Durkheim, Émile (1858-1917)
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Biographie
Années de formation
Émile Durkheim appartenait à une lignée de huit générations de rabbins. Agnostique, il refuse de devenir rabbin, et entre à l'École normale supérieure. Il obtient l'agrégation de philosophie en 1882.
Cette éducation lui permet de s'inscrire dans une double tradition culturelle judaïque et classique. Il devient professeur et est notamment chargé des cours de pédagogie et de sciences sociales à Bordeaux en 1887. Jeune agrégé, il est envoyé en Allemagne, où il est marqué par le fonctionnement des universités allemandes, et par des philosophes sociaux qui s'intéressent au rôle de l'État moderne.
<gallery> 9 boulevard du Président Franklin Roosevelt à Talence (33).JPG|Immeuble au 9 boulevard du Président Franklin Roosevelt (ex 179 boulevard de Talence) à Talence (33) où vécut Emile Durkheim de 1887 à 1897. Plaque Emile Durkheim au 9 boulevard du Président Franklin Roosevelt à Talence (33).JPG|Plaque relative à Émile Durkheim au 9 boulevard du Président Franklin Roosevelt (ex 179 boulevard de Talence) à Talence (33). </gallery>
Il rencontre des hommes comme Henri Bergson ou Jean Jaurès et décide de défendre Dreyfus.
Carrière universitaire
C'est à Bordeaux qu'il commence la rédaction de ses ouvrages de sociologie. Durkheim dispute alors l'hégémonie intellectuelle sur la discipline naissante face à Gabriel Tarde (1843-1904), bénéficiant d'une renommée internationale, mais ne constituant aucune école, et face à René Worms (1869-1926) qui créa en 1893 la Revue internationale de sociologie puis l'année suivante l'Institut international de sociologie. Pourtant, l'École durkheimienne s'impose grâce à des idéaux intellectuels et institutionnels. À Bordeaux, Durkheim a publié plusieurs œuvres, dont De la division du travail social (1893), Les Règles de la méthode sociologique (1895), et Le Suicide (1897). Il a également fondé en 1898 une revue des sciences sociales intitulée L'Année sociologique.
En 1902, Durkheim est nommé à la faculté des lettres de l'université de Paris. Il est également professeur des Écoles normales qui forment les instituteurs de la République HEI-HEP : c'est lui qui impose la sociologie comme discipline universitaire. C'est à cette époque qu'il publie Les Formes élémentaires de la vie religieuse (1912), ainsi que plusieurs autres articles.
Le traumatisme de la Première Guerre mondiale
Dès le début de la Première Guerre mondiale, Durkheim rejoint l'Union sacrée et devient secrétaire du Comité d'études et de documentation sur la guerre présidé par Ernest Lavisse. Les fruits de cette collaboration sont des analyses psycho-sociales du culte allemand pour la toute-puissance expansionniste de l'État, telle L’Allemagne au-dessus de tout (1915). Dans une « Lettre aux Français » rédigée par leurs soins, l'historien Gérard Noiriel souligne que « la théorie des représentations collectives que Durkheim avait construite pour expliquer le caractère universel de l'esprit humain est transformée en un pamphlet nationaliste » traitant de la « mentalité allemande », « rendue responsable du cataclysme ».
Son fils André meurt au combat en décembre 1915. Durkheim sombre alors dans une grande tristesse, qui explique en partie son décès précoce en 1917. Son œuvre majeure, La Morale, reste inachevée, avec juste une introduction provisoire.
Opinions politiques
Politiquement, Durkheim est resté assez discret. Il connaissait les idées de Karl Marx. Cependant il a rejeté son œuvre, qu'il considérait trop dogmatique et peu scientifique, ainsi que le marxisme, qu'il trouvait trop réactionnaire, violent, et conflictuel. Il fut un dreyfusard de la première heure, membre fondateur de la Ligue pour la défense des Droits de l’Homme. Toutefois il se refusa à influencer ses étudiants sur l’innocence ou la culpabilité du capitaine. Ami de Jean Jaurès, le sociologue défendit parfois des thèses socialistes-réformistes.