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Némirovsky, Irène (1903-1942)

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Biographie

Enfance et exil

Fille d'un riche banquier juif d'Odessa, Leonid Borissovitch Némirovsky (1868-1932), et de Fanny Némirovsky (1887-1989), Irina Némirovsky est élevée par deux gouvernantes, sa mère ne s'étant jamais intéressée à elle : une Française, {{Mlle}} Rose qui fait du français sa deuxième langue maternelle, et aussi une Anglaise, Miss Matthews. Irina parle ainsi le russe, le français et l'anglais. La famille vit à Kiev et échappe aux pogroms contre les juifs qui secouent la ville du 18 au 20 octobre 1905 et de nouveau en 1912.

En 1914, les Némirovsky s'installent à Saint-Pétersbourg, alors capitale de l'Empire tsariste où Leonid devient un banquier influent. En janvier 1918, la famille fuit la révolution en passant la frontière finlandaise en traîneau (au village de Mus-tamäki près de Tallin), puis va se réfugier en Finlande à Helsingfors (Helsinki) en avril pour échapper à la Guerre civile russe puis la Guerre civile finlandaise.

Installation en France

En juillet 1919, la famille arrive en France après un court séjour à Stockholm et une traversée mouvementée en bateau jusqu'à Rouen. La famille s'installe à Paris, d'abord au 115, rue de la Pompe dans le XVI{{e}} arrondissement. Une gouvernante anglaise, Miss Matthews, est alors chargée de l'éducation de la jeune fille. Irène passe le baccalauréat en 1919.

Premières œuvres, études et mariage

{{...}} Elle commence à écrire en français dès l'âge de 18 ans et, en août 1921, elle publie son premier texte, Nonoche chez l’extralucide, dans le bihebdomadaire Fantasio. En 1923, Némirovsky écrit sa première nouvelle L'Enfant génial (réédité sous le titre d’Un enfant prodige en 1992), qui est publié en 1927. Elle reprend alors ses études et obtient en 1924 son certificat d’études supérieures en littérature comparée à la Sorbonne. En 1926, elle publie son premier roman, Le Malentendu dans le mensuel Les Œuvres libres (Fayard) .

Le 31 décembre 1924, Irène rencontre Michel Epstein, un ingénieur russe émigré devenu banquier, lors du réveillon du nouvel an. Ils se marient le 31 juillet 1926, à la mairie du XVI{{e}} arrondissement, puis à la synagogue de la rue de Montevideo, Ensemble, ils ont deux filles : Denise, en 1929 et Élisabeth, en 1937. Le contrat de mariage lui permet de garder les droits d'auteur sur ses œuvres. La famille Epstein réside à Paris au {{numéro}}8 de l'avenue Daniel-Lesueur.

Affirmation de l'écrivain

{{...}} Irène Némirovsky devient célèbre en 1929, dès la publication de son deuxième roman, le sulfureux David Golder. Son éditeur, Bernard Grasset, la projette aussitôt dans les salons et milieux littéraires français. Elle y rencontre notamment Paul Morand, qui publiera chez Gallimard quatre de ses nouvelles sous le titre de Films parlés. David Golder est adapté en 1930 au théâtre et au cinéma par Julien Duvivier en 1931. Dans le film, David Golder est interprété par le comédien Harry Baur.

En 1930, Le Bal raconte le passage difficile d'une adolescente à l'âge adulte. L'adaptation au cinéma par Wilhelm Thiele révèle Danielle Darrieux. De succès en succès, Irène Némirovsky devient une égérie littéraire, amie de Tristan Bernard et Henri de Régnier. En 1933, elle délaisse Grasset pour Albin Michel et commence à publier des nouvelles dans Gringoire.

Bien qu'elle soit un écrivain francophone reconnu, et intégrée dans la société française, le gouvernement français lui refuse pourtant sa naturalisation demandée une première fois en 1935.

Occupation allemande et déportation

L'Église catholique lui accorde le baptême le {{date}} en la chapelle de l'abbaye Sainte-Marie de Paris, mais l'État lui refuse la naturalisation. Elle publie dans les hebdomadaires de droite comme Candide, qui interrompt leur collaboration dès la publication du premier statut des Juifs, en octobre 1940, tandis que Gringoire, devenu ouvertement antisémite, continue de la publier sous pseudonyme.

Victimes des lois antisémites promulguées ce même mois par le gouvernement de Vichy, Michel Epstein ne peut plus travailler à la banque et Irène Némirovsky est interdite de publication. Au printemps 1941, les Epstein s'installent à l'hôtel des Voyageurs d'Issy-l'Évêque, un petit village du Morvan, où ils avaient déjà mis leurs filles à l'abri dès septembre 1939 chez les parents de la nounou Cécile Michaud. Irène Némirovsky écrit alors plusieurs manuscrits. Elle est considérée comme juive par la loi et doit porter l'étoile jaune. Ses œuvres ne sont plus publiées. Seul Horace de Carbuccia, bravant la censure, publie ses nouvelles jusqu'en 1942.

  • Arrestation à Issy-l'Évêque

Le 13 juillet 1942, Irène Némirovsky est arrêtée dans la matinée par la gendarmerie française à son domicile d’Issy-l'Évêque et emmenée à la gendarmerie de Toulon-sur-Arroux où elle est emprisonnée deux nuits, au motif d’une « mesure générale contre les Juifs apatrides de 16 à 45 ans ». Michel Epstein envoie un télégramme à Robert Esménard et André Sabatier chez Albin Michel pour demander de l'aide :

{{début citation}}Irène partie aujourd'hui subitement. Destination Pithiviers (Loiret). Espère que vous pourrez intervenir urgence stop Essaie vainement téléphoner — Michel Epstein.{{fin citation}}

  • Déportation et mort à Auschwitz

Le 15 juillet, elle est transportée au camp d'internement de Pithiviers. Elle est autorisée à écrire{{no-ref}} ; elle envoie une carte postale à son mari, dans laquelle elle ne se plaint pas des conditions difficiles. Elle est déportée de Pithiviers à Auschwitz-Birkenau le 17 juillet par le convoi {{n°}}, composé de {{nombre}} et {{nombre}}. Le convoi arrive à Auschwitz, le 19 juillet, selon le certificat du camp, elle y meurt de la grippe, en fait plus sûrement du typhus, le 19 août 1942 à 15h20.

Michel Epstein (tout comme André Sabatier et Robert Esménard) entreprend de nombreuses démarches pour la faire libérer, mais il est lui-même arrêté et conduit à la préfecture d’Autun, le 9 octobre 1942. Il confie à ses deux filles épargnées, Denise et Élisabeth, la valise contenant Suite française. Puis il est conduit à la prison du Creusot et transféré ultérieurement au camp de transit de Drancy, en région parisienne. Déporté à Auschwitz par le convoi {{n°}}, il est gazé dès son arrivée, le 6 novembre 1942.

  • Fuite et survie de Denise et Élisabeth

Fin octobre, deux gendarmes et un milicien se présentent à l’école d’Issy pour arrêter Denise et Élisabeth, qui doivent s’enfuir à Bordeaux avec Julie Dumot à qui Michel Epstein avait confié les enfants la veille de son arrestation. Elles sont cachées sous de faux noms dans un pensionnat catholique, puis, à partir de février 1944, chez des particuliers. En mai 1945, un conseil de famille, constitué de la Banque des Pays du Nord, de la Société des gens de lettres et des Éditions Albin Michel pourvoit à la scolarité et à l’éducation des filles d’Irène Némirovsky, jusqu’à leur majorité. Élisabeth est placée chez les Avot, avocats de la famille, et Denise dans un pensionnat catholique.