Courtois, Stéphane (1947-....)
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Biographie
{{...}} Stéphane Courtois est fils d'instituteur.
Engagement à l'extrême gauche (1968-1971)
{{article connexe}} Stéphane Courtois a milité de 1968 à 1971 à l'organisation marxiste-léniniste maoïste Vive le communisme, qui changea de nom en 1969 pour Vive la révolution, autour de Roland Castro. Il a dirigé, un temps, la librairie de cette organisation, rue Geoffroy-Saint-Hilaire à Paris. Il se définit comme ayant été « anarcho-maoïste », tout comme beaucoup de « repentis » de l'extrême-gauche devenus par la suite partisans de la démocratie représentative à partis multiples et souvent anticommunistes. {{...}}
Le PCF dans la guerre et la revue Communisme
Ayant repris des études de droit puis d'Histoire, il se fait connaître en 1980 avec la publication de son travail de thèse Le PCF dans la guerre effectuée sous la direction d'Annie Kriegel. C'est avec cette dernière qu'il fonde en 1982 la revue Communisme qui réunit des spécialistes non-communistes du communisme français. Après la mort d'Annie Kriegel, il sera le principal animateur de la revue. Stéphane Courtois a été nommé directeur de recherches au CNRS où il a été responsable du « Groupe d'observatoire et d'études de la démocratie » (GEODE). Cette période de la revue Communisme est perçue comme une période extrêmement riche en recherches de toutes sortes, creuset de travaux d'importance publiés dans les années 1980.
Séjours aux archives du Komintern à Moscou (1992-1994)
À la suite de la chute du mur de Berlin et du « Rideau de fer » en 1989-1991, l'Union soviétique s'effondre en décembre 1991 après les régimes communistes des pays d'Europe de l'Est, ce qui ouvre, pour quelques années, les archives du Komintern (ou Internationale Communiste), non seulement aux historiens russes, mais aussi pour les chercheurs occidentaux également.
Bien qu'il ne lise pas le russe, cette ouverture a représenté pour Stéphane Courtois une opportunité pour accéder à des sources inédites permettant de récrire l'histoire du communisme jusque-là imprégnée, selon lui, soit par la propagande des régimes de type soviétique, soit par les hypothèses invérifiables de ses adversaires. Courtois qualifie ce tournant historiographique de « véritable révolution documentaire ». À titre d'exemple, l'étude historique du PCF avait été faite pendant des dizaines d'années non pas sur d'authentiques documents d'archives mais sur la foi de témoignages, comme les mémoires publiées par des membres du PCF (dont Jacques Duclos), car les archives originales du PCF étaient conservées non pas au siège social du parti à Paris, mais à Moscou, selon les clauses centralisatrices régissant l'admission au Komintern (conditions d'admission à la IIIe Internationale). En 2006, Courtois y a consacré un ouvrage intitulé Communisme en France. De la révolution documentaire au renouveau historiographique.
Stéphane Courtois effectue son premier séjour aux archives du Komintern, à Moscou, en septembre 1992. Après trois autres séjours, il effectue le dernier en décembre 1994. En 2009, lors d'une conférence, Stéphane Courtois déclare : « Je ne suis pas allé accompagner Le Livre noir du communisme en Russie […] en tout cas je n'y retourne plus depuis déjà pas mal de temps […] je me suis aperçu rapidement que j'étais sous surveillance permanente dans les archives ».
Courtois, en glanant parfois dans les archives des informations spectaculaires, et en provoquant délibérément des polémiques, prend aux yeux de certains auteurs de la revue Communisme une posture en rupture avec les recherches de complémentarité scientifique de cette publication. Dès 1993, une partie importante du comité de rédaction de Communisme quitte la revue.
Orientation des travaux après la publication du Livre noir
Si la production historiographique de Courtois d'avant 1995 concerne essentiellement le PCF, il se concentre ensuite davantage sur le Komintern et l'histoire des régimes communistes d'Europe de l'Est. Dans le Livre Noir, sa contribution concernait les aspects criminels de l'action du Komintern. Dans son livre sur Eugen Fried qu'il cosigne avec Annie Kriegel en 1997, l'accent est mis davantage sur le contrôle par le Komintern des partis communistes nationaux et des organisations de masse antifascistes comme Amsterdam-Pleyel, le Secours Rouge ou le Rassemblement universel pour la paix. Dans l'avertissement au lecteur d’Eugen Fried, il est d'ailleurs indiqué que le projet initié en 1984-85 avait été suspendu en 1991 lorsque les archives du Parti communiste d'Union soviétique furent transférées aux archives d'État de la république de Russie. « Dès 1992, Annie Kriegel et Stéphane Courtois sont sur place, à Moscou. Ils feront plusieurs séjours dans la capitale russe et en rapporteront des milliers de page de microfilms… »
Dans une communication à l'Académie des sciences morales et politiques, Courtois défend la thèse selon laquelle Staline est parfaitement représentatif du régime soviétique instauré à partir de la Révolution de 1917 sous la direction de Lénine :
« Il n’en reste pas moins que dans la phase de fondation du système, de 1917 à 1953, c’est bien l’idéologie qui a commandé la conduite de Lénine puis de Staline… Staline était un authentique bolchevique élevé à l’école du léninisme… Staline n’était donc pas l’obscur apparatchik décrit par Trotsky, mais l’un des collaborateurs directs de Lénine et parmi les plus appréciés pour son soutien sans faille au leader, son sens de la discipline, son sang-froid et sa fermeté de caractère exceptionnels, sa détermination et son absence totale de scrupules et de pitié dans l’action »
Après la publication d’Eugen Fried, Courtois dirige plusieurs projets éditoriaux collectifs, comme Du passé faisons table rase ! Histoire et mémoire du communisme en Europe (2002) qui revient sur la sortie du Livre noir du communisme et apporte des compléments à l'ouvrage, rédigés pour la plupart par des auteurs étrangers, et le Dictionnaire du communisme (2007). En 2008, il contribue au Livre noir de la Révolution française, dans un chapitre consacré aux rapports entre le jacobinisme et le bolchevisme. En 2009, il revient à nouveau sur la question du communisme avec l'ouvrage Communisme et totalitarisme, qui recueille une série de ses articles sur le sujet.
Stéphane Courtois a par ailleurs élargi ses travaux à l'ensemble des totalitarismes. Il organise à ce titre de nombreux colloques internationaux et la direction d'une collection d'abord au Seuil puis aux Éditions du Rocher.