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Descartes, René (1596-1650)

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Biographie

accolade]] datant en partie du {{XVIe siècle}}, transformée en musée en 1974.

Enfance

Descartes]] depuis 1967. Il est le troisième enfant de Joachim Descartes (Châtellerault, 2 décembre 1563 - Sucé-sur-Erdre, 17 octobre 1640), conseiller au parlement de Bretagne à Rennes, et de Jeanne Brochard (née probablement à Descartes (Indre-et-Loire) vers 1566, morte au même endroit). Il naît à La Haye (actuellement Descartes), chez ses grands-parents maternels, où sa mère effectua tous ses accouchements, son père étant de service à Rennes au moment de sa naissance. Né le 31 mars 1596, il est baptisé le 3 avril en l'église Saint-Georges (la maison de la grand-mère relevait normalement la paroisse Notre-Dame, mais elle avait été dévolue au culte protestant). Son premier parrain, René Brochard des Fontaines, parent de sa mère, est juge à Poitiers ; le second, Michel Ferrand (frère de sa grand-mère paternelle), est lieutenant-général du roi à Châtellerault.

Sa mère meurt le 13 mai 1597, 13 mois et demi après sa naissance, quelques jours après la naissance d'un autre garçon qui ne survivra pas. Descartes est élevé par sa grand-mère maternelle Jeanne Sain (morte en 1610), son père et sa nourrice. Son père l'appelle son petit philosophe, car René ne cesse de poser des questions. En 1599 Joachim Descartes se remarie avec Anne Morin (Nantes, 2 septembre 1579 - 19 novembre 1634), fille de Jehan Morin, seigneur de la Marchandrye († 1585), propriétaire du château de Chavagne à Sucé près de Nantes, qui avait été avocat du roi, président de la Chambre des Comptes et maire de Nantes en 1571/72. La signature de Descartes apparaît à plusieurs reprises sur les registres paroissiaux de Sucé (1617, 1622, 1628, 1644).

Il apprend à lire et à écrire chez sa grand-mère grâce à un précepteur (avec sa sœur aînée Jeanne). À onze ans (tardivement, étant considéré comme fragile), il entre au Collège royal Henri-le-Grand de la Flèche, ouvert en 1604, où enseignent les Jésuites dont le Père François Fournet, docteur en philosophie issu de l'Université de Douai et le père Jean François, qui l'initiera aux mathématiques pendant un an. Il y reste jusqu'en 1614. Il y a droit à un traitement de faveur, sans cours le matin en raison de sa santé fragile, et de ses dons intellectuels précoces. Il y apprend la physique et la philosophie scolastique et étudie avec intérêt les mathématiques ; il ne cesse de répéter, en particulier dans son Discours de la méthode, combien ces études lui paraissent incohérentes et fort impropres à la bonne conduite de la raison. De cette période, nous ne conservons qu'une lettre d'authenticité douteuse (peut-être est-elle de l'un de ses frères), lettre que Descartes aurait écrite à sa grand-mère.

Jeunesse et études

En novembre 1616, il obtient son baccalauréat et sa licence en droit civil et canonique à l'université de Poitiers. Après ses études, il part vivre à Paris. De cette époque date un probable traité d'escrime. Il finit par se retirer en solitaire dans un quartier de la ville pour se consacrer à l'étude pendant deux années de vie cachée : Heureux qui a vécu caché est alors sa devise, il aura coutume d'affirmer, rejetant les artefacts et les prétentions de la reconnaissance sociale ou de la célébrité, qu'il préfère en toute chose avancer masqué. Il a déjà entrepris d'étudier le grand livre du monde.

Il s'engage alors en 1618 en Hollande à l'école de guerre de Maurice de Nassau, prince d'Orange, et fait la même année la connaissance du physicien Isaac Beeckman. C'est à ce dernier que sont adressées les premières lettres que nous avons de Descartes, et lAbrégé de musique a été rédigé pour lui. Beeckman tenait un journal de ses recherches, et il y relate les idées sur les mathématiques, la physique, la logique, etc., que Descartes lui communiquait ; ce dernier consacrait alors ses heures de loisir à l'étude et aux mathématiques.

René Descartes.

En 1619, Descartes quitte la Hollande pour le Danemark, puis l'Allemagne, où la guerre de Trente Ans éclate, et assiste au couronnement de l'Empereur Ferdinand à Francfort.

Parenthèse militaire

Il s'engage alors dans l'armée du duc Maximilien de Bavière.

Cette année-là, Descartes s'intéresse à l'ordre légendaire de la Rose-Croix dont il ne trouvera jamais aucun membre. Son appartenance à cette fraternité, de même que l'existence même de cette fraternité à cette époque, est contestée. Toujours est-il que dans le contexte qui suivit la condamnation des écrits favorables à l'héliocentrisme (1616), en France et en Allemagne, on parlait beaucoup des idées de cette prétendue fraternité. Il nia y avoir appartenu. Il émet un projet, Le trésor mathématique de Polybe le Cosmopolite, dédié « aux érudits du monde entier, et spécialement aux F.R.C. [Frères Rose-Croix], très célèbres en G. [Germanie]. »

C'est pendant ses quartiers d'hiver (1619 - 1620) à Neubourg que, dit-il, se révèle à lui une pensée décisive pour sa vie. Le {{date}}, il fait en effet trois songes exaltants qui l'éclairent sur sa vocation :

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Baillet, premier biographe de Descartes, en a fait le récit, dont voici le début :

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Il raconte alors comment il s'enferme dans son poêle et conçoit sa méthode. La légende raconte que, alité, il regarde le plafond au plâtre fissuré et imagine un système de coordonnées, permettant de décrire lignes, courbes et figures géométriques par des couples de nombres arithmétiques, dont il ne reste qu'à analyser les propriétés.

Il fait alors vœu d'un pèlerinage à Notre-Dame de Lorette à Loreto (accompli finalement en 1623), renonça à la vie militaire.

De 1620 à 1622, il voyage en Allemagne et en Hollande, puis revient en France. Ce qu'il a écrit pendant cette période se trouve dans un petit registre mentionné dans l'inventaire fait à Stockholm après sa mort, mais qui est aujourd'hui perdu. Il nous est néanmoins connu par Baillet et par Leibniz qui en avait fait des copies. Ces copies furent retrouvées par Foucher de Careil et publiées en 1859 sous le titre Cogitationes Privatae. Mais il se trouve qu'elles ont depuis de nouveau disparu. De cette époque nous possédons également un De Solidorum elementis.

En 1622, il liquide l'héritage de sa mère et bénéficie alors de 6000 livres de rente, ce qui le dispense de travailler ; il règle ses affaires de famille et recommence à voyager, visitant l'Italie. De l'été 1625 à l'automne 1627, Descartes est de nouveau en France. Il rencontre le père Marin Mersenne à Paris et commence à être connu pour ses inventions en mathématiques. Il fréquente le monde, cherche la compagnie des savants et se bat en duel ( pourquoi ? ) . Mais, à l'automne 1627, chez le nonce du pape, où il est venu écouter une conférence faite par Chandoux sur les principes de sa nouvelle philosophie , le cardinal de Bérulle lui fait obligation de conscience d'étudier la philosophie. Il part alors à la campagne, en Bretagne, pendant l'hiver 1627 - 1628.

C'est de cette époque (1622 - 1629) que datent divers traités de mathématiques (sur l'algèbre, l'hyperbole, l'ellipse, la parabole) connus par le journal de Beeckman, et d'autres petits traités qui sont perdus. L'œuvre la plus importante de cette période s'intitule les Règles pour la direction de l'esprit.

Les Provinces-Unies

Buste René Descartes - sculpté par Joseph-Sylvestre Brun - Château de Versailles

Cherchant la solitude, il décide de s'installer dans les Provinces-Unies ; il y fait d'abord un bref séjour à l'occasion duquel il va voir Beeckman, mais il revient probablement à Paris pendant l'hiver 1628, puis s'installe définitivement en Hollande au printemps 1629. Sa vie est entièrement consacrée à l'étude. Il s'inscrit à l'Université de Franeker. Il continue pourtant de se déplacer (de 1629 à 1633 : Amsterdam, Leyde, Utrecht, Deventer, Egmond aan den Hoef). Souhaitant ne pas être dérangé, il n'indique jamais sur ses lettres le vrai lieu où il se trouve, mais donne le nom de quelques villes.

À Amsterdam, Descartes vit au centre de la ville, dans la Kalverstraat, le quartier des bouchers, ce qui lui permet de faire de nombreuses dissections. Il rencontre des savants : Hendricus Reneri, Hortensius, Vopiscus Fortunatus Plempius, Schooten, etc. Ses rencontres, comme sa volonté de vivre solitaire, sont ainsi toujours subordonnées à sa passion de la recherche. Il commence en 1629 un Traité de métaphysique (aujourd'hui perdu), mais il ne semble pas que ses pensées se soient encore dirigées vers les thèses des Méditations métaphysiques. S'il formule néanmoins le {{date}} sa théorie de la création des vérités éternelles, c'est qu'il s'interroge sur la place de la science ; sa métaphysique se développe ainsi d'après ses réflexions de physique, et il ne tire pas encore au clair tous les fondements qui seront exprimés dans ses ouvrages ultérieurs.

Mais Descartes s'occupe également de mathématiques : il en réforme le système de notation, introduisant à la suite de Viète et d'Harriot, l'usage des lettres de l'alphabet latin pour désigner des grandeurs mesurables. C'est en 1631, quand Jacob Golius lui proposa le problème de Pappus, qu'il découvre les principes de la géométrie analytique. Il commence les Météores à l'occasion de l'observation des parhélies (observations faites à Rome, en 1629). Il étudie l'optique, redécouvre les lois de la réfraction que Snellius a déjà trouvées mais non publiées, et achève la rédaction de la Dioptrique.

{{article détaillé}}

Enfin, Descartes veut expliquer tous les phénomènes de la nature : il étudie les êtres vivants et fait de nombreuses dissections à Amsterdam pendant l'hiver 1631 - 1632. De là viendront le Monde et le Traité de l'homme. Les observations anatomiques de Descartes nous sont connues par les copies de Leibniz et des fragments (Excerpta anatomica, Primae cogitaniones circa generationem animalium, Partes similares et excrementa et morbi, ce dernier daté de 1631). Mais les dates de certains textes sont incertaines (pour certains jusqu'à 1648 peut-être).

Les lettres de cette période le montrent tout occupé de science ; on trouve néanmoins quelques remarques d'esthétique sur la musique. Elles nous renseignent également sur son caractère susceptible et exigeant, méprisant l'irrésolution. Dans sa lettre à Mersenne du {{date}}, Descartes dit songer à faire un traité de morale. L'infatigable père Mersenne se trouve au centre d'un réseau de mathématiciens et de scientifiques de nombreux pays. La biographie du religieux Mersenne montre qu'il est l'animateur incontournable de la vie scientifique à Paris et un des premiers vigoureux partisans de la pensée de Descartes en France, alors que ce dernier voyageur n'a publié aucun ouvrage phare.

Condamnation de Galilée

En novembre 1633, Descartes apprend que Galilée a été condamné. Il renonce par prudence à publier le Traité du monde et de la lumière qui ne paraîtra qu'en 1664.

Le Saint-Office, le {{date}}, avait condamné la proposition : Sol est centrum mundi et omnino immobilis motu ; en 1620, un décret de la Congrégation des cardinaux avait autorisé de supposer le mouvement de la Terre par hypothèse. Mais l'ouvrage de Galilée, Dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo (le dialogue sur les deux grands systèmes du monde), fut condamné le {{date}}. L'hypothèse du mouvement de la Terre selon le modèle copernicien (héliocentrisme) ne pouvait être prise en compte que s'il était clair que l’analyse était effectuée dans une perspective purement mathématique.

Descartes reçoit de Beeckman l'année suivante (1634) le livre de Galilée qui lui valut cette condamnation. Il décide alors de donner une autre orientation à son œuvre : ce sera le Discours de la méthode (en 1637) et les essais qui le suivent, en particulier les Méditations métaphysiques (1641) et les Principes de la philosophie (1644).

À la fin de 1633, Descartes quitte Deventer pour Amsterdam ; en 1635, il est à Utrecht. Il passe ensuite à Leyde (où il avait déjà été en 1630) et s'arrête à Santpoort en 1637.

reine Christine]].

De 1637 à 1641, Descartes vit principalement à Santpoort. Période heureuse au cours de laquelle il publie en français - pour « que les femmes mêmes pussent entendre quelque chose, et cependant que les plus subtils trouvassent aussi assez de matière pour occuper leur attention » - le Discours de la méthode et polémique avec ses contradicteurs, Jean de Beaugrand, Pierre de Fermat, Gilles Personne de Roberval, Plempius et Jan Stampioen ; il fait venir auprès de lui Hélène Jans, une simple servante devenue compagne et amie. En août 1635, il a et reconnaît avec Hélène une fille baptisée, Francine. Mais la fillette Francine meurt en septembre 1640 de fièvres éruptives, laissant un Descartes éploré, montrant sans fausse pudeur des larmes à ses amis. Un mois plus tard, il perd son père, âgé de soixante-dix-huit ans et doyen du Parlement de Bretagne. Ces disparitions rapprochées sont à l'origine du « plus grand regret qu'il eût jamais senti de sa vie ». Le {{date}}, l'auteur reconnu s'installe dans le petit château d'Endegeest, agrémenté d'un beau jardin, de vergers et de prairies. C'est là qu'il reçoit l'abbé Picot, l'abbé de Touchelaye, le conseiller Jacques Vallée Desbarreaux et de nombreux amis. Vers 1640, d'après le De metallorum transmutatione de Daniel Morhof (1637), il fait quelques expériences d'alchimie (ou chimie) avec son ami Cornelis Van Hogelande, mais il rejette la théorie des trois Substances (Soufre, Sel, Mercure) de Paracelse.

En 1641, il répond aux objections de Hobbes contre ses Méditations métaphysiques, publiées en latin, et il doit subir les premiers feux d'une longue controverse, dite querelle d'Utrecht, lancée par le prédicateur Voetius. Les partisans de Voetius, en particulier son élève et prête-nom Schoock, accusent publiquement Descartes et son correspondant d'Utrecht, Henricus Regius de soutenir Copernic, de nommer l'âme un « accident ». Ils l'accusent également d'athéisme et ils n'hésitent pas à pourfendre en chaire le philosophe, à réclamer qu'il subisse le sort réservé à Toulouse en 1619 à Giulio Cesare Vanini. Descartes fait alors intervenir l’université de Groningue et l’ambassadeur de France afin que cessent ces menaces. {{Article détaillé}}

Suède et fin de vie

Il rencontre Élisabeth de Bohême, fille de l'électeur Palatin détrôné en exil en Hollande, en 1643, et commence une abondante correspondance avec la jeune femme, traitant notamment d'éthique.

En 1646, alors que se poursuit la querelle d'Utrecht, il se fâche avec son correspondant, Henricus Regius, qui offre une alternative matérialiste à la métaphysique et à l'épistémologie cartésienne. Il charge un de ses élèves, Tobias Andreœ, de développer ses arguments contre Regius. Deux ans plus tard, il publie contre Regius Notes sur un Certain Manifeste.

Le {{n°}} de la rue Rollin où Descartes habita lors de ses trois séjours parisiens de 1644, 1647 et 1648.

L'intérêt et les incessantes interrogations pertinentes de la princesse Elizabeth stimulent le penseur qui s'attelle à la rédaction du Traité des Passions (1649). Faisant trois séjours en France (1644, 1647 et 1648), il rencontre au cours du second, Pascal, et prétendra lui avoir inspiré ses expériences du Puy-de-Dôme sur le vide.

En septembre 1649, il accepte sur son invitation, de devenir le tuteur de la reine Christine à Stockholm, résidant chez l'ambassadeur de France, Pierre Chanut. Dès cette époque naît la rumeur qu'elle a une liaison avec le philosophe, même si cette liaison est peu crédible. La rigueur du climat et l'horaire matinal de ses entretiens avec la reine avant 5 heures du matin sont inhabituels au penseur et auraient eu raison, selon la version officielle, de sa santé. Il n'a hâte que de partir au retour du printemps, mais serait mort le {{date}}.

Toute une mythologie sur les circonstances de sa mort voit le jour dès son décès. L'hypothèse la plus notamment évoquée dès cette époque est celle d'un empoisonnement à l'arsenic. Cette thèse est à nouveau développée par Eike Pies dans son livre Der Mordfall Descartes (« L'Affaire Descartes »), paru en 1996 puis dans La Mort mystérieuse de René Descartes (« Der rätselhafte Tod des René Descartes », désormais traduit en français-2012) de Theodor Ebert. Selon cette version, il aurait été empoisonné par une hostie, contenant une dose mortelle d'arsenic, donnée par l'aumônier François Viogué (père catholique et missionnaire apostolique de la Propaganda Fide, attaché à l'ambassade de France à Stockholm), qui aurait craint que l'influence cartésienne (notamment son refus (comme Luther et Calvin) du dogme catholique de la transsubstantiation), ne dissuade la reine Christine luthérienne de se convertir au catholicisme : Christine de Suède envoie au chevet du philosophe le médecin Van Wullen qui note les symptômes suivants dans son compte-rendu : coliques, frissons, vomissements, sang dans l'urine. Descartes se fait préparer comme antidote, un émétique à base de vin et de tabac, ce qui laisse penser qu'il suspectait lui-même l'empoisonnement. En 1666, l'ambassadeur en Suède Hugues de Terlon est missionné par Louis XIV pour rapatrier sa dépouille : constatant lors de l'exhumation le {{1er}} mai que le corps est en état de décomposition avancée, il transfère les restes dans une boîte de cuivre de {{unité}} de longueur. Au passage, l'ambassadeur prélève, pour lui-même, l'index droit du philosophe qui {{Citation}}.

Le {{date}} le cercueil en cuivre de Descartes fut déposé sous un monument de marbre en l'église de l'Abbaye Sainte-Geneviève de Paris qui tombe en ruines au fil des décennies. En 1790, l'Assemblée nationale constituante charge Alexandre Lenoir de choisir les tombeaux et sculptures qui méritent d'être conservés dans l'ancien couvent des Petits-Augustins. En 1792, l’abbé de Sainte-Geneviève lui demande de sauver les biens de son église. À part le crâne de Descartes qui manque, le Conservateur du Patrimoine récupère dans un « coffre de bois » les ossements attribués à Descartes (fragment de tibia et de fémur, de radius et de cubitus, les autres os étant réduits en poussière) qui sont transférés dans un sarcophage en porphyre dans l'ancien couvent, devenu dépôt des monuments ; au passage il récupère un os plat, afin d'y faire des bagues pour ses amis. Sous la Restauration, les ossements sont conservés au couvent des Bernardins, puis réinhumés à l'église Saint-Germain-des-Prés où ils reposent depuis le 26 février 1819. Mais son crâne supposé a connu de nombreuses vicissitudes : a-t-il été volé par Isaac Planström, un officier des gardes de la ville de Stockholm chargé de son exhumation en 1666? A-t-il été racheté lors d'une vente aux enchères et ramené en France par le chimiste suédois Berzélius en 1821 ? Ce prétendu crâne de Descartes, sur lequel est gravé un poème en latin et le nom de ses neuf propriétaires successifs, est remis par Berzélius à Georges Cuvier qui le confie à la collection anatomique du Jardin des plantes, puis celle du Musée de l'Homme en 1931. Prétendu car il existe cinq autres crânes attribués au philosophe. Bien que la Convention nationale, en 1792, ait projeté de transférer ses cendres au Panthéon de Paris avec les honneurs dus aux grands hommes, ses restes sont, deux siècles plus tard, toujours « coincés » entre deux autres pierres tombales - celles de Jean Mabillon et de Bernard de Montfaucon - dans une chapelle abbatiale de l'église Saint-Germain-des-Prés, à Paris. L'arrêté de la Convention n'a toujours pas été appliqué, de même que le projet en 1996 de François Fillon de transférer le prétendu crâne au Collège royal de La Flèche où Descartes a été pensionnaire ou celui de la panthéonisation de ce crâne en 2010, ce qui peut être expliqué par les doutes sur l'authenticité même des ossements et du crâne du philosophe.