussées ont été poursuivies par le paléontologue Herbert Thomas, sous-directeur honoraire du Laboratoire de paléoanthropologie et préhistoire au Collège de France (adjoint d'Yves Coppens). Ses recherches ont montré des carences dans l'enquête du paléontologue américain et souligné le peu de vraisemblance à baser un argumentaire sur des confusions de date. La supercherie fut reconnue officiellement en 1953, Teilhard était âgé de 72 ans et diminué par plusieurs attaques cardiaques, dont une hospitalisation entre la vie et la mort ; dans de telles circonstances, plus de 40 années après les faits, des confusions dans les dates ne sont pas de nature à mettre en doute la probité du paléontologue et du prêtre qui savait ses jours comptés (il est décédé en avril 1955). Il a été montré que Teilhard avait été dupé dans cette l'affaire.
L'expérience de la Première Guerre mondiale
Entre 1915 et 1918, il est mobilisé comme caporal brancardier (il refuse d'être aumônier militaire) au front dans le {{8e}} régiment de marche de tirailleurs marocains. Deux de ses frères meurent lors de cette guerre, quant à lui sa bravoure lui fait obtenir la Médaille militaire et la Légion d'honneur. Cette expérience de la guerre, du réel lui permet d'élaborer une esquisse de sa pensée via son journal et sa correspondance avec sa cousine Marguerite Teilhard-Chambon (une des premières agrégées de philosophie de France) qui sera publiée dans Genèse d'une pensée.
Docteur ès sciences
En 1916, il écrit son premier essai, La Vie Cosmique, et en 1919, Puissance spirituelle de la Matière, essais qui annoncent son œuvre plus tardive. De 1922 à 1926, il obtient en Sorbonne trois certificats de licence ès sciences naturelles : géologie, botanique et zoologie, puis soutient sa thèse de doctorat sur les « Mammifères de l'Éocène inférieur français et leurs gisements ».
Missions archéologiques en Chine
En 1923, il effectue son premier voyage en Chine pour le Muséum d'histoire naturelle de Paris. Il rejoint le père Émile Licent, naturaliste au Musée Hoangho Paiho de Tianjin qui a fait cette demande à Marcellin Boule, le professeur de paléontologie du Muséum national d'histoire naturelle, à Paris.
Émile Licent fut donc un collègue de Pierre Teilhard de Chardin dans la conduite de la recherche archéologique dans les provinces septentrionales de la Chine au cours des années 1920 qui suivirent. En mai 1923, Pierre Teilhard de Chardin, docteur ès sciences en 1922 et vice-président de la Société géologique de France en 1923, va ainsi travailler, pour sa première campagne en Chine, sur les gisements de fossiles repérés au Gansu et en Ordos par Émile Licent. Ils découvrent plusieurs sites d'industrie lithique, d'époque Paléolithique. En 1924 la mission achevée, Pierre Teilhard de Chardin rapporte en France un important matériel : lithique et faune. C’est ainsi que Pierre Teilhard de Chardin, chercheur formé par Marcellin Boule, prend la tête de la Mission paléontologique française dès 1923, au moment où la compétition mondiale en matière scientifique comme dans les autres domaines apporte un flot de découvertes : dès 1921 une équipe internationale avait découvert le premier ‘’Sinanthrope’’, ou Homme de Pékin.
Explorant le désert d'Ordos en Mongolie-Intérieure, Teilhard y achève sa « Messe sur le Monde ».
Sanctionné par l’Église
À son retour de Chine, il enseigne comme professeur de géologie à l'Institut catholique puis se voit démis de ses fonctions : la diffusion d'un texte portant sur le Péché originel (ce document privé destiné à un jésuite, « Note sur quelques représentations historiques possibles du péché originel », n'est pourtant pas destiné à être publié) lui cause ses premiers troubles avec le Vatican. L'ordre des Jésuites lui demande d'abandonner l'enseignement et de poursuivre ses recherches géologiques en Chine.
Retour en Chine
En 1926, il retourne en Chine, où la Compagnie de Jésus possède l'université l'Aurore, et il joue, avec le paléoanthropologue allemand Franz Weidenreich, un rôle actif dans la découverte et l'étude scientifique du sinanthrope. Il participe en 1931 à la croisière jaune. Jusqu'à son installation à New York en 1951, Teilhard de Chardin poursuit une carrière scientifique ponctuée de nombreux voyages d'études : Éthiopie (1928), États-Unis (1930), Inde (1935), Java (1936), Birmanie (1937), Pékin (1939 à 1946), Afrique du Sud (1951 et 1953).
Philosophe de la création
En 1932 dans Christologie et évolution, Teilhard propose sa vision évolutive de la création, qui oblige à relire autrement les notions de création, de mal, de péché originel.
En 1946, le Père Teilhard est promu officier de la Légion d'honneur au titre des Affaires étrangères en reconnaissance de son brillant travail en Chine . Il est élu en 1950 à l'Académie des sciences et est nommé directeur de recherche au CNRS en 1951. Pierre Teilhard de Chardin meurt le 10 avril 1955, jour de Pâques, à New York, après une nouvelle attaque cardiaque. Un an plus tôt, au cours d'un dîner au consulat de France, il confiait à des amis : « J'aimerais mourir le jour de la Résurrection » . Il est inhumé dans le cimetière du noviciat jésuite de St. Andrew's-on-the-Hudson de Poughkeepsie, dans l’État de New York.