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Thérèse d'Avila (1515-1582 ; sainte)

Contents


Biographie

Enfance

Teresa Sánchez de Cepeda Dávila y Ahumada est née le {{date de naissance}} à Ávila (Vieille-Castille). Son père est Alonso Sánchez de Cepeda. D'un premier mariage avec Catarina del Peso y Henao (issue de la petite noblesse castillane), il a deux fils et une fille : Juan, Pedro et María. Devenu veuf, il se remarie avec Beatriz Dávila y Ahumada apparentée avec sa première épouse. Beatriz lui donne huit fils et deux filles : Hernando, Rodrigo, Teresa, Juan, Lorenzo, Pedro, Jerónimo, Antonio, Agustín et Juana. Teresa est baptisée dans l’église Saint-Jean le 4 avril.

L'idéal pieux et l'exemple édifiant de la vie des saints et martyrs lui sont transmis dès son enfance par ses parents, le chevalier Alonso Sánchez de Cepeda et Beatriz Dávila y Ahumada. Sa famille paternelle est issue de Juifs convertis séfarades de Tolède. Son grand-père Juan Sánchez, riche marchand de Tolède, fut condamné en 1485 par l'Inquisition tolédane, pour cause de crypto-judaïsme, à porter le san-benito lors de pénitences publiques pendant sept vendredis, dans les églises de Tolède. Bien que réconcilié, il fut ruiné et s'installa à Ávila où il prospéra de nouveau et put acheter un faux certificat d'hidalguia l'apparentant à un chevalier d'Alphonse XI et l'exemptant des impôts, séquestres et prison.

Selon la description faite dans ses écrits destinés à son confesseur (recueillis dans l'un de ses écrits autobiographiques, la Vida de Santa Teresa de Jesús), Thérèse montre dès sa tendre enfance une nature passionnée et une imagination fertile. Son père, amateur de lecture, possédait quelques romans, dont l'étude suscite l'éveil de la sensibilité de la petite fille de six ans.

Adolescence

Statue de Thérèse à Ávila.

Précocement instruite des histoires édifiantes de la vie des saints, elle souhaite vivre le martyre en allant avec son frère Rodrigue dans les « terres des infidèles ». Échouant dans leur projet, le frère et la sœur décident de se faire ermites. Thérèse écrit : {{Citation}}.

En 1527, à l'âge de douze ans, Thérèse perd sa mère. La jeune Thérèse demande alors à la Vierge Marie de lui servir de mère.

Adolescente passionnée de romans de chevalerie (elle en écrit en 1529), elle oublie sa dévotion religieuse et ses jeux d'enfance. Elle déclare : {{Citation}}.

Pendant trois mois, et avec la complicité des domestiques, elle succombe aux passe-temps des agréables compagnies, faisant ainsi courir un danger à elle-même et à l'honneur de son père et de ses frères. Elle prend également goût pour les parures avec le désir de plaire. Cependant elle-même déclare « qu'elle détestait les choses malhonnêtes ». Son père décide alors d'envoyer Thérèse au couvent de Santa María de Gracia à Ávila en 1531. Thérèse supporte difficilement son manque de liberté. Elle ne veut pas devenir religieuse, et ses adorateurs lui envoient des billets, mais comme selon ses propres mots « il n'y avait pas place pour tout cela, la chose cessa promptement ». Thérèse y reste jusqu'à l'automne 1532, sans se décider à embrasser la vie religieuse.

Vocation religieuse

Statue de sainte Thérèse dans la chapelle de la cathédrale Caxias do Sul (Brésil).

Elle tombe gravement malade, et doit rentrer chez son père. Après sa convalescence, il la confie à sa sœur Marie de Cepeda qui vit à Castellanos de la Cañada avec son mari, don Martín de Guzmán y Barrientos. Luttant contre elle-même, elle parvient à dire à son père qu'elle souhaite entrer dans les ordres, tout en sachant qu'elle ne reviendra pas sur sa décision. Son père lui répond qu'il ne l'acceptera jamais de son vivant.

Aidé d'un de ses frères, Thérèse fugue du domicile familial le {{date}} (ou le {{date}} selon Francisco Ribera) pour le couvent de l'Incarnation à Ávila.

Ce monastère était non cloîtré, permettant aux religieuses de sortir et de recevoir des visites.

Elle y fait ses vœux le {{date}} (selon Ribera, elle prend l'habit le {{date}} et prononce ses vœux le {{date}}). Thérèse passe vingt-sept ans dans cette communauté très nombreuse, de style encore médiéval. Ces premières années au Carmel se passent sans événements notables. Mais elle est très critique vis-à-vis des pratiques religieuses de l'ordre, qu'elle réformera quelques années plus tard.

Après être entrée au couvent, sa santé se détériore. Elle souffre très probablement de crises d'épilepsie, d'évanouissements, d'une cardiomyopathie non définie et d'autres troubles ; ainsi se passe la première année. Pour la guérir, son père l'emmène en 1535 à Castellanos de la Cañada avec sa sœur. Thérèse reste dans ce village jusqu'au printemps 1536 (elle réussit même durant son séjour à convertir un prêtre qui y vivait en concubinage), puis elle part à Becedas. De retour à Ávila (le dimanche des Rameaux de l'année 1537), elle subit en juillet une rechute de quatre jours chez son père. Elle reste paralysée pendant plus de deux ans. Aussi bien avant qu'après sa rechute, elle connut de grandes souffrances physiques.

Vers le milieu de l'année 1539, Thérèse recouvre la santé, selon elle, grâce à saint Joseph. Avec la santé reviennent les goûts mondains, faciles à satisfaire : Thérèse vit à nouveau au couvent et reçoit de fréquentes visites.

Conversion

Selon elle, son esprit s'alanguit, au point de lui faire abandonner la prière (1541). Un jour, par hasard, elle voit dans un oratoire une image de Jésus-Christ souffrant qui provoque en elle une profonde émotion. Elle dira : {{Citation}}. Elle décide alors de reprendre l'oraison. La lecture des Confessions de saint Augustin l'encourage dans sa conversion.

Saint Pierre d'Alcántara donnant la communion à sainte Thérèse d’Avila, par Livio Mehus.

Ressentant des grâces spirituelles dans son oraison, Thérèse se confie à son confesseur pour savoir si elles viennent de Dieu ou du démon. Celui-ci, après l'avoir écouté, lui indique que c'est le démon qui lui crée des illusions ; cette nouvelle cause beaucoup de tourments à Thérèse. Après plusieurs années où il lui tient ce même discours, l'ecclésiastique conseille finalement à Thérèse d'aller prendre conseil des prêtres de la Compagnie de Jésus.

C'est à ce moment, en 1555, que les jésuites Juan de Padranos et {{Lien}} fondent un collège à Ávila. Padranos devient le confesseur de Thérèse. L'année suivante (1556), Thérèse commence à ressentir des faveurs spirituelles intenses, et peu après (1557) elle se voit encouragée par saint François de Borgia (qui lui confirme que les faveurs spirituelles dont elle jouit viennent bien de Dieu et non du démon). Elle raconte avoir sa première apparition ainsi que la vision de l'enfer en 1557 ; en 1559 elle prend pour confesseur Baltasar Alvarez, qui dirige sa conscience pendant six ans, et reçoit, dit-elle, de grandes faveurs célestes, parmi lesquelles la vision de Jésus ressuscité.

En 1560, elle fait le vœu de toujours aspirer à la plus grande perfection ; saint Pierre d'Alcántara approuve cet état d'esprit, et saint Louis Bertrand l'encourage à mettre en œuvre son projet de réforme de l'Ordre du Carmel, qu'elle a conçu aux alentours de cette date : elle veut fonder à Ávila un monastère observant strictement la règle de l'Ordre, qui inclut l'obligation de la pauvreté, de la solitude et du silence. Son confesseur, le dominicain Pedro Ibáñez, lui ordonne d'écrire le récit de sa vie, travail qui va durer de 1561 à juin 1562. Plus tard, sur les conseils de Soto, elle réécrit le récit de sa vie en 1566.

Transverbération

La transverbération de sainte Thérèse par Josefa de Óbidos (1672).

Au sommet de sa vie mystique, Thérèse raconte avoir vécu l'expérience de la transverbération. Dans sa biographie française publiée au {{s-}} il est dit : {{citation bloc}}

Selon le biographe Pierre Boudot : {{citation bloc}}

En 1652, Le Bernin réalisera une sculpture de L'Extase de sainte Thérèse dans la chapelle Cornaro de Santa Maria della Vittoria à Rome, commémorant cet événement.

Pour perpétuer la mémoire de cette mystérieuse blessure, le pape Benoît XIII, à la demande des carmélites d'Espagne et d'Italie, établit en 1726 la fête de la transverbération du cœur de sainte Thérèse (le 26 août). Le biographe Boudot ajoute : {{citation}}. De nos jours, cette fête est toujours célébrée dans l'Ordre du Carmel avec un rang de solennité.

Explication scientifique proposée

Le neurologue Gilles Huberfeld, spécialiste en épileptologie, est d'avis que les extases de sainte Thérèse d'Avila s'apparentaient en réalité à des crises épileptiques impliquant le lobe temporal droit.

Cependant, cette hypothèse n'explique pas la blessure observée au cœur lors de son autopsie (réalisée selon les procédures médicales en vigueur au {{s-}}) à la suite de son décès, et à l'époque identifiée comme étant liée à sa transverbération{{,}}.

Première fondation à Ávila

Mécontente du « relâchement » des règles, qui avaient été assouplies en 1432 par Eugène IV, Thérèse décide de réformer l'ordre pour revenir à l'austérité, la pauvreté et l'isolement qui faisaient partie, pour elle, de l'esprit carmélite authentique. Elle demande conseil à Francisco de Borja et à Pedro de Alcántara qui approuvent sa ligne de pensée et sa doctrine.

Dès 1560, Pierre d'Alcántara soutient Thérèse dans sa détermination à mettre en pratique sa foi et son appel mystique. Il devient son maître spirituel et son conseiller. Ce support moral lui permettra d'entreprendre la création d'une série de couvents sans le laxisme qui l'avait choquée dans de nombreux cloîtres dont celui de l'Incarnation.

Après deux années de combat, la bulle de Pie IV pour la construction du couvent Saint-Joseph lui est remise par ordre de frère García de Toledo à Ávila.

Couvent de Saint-Joseph à Ávila.

Fin 1561, Thérèse reçoit une somme d'argent envoyée par l'un de ses frères depuis le Pérou. Cette somme lui permet de financer son projet. Pour ce projet de fondation du couvent Saint-Joseph, elle reçoit également l'aide de sa sœur Jeanne. Au début de l'année 1562, Thérèse part à Tolède chez Doña Luisa de la Cerda, chez qui elle reste jusqu'en juin. La même année, elle fait connaissance du père Báñez, qui devint ensuite son principal directeur, et du frère García de Toledo, tous deux Dominicains.

Le couvent est inauguré le {{date}}, celui-ci est, selon Thérèse, mieux adapté et plus fidèle à la tradition du carmélitaine. Quatre novices du nouvel ordre des carmélites déchaussées de Saint-Joseph y emménagent. En abandonnant leurs chaussures, les carmélites sont rebaptisés les carmes déchaussés ou les Carmes déchaux.

Le dépouillement absolu du couvent Saint-Joseph suscite critiques et hostilité chez les édiles de la cité et les Ávilans de tous bords. Rapidement la nouvelle institution est menacée de fermeture. Mais l'appui de puissants prescripteurs, dont l'évêque de la ville, et les succès de subsistance déjouent l'animosité. Peu à peu, l'expérience devient un modèle. Thérèse passe alors cinq années dans son couvent de Saint-Joseph, qui seront, d'après ses mots, {{Citation}}.

La réforme thérésienne

La règle carmélitaine primitive

L'idée de départ de la réforme thérésienne était de revenir aussi près que possible de la règle initiale des ermites du mont Carmel. Thérèse dit : {{Citation}}. Faisant vœu de pauvreté, les carmes (et carmélites) renoncent à tout bien de propriété en propre (les biens appartiennent à la communauté), si les carmélites ne portent pas de chaussures (d'où le nom de "déchaussés"), elles portent des sandales et de gros bas. Thérèse rapporte néanmoins avoir vu Jean de la Croix partir prêcher dans les villages en marchant pieds nus dans la neige (mais elle lui reprochera plusieurs fois ses "excès de zèle" dans ses pénitences).

Thérèse déclare : {{Citation}}

Pauvreté, humilité, obéissance

Les religieuses fidèles à sa réforme dorment sur une paillasse, portent des sandales de cuir ou de bois ; elles consacrent huit mois par an aux rigueurs du jeûne et s'abstiennent totalement de manger de la viande (sauf en cas de contrainte médicale){{,}}. Thérèse ne désire aucune distinction pour elle-même et vit de la même manière que les autres religieuses.

Contemplation et mission apostolique

Thérèse d'Ávila, par François Gérard, 1827. Infirmerie Marie-Thérèse, Paris.

Un autre point important est le temps d'oraison qui devient un temps obligatoire et important de la journée carmélitaine (2 heures quotidiennes), avec bien sûr, les sept offices liturgiques qui rythment la journée. Cette vie contemplative n'est pas une fin en soi (pour Thérèse), mais un outil pour la sainteté de l'Église : en étant « l’apôtre des apôtres », elle veut offrir sa vie entière à Dieu pour la sainteté des ministres de l'Église. Thérèse dit qu'une (religieuse) authentique disciple et « amie » du Christ, par sa vie offerte dans le silence et la contemplation, peut être d’un très grand prix pour le salut du monde.

La clôture et le silence

Autre changement important, la clôture du couvent est strictement respectée, les visites sont limitées en nombre et se font au parloir derrière des grilles (ou en présence d'autres religieuses). Les visites extérieures ne sont pas prévues dans les constitutions{{,}}.

Enfin, pour limiter des problèmes et dérives que Thérèse a elle-même expérimentés dans son couvent de l'Incarnation, elle limite le nombre de religieuses par couvent. Ainsi elle peut garantir le silence et le recueillement dans le couvent, et protéger la vie de prière des religieuses.

Une idée partagée par d'autres

Un siècle avant Thérèse, Jean Soreth (1394-1471), un carme français avait déjà essayé de mettre en place, dans les couvents des carmes de France, une réforme identique. Le Père Soreth avait soutenu un mouvement de réforme analogue en Italie mené par la congrégation de Mantoue (mouvement appelé la réforme de Mantoue, du nom d'un des couvents, tête de file du mouvement). Ce dernier existait toujours du temps de Thérèse.

Un peu après Thérèse, Jean de Saint-Samson (1571,1636), un autre carme français, va initier en France, parmi les Grands carmes (non réformés par Thérèse), un nouveau mouvement de réforme, proche du mouvement thérésien : la Réforme de Touraine.

Ces deux mouvements de réforme au sein des carmes chaussés se sont heurtés à de très vives résistances, et n'ont pas eu l'extension obtenue par les déchaux.

Fondations dans toute l'Espagne

Thérèse d'Ávila par Alonso del Arco ({{s-}}).

Thérèse va fonder au total dix-sept couvents dans toutes les provinces d'Espagne, ce qui l'amènera à être régulièrement sur les routes, par tous les temps, tant pour fonder de nouveaux monastères, que pour visiter les couvents déjà existants. Les premières fondations sont financées par Guimara de Ullon, une riche donatrice et amie de la sainte.

Le père Rossi, supérieur général du Carmel, visite en 1567 le couvent de San José, et donne à Thérèse la permission de fonder d'autres couvents de femmes et deux couvents d'hommes. Le principal des carmes Rubeo de Ravenna lui fournit la lettre patente l'autorisant à la création d'autant de couvents qu'elle le souhaite. Elle se rend à Madrid et Alcalá de Henares (fondé par son amie Marie de Jésus le {{date}}) pour réformer de nouveaux couvents. Un nouveau monastère est fondé à Malagón. Elle y rencontre Jean de la Croix qui vient la rejoindre et la soutenir dans sa réforme. Thérèse se rend ensuite à Tolède, où elle tombe malade, et passant par Escalona. Elle revient à Ávila, avant de repartir pour Valladolid où elle fonde un nouveau couvent.

De 1567 à 1571, des couvents réformés sont ainsi établis à Medina del Campo, Malagón, Valladolid, Tolède, Pastrana, Salamanque et Alba de Tormes.

Le premier couvent de frères carmes réformé est fondé à Duruelo le {{date}} avec le frère Jean de Saint-Matthias qui prend son nom de Jean de la Croix. Thérèse espérait cette fondation depuis longtemps afin de pouvoir disposer pour ses carmélites de confesseurs et d'accompagnateurs spirituels ayant également une vie d'oraison et pouvant donc les guider et les accompagner dans leur cheminement spirituel (et éventuellement les grâces mystiques). Cette fondation se fait très pauvrement, aux dire même de Thérèse dans une simple maison, avec deux moines : Jean de la Croix et Antoine de Heredia.

Sainte Thérèse d'Avila, vitrail du couvent de Sainte-Thérèse.

En 1571, Thérèse est nommée, contre sa volonté, prieure du couvent de l'Incarnation (son ancien couvent). Elle décide de le réformer en douceur et fait nommer l'année suivante Jean de la Croix comme confesseur officiel des religieuses. Cette opération sera d'un grand succès, mais les carmes chaussés, supplantés dans leur tâche de direction spirituelle du couvent, et jaloux de l'admiration des carmélites pour le jeune Jean de la Croix, lanceront une grande offensive contre Thérèse et sa réforme en 1577.

Alors qu'elle est toujours supérieure du couvent, Thérèse se rend à Alba (1574) avant d'aller, malgré son état de santé, à Medina del Campo, Ávila et Ségovie où elle crée un nouveau couvent. Ce dernier sera le lieu de refuge des religieuses de Pastrana.

En effet, la princesse d'Eboli, Ana de Mendoza de la Cerda, avait décidé de fonder le couvent de Pastrana puis, après la mort de son époux (le 29 juillet 1573), elle décide d'y entrer comme carmélite. Mais son attitude autoritaire face à la supérieure du couvent et aux autres religieuses entraîne des conflits incessants. À la demande des religieuses, Thérèse décide donc d'abandonner cette fondation, de faire évacuer le couvent, et de rapatrier les carmélites dans le couvent de Ségovie{{,}}.

Toujours en 1574, l'autobiographie de Thérèse est soumise à l'Inquisition. Thérèse, après avoir terminé son mandat comme prieure au couvent de l'Incarnation le (6 octobre), retourne à son couvent de Saint-Joseph. Puis, en fin d'année, elle se rend à Valladolid.

Début janvier 1575 elle revient à Ávila en passant par Medina del Campo. Après une courte halte, elle repart pour Beas de Segura, Tolède, Malagón et Almodóvar. Dans cette dernière localité, elle rencontre le tout jeune (futur) saint Jean-Baptiste de la Conception, futur réformateur de l'ordre des Trinitaires.

Après la fondation du dixième carmel à Veas le 24 février, et celui d'Almodóvar del Campo, elle reprend la route le 7 mars, malade et éprouvée par le voyage, vers Séville. Elle y subit de nombreuses contradictions, mais parvient à ouvrir un couvent dans cette ville : ce sera son dernier.

Les fondations de couvents de Ségovie (1571), Beas de Segura (1575), Séville (1575), et de Caravaca de la Cruz (Murcie, 1576) sont appuyées par Jérôme Gratien, visiteur carmélite et vicaire apostolique. Le charismatique et mystique Jean de la Croix use de son pouvoir de prédication et d'enseignement pour soutenir et développer ce mouvement de réforme et de fondations.

Oppositions et persécutions

Par des membres de l'Ordre

En 1576 une série de persécutions est lancée par l'ordre du carmel (les moines de l'ancienne observance) contre les réformateurs, Thérèse et ses disciples. En suivant des décrets adoptés lors de la réunion générale du chapitre à Plaisance, les « définisseurs » de l'ordre gèlent toute nouvelle ouverture de couvent. Thérèse est assignée à rester dans l'un de ses couvents. Elle obéit et choisit Saint-Joseph à Tolède. Ses amis et disciples sont soumis à des décisions encore plus sévères.

Pour soutenir Thérèse, les religieuses du couvent de l'Incarnation à Ávila, décident de la réélire prieure (bien que la règle n'autorise pas une nouvelle réélection). Mais, le père Valdemoro venu superviser le chapitre (octobre 1577) interdit formellement aux carmélites de voter pour Thérèse, sous peine d'excommunication (néanmoins certaines carmélites passeront outre).

Le nonce Hormanet décède et le nouveau nonce est instruit à charge, par les carmes chaussés, contre Thérèse. Il arrive donc avec des idées très arrêtées sur la réforme thérésienne. Le père Gratien, protecteur de Thérèse est démis de ses fonctions et le père Ange Salazar est nommé à sa place. Beaucoup de médisances et de calomnies circulent par écrit à son sujet, mais Thérèse reste dans son couvent, très calme, poursuivant sa correspondance. C'est à cette période qu'elle rédige son ouvrage majeur Le château intérieur.

Après un certain temps, Thérèse tente d'écrire au roi d'Espagne pour lui demander sa protection, mais celui-ci, même avec le soutien des évêques ne réussit pas à convaincre le nonce du Vatican. Finalement, des carmes déchaussés se rendent à Rome pour demander la séparation en provinces carmélitaines autonomes des couvents réformés des autres couvents non réformés. Cette solution technique va résoudre les quatre années de blocages et d'oppositions : Thérèse peut reprendre ses fondations.

Problèmes avec l'Inquisition espagnole

L'Inquisition espagnole va faire plusieurs enquêtes sur Thérèse et bloquer un temps ses actions.

Thérèse avait rédigé un ouvrage autobiographique ({{harvsp}}) sur demande de son confesseur. Cet ouvrage contenant des enseignements sur la vie de prière et l'oraison mentale, Thérèse le diffuse dans ses couvents pour instruire ses carmélites. À la suite de la publication et de la diffusion de cet ouvrage à la cour même du roi d'Espagne, l'Inquisition fait effectuer une première étude de l'ouvrage en juillet 1575 (par le père Domingo Báñez) qui donne un avis favorable.

Mais une seconde dénonciation en juillet 1576 par une jeune fille, accueillie comme novice dans un couvent par Thérèse, puis finalement expulsée pour indiscipline, entraîne la saisie de tous les livres (l'original et toutes les copies) par l'Inquisition et Thérèse est assignée à résidence dans un couvent de Castille en 1575. Les principaux chefs d'accusation de l'Inquisition concernent sa pratique de l'oraison mentale (et non vocale) propice aux effusions mystiques, telles la glossolalie, les stigmates ou la lévitation qui lui sont accordées et sont dénoncées comme des signes de possession démoniaque par le manuel des dominicains Malleus Maleficarum.

Compte tenu des accusations portées contre Thérèse par cette personne, l'Inquisition mène une enquête sur Thérèse même, et finalement l'innocente totalement. Cependant, le livre restera sous séquestre jusqu'à la mort de Thérèse, à son grand désespoir.

Après la mort de Thérèse, la prieur du couvent de Madrid demande au cardinal Quiroga, membre du conseil suprême, de se voir restituer l'ouvrage. Celui-ci accepte, et va même jusqu'à obtenir du conseil de l'Inquisition une subvention pour faire publier l'ouvrage.

Dernières fondations

Bien qu'étant presque toujours malade, elle se rend à Medina del Campo (1582), Valladolid, Palencia et Burgos où elle fonde son dernier couvent. Elle apprend qu'un seizième couvent carmélite a été créé à Grenade et qu'un nouveau couvent de déchaussées est fondé à Lisbonne. Le dix-septième carmel est créé à Burgos. En quittant Burgos, elle poursuit sa route en passant par Palencia, Valladolid, Medina del Campo et Peñaranda.

Décès et reliques

Décès et sépulture

À son arrivée à Alba de Tormes (le 20 septembre) son état empire. La veille de la saint François, elle dit à ses carmélites rassemblées autour d'elle {{Citation}} À ces paroles, les religieuses fondent en larmes.

Sœur Anne de Saint-Barthélemy la tient dans ses bras durant ses dernières heures. C'est ainsi qu'elle décède durant la nuit du jeudi 4 au vendredi {{date}}. En effet, cette nuit là, l'Espagne et le monde catholique basculaient du calendrier julien au calendrier grégorien par décision du pape Grégoire XIII, d'où l'expression de « la nuit du 4 au 15 ». Depuis, elle est fêtée le 15 octobre.

Ses dernières paroles sont {{Citation}} et {{Citation}}. La cause de la mort est une métrorragie (peut-être consécutive à un cancer de l'utérus ou à un carcinome utérin).

Thérèse est inhumée sans embaumement. Sa dépouille est enterrée dans le chœur de la chapelle du couvent de l'Annonciation de la ville d'Alba de Tormes.

Reliquaire contenant le cœur de sainte Thérèse à Alba de Tormes.

Exhumations et partages des reliques

Neuf mois après son décès, une première exhumation a lieu : alors que les vêtements ont pourri, le corps est découvert incorrompu et en odeur de sainteté (son acétonémie diabétique pouvant expliquer ce phénomène).

Avant de remettre le corps dans une tombe, le père Gratien, provincial des Carmes, sectionne une main pour être mise dans un reliquaire destiné aux religieuses d'Avila (du couvent Saint-Joseph). Sur cette main, il prélève pour son propre compte le petit doigt qu'il garde pour lui. La dépouille est à nouveau ensevelie dans le même tombeau, mais dans un cercueil neuf.

À la suite d'un chapitre de l'ordre des carmes déchaux à Pastrane en 1585, il est décidé de transférer le corps de Thérèse au couvent Saint-Joseph d'Avila. Le {{date}} le corps est alors exhumé une seconde fois. Les religieuses d'Alba demandent de conserver un bras comme relique dans leur couvent, ce qui est fait. Le reste du corps est secrètement envoyé à Avila (pour éviter le blocage des autorités et des habitants de la ville d'Alba). Mais quand le duc d'Alba se rend compte du transfert, il écrit au pape pour se plaindre de cet enlèvement réalisé à son insu et demander le retour de la précieuse relique. Le pape soutient sa demande et exige la restitution du corps. La dépouille de Thérèse revient au couvent d'Alba de Tormes le 25 août 1586, toujours transférée dans la discrétion, cette fois pour ne pas choquer les Avilans.

À chaque fois que sa dépouille fut exhumée à l’occasion d’un examen canonique ou pour satisfaire la dévotion de dignitaires religieux ou de monarques espagnols (1592, 1604, 1616, 1750, 1760), des reliques sont prélevées.

Dernières translations

Le sépulcre de Thérèse d'Avila au niveau du retable du couvent carmélite d'Alba de Tormes.

En 1598, un sépulcre est édifié. On y transfère son corps, toujours incorrompu, dans une nouvelle chapelle en 1616. Puis en 1670 on le transfère à nouveau pour l'installer dans une châsse d'argent. La dernière translation de ses restes a eu lieu le {{date}} dans un tombeau en marbre sculpté par Jacques Marquet et placé au-dessus du maître-autel de l'église de l'Annonciation d'Alba de Tormes.

Répartition des reliques de sainte Thérèse

Ses reliques sont désormais présentes dans plusieurs lieux :

  • son pied droit et une partie de la mandibule supérieure à Rome ;
  • sa main gauche à Lisbonne ;
  • son œil gauche et sa main droite à Ronda (Espagne) ;
  • son bras gauche et son cœur dans des reliquaires du musée de l'église de l'Annonciation d'Alba de Tormes ;
  • le reste du corps (incorrompu) est déposé sur l'autel principal de l'église de l'Annonciation (Alba de Tormes) dans un tombeau de marbre gardé par deux anges ;
  • un doigt dans l'église de Notre-Dame de Lorette à Paris ;
  • un autre doigt est à Sanlúcar de Barrameda ;
  • plusieurs doigts et d'autres restes de la sainte sont dispersés dans toute l'Espagne et toute la chrétienté.

Caractéristiques physiques

Thérèse d'Avila par frère Jean de la Misère (Carmel de Séville. Tableau probablement le plus réaliste de Thérèse car il a été peint en sa présence, le peintre ayant ainsi Thérèse sous ses yeux, durant ses travaux. Thérèse avait alors 61 ans.

{{Lien}}, le confesseur de la sainte, la décrivait ainsi : {{citation}}.