Aller au contenu principal

Saint-John Perse (1887-1975)

Contents


Biographie

Jeunesse et débuts diplomatiques

Fils d'Édouard Pierre Amédée Leger, avocat-avoué à Pointe-à-Pitre à partir de 1873, et Marie Pauline Françoise Renée Dormoy, fille d'une famille de planteurs, Alexis Leger naît au {{numéro}} rue Achille-René-Boisneuf à Pointe-à-Pitre où il passe son enfance ainsi que dans les deux importantes demeures familiales que sont La Joséphine — une caféière sur les hauteurs de Saint-Claude au sud de Basse Terre — et Le Bois-Debout — une exploitation de canne à sucre à Capesterre — qui marqueront son imaginaire. Il fait son entrée en huitième au lycée de Pointe-à-Pitre tout récemment créé (futur lycée Carnot) mais suit ses parents partis pour Pau en mars 1899. Il entre en classe de cinquième au lycée de la ville, l'actuel lycée Louis-Barthou (c'est un autre lycée de Pau qui porte aujourd'hui son nom). Il fait ensuite des études de droit à Bordeaux dès 1904, puis fait son service militaire dans l'infanterie à Pau dès la fin de ses études.

Il rencontre assez tôt le poète Francis Jammes, en 1902, qui habite alors à Orthez, lequel le présente notamment à Paul Claudel, avec qui il entretient des relations mouvementées. Grâce à Jammes encore, il entre en relation avec André Gide et le milieu de la NRF. Gide et Jacques Rivière le poussent à publier ses premiers poèmes. Les poèmes Images à Crusoé puis Éloges paraissent dans La Nouvelle Revue française en 1909 et 1910, puis en recueil sous le titre Éloges en 1911. Valery Larbaud consacre un article très élogieux au recueil dans la revue La Phalange.

Le diplomate

Locarno]] en 1925.
De gauche à droite : Saint-John Perse, Henri Fromageot, Aristide Briand, Philippe Berthelot. Ayant réussi au concours des consulats en 1914, il est affecté au service de presse du ministre Delcassé, puis à la Maison de la presse du ministère des Affaires étrangères avant d'être nommé secrétaire de la légation française de Pékin où il reste de 1916 à 1921. Remarqué par Aristide Briand, il est nommé à l'administration centrale du ministère en 1922 puis devient en 1925 directeur du cabinet du ministre. En février 1933, il remplace Philippe Berthelot souffrant au poste de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, avec le rang et la dignité d'ambassadeur de France, et ce jusqu'en 1940.

Peu de temps après avoir été nommé chef de cabinet d'Aristide Briand, Alexis Leger, alors germanophile, est l'un des principaux auteurs des Accords de Locarno en octobre 1925, plaidant pour une {{Citation}} ; Aristide Briand aura été son mentor et après sa mort en 1932, son disciple prolongera son influence au Quai d'Orsay et ce jusqu'en 1940. Ce que l'on a appelé la « pactomanie » lui sera reprochée par ses ennemis politiques. Toute sa vie, Alexis Leger a défendu la mémoire de Briand, comme en 1942 où il prononce un discours à sa mémoire à New York. Saint-John Perse est présent pendant la négociation des accords de Munich le {{date-}}. Il se trouve en arrière-plan derrière Mussolini, à droite. Secrétaire général du ministère des affaires étrangères, il a participé en {{date-}} à la conférence de Stresa. À ce poste pendant huit ans, il a assuré la continuité de la diplomatie française devant la valse des ministres (plus d'un par an en moyenne, dont Pierre Laval). Ainsi, en {{date-}}, au moment de son arrivée au pouvoir, Léon Blum, sur plusieurs sujets, demanda : « Qu'en pense Leger ? » Par exemple sur l'attitude à adopter face à la remilitarisation de la rive gauche du Rhin. S'agissant de la guerre d'Espagne et de la politique de la non-intervention, le rôle de Leger a peut-être été déterminant. Lors des Accords de Munich, il semble moins complaisant que Daladier et surtout Georges Bonnet, son ministre, devant l'abandon de la Tchécoslovaquie : Hitler le qualifie à cette occasion de {{Citation}}. En juin 1940, Paul Reynaud le démet brutalement de ses fonctions pour marquer une rupture avec la politique de passivité pratiquée vis-à-vis du Reich pendant huit ans et, accessoirement, pour complaire à sa maîtresse. Leger, remplacé par François Charles-Roux, en est blessé, refuse les affectations qui lui sont proposées en compensation et s'exile aux États-Unis.

Non sans être d'abord passé par Londres, mais tout rapprochement avec de Gaulle était impossible : Leger lui dénie toute légitimité. Il est alors déchu de la nationalité française par le régime de Vichy, son appartement parisien est mis à sac et il est radié de l'ordre de la Légion d'honneur. À Washington, il a trouvé un emploi à la bibliothèque du Congrès grâce à Archibald MacLeish, poète américain, qui en était le bibliothécaire. Il devient, avec Jean Monnet peut-être, le seul Français qu'accepte d'écouter le président Roosevelt, très hostile au général de Gaulle. Le chef de la France libre essaie de le rallier à sa cause, mais Leger refuse sèchement, ce que le Général ne lui pardonnera jamais : en 1960, à l'occasion de son prix Nobel, Alexis Leger ne reçoit aucune félicitation du Général.

Après la publication de ses Œuvres Complètes dans La Pléiade, en 1972, deux anciens très importants diplomates du Quai d'Orsay, René Massigli et Léon Noël, le dénonceront comme faussaire (sic) : en effet, il y publie sa correspondance privée avec sa mère, qui annonce, entre 1917 et 1920, des prophéties politiques concernant la Chine et l'Union Soviétique, que l'on ne retrouve pas dans ses notes adressées, à cette époque, au ministère des Affaires étrangères.

Exil américain et mort

Aux États-Unis, en Argentine et en France, il publie successivement Exil en 1942, Pluies et Poème à l'étrangère en 1943, Neiges en 1944. À la Libération, depuis les États-Unis, il publie Vents chez Gallimard en 1946, puis Amers en 1957. À cette date, il revient chaque été faire de longs séjours en France, sur la presqu'île de Giens où des amis américains ont acquis pour lui une propriété, « Les Vigneaux ». Il se marie avec une Américaine, Dorothy Russel, dédicataire de Poème à l'étrangère, qu'il appelle « Dot » et surtout « Diane », de vingt ans plus jeune que lui. Il publie son poème Chronique en 1960, année où lui est attribué, grâce à ses amis américains et à Dag Hammarskjöld, secrétaire général des Nations unies, le Prix Nobel de littérature. Son allocution au banquet Nobel du 10 décembre 1960 est consacrée aux rapports entre science et poésie. Il publiera encore le recueil Oiseaux, inspiré par Georges Braque en 1963, et encore quelques poèmes dans la Nouvelle Revue Française : Chanté par Celle qui fut là en 1969, Chant pour un équinoxe en 1971, Nocturne en 1973 et Sécheresse en 1974. Il meurt le 20 septembre 1975, sur la presqu'île de Giens, dans le Var, où il repose désormais. Ses quatre derniers poèmes paraissent peu après en recueil sous le titre Chant pour un équinoxe. Peu avant sa mort, il avait légué tous ses manuscrits, papiers et objets personnels, ainsi que les livres de sa bibliothèque, à la Ville d'Aix-en-Provence, qui aujourd'hui encore abrite la Fondation Saint-John Perse. Son épouse Dorothy est décédée en 1985.