Marceau, Félicien (1913-2012)
Biographie
En 1914, ses parents sont pris en otages par les Allemands occupants. Il fait ses études à Louvain, d'abord au collège de la Sainte-Trinité, puis à l'université de Louvain.
Nommé en 1936 à l'Institut national de radiodiffusion, il demande, lorsque les Allemands, en 1940, occupent la Belgique, à passer, d'une émission où il était amené à exprimer ses opinions, à un simple emploi de reporter. Mais, s'avisant que même dans cet emploi-là, il ne pouvait préserver son indépendance, il démissionne, en mai 1942, de Radio Bruxelles, pour entamer une autre carrière (il crée une maison d'édition et commence, parallèlement, son œuvre d'écrivain). Il évoque cette période en 1968 dans Les Années courtes, un livre de mémoires publié chez Gallimard et repris dans la collection de poche Folio.
Toutefois, le Conseil de guerre de Bruxelles lui reproche, à la Libération, six de ses reportages (parmi les trois cents qu'il réalisa), notamment un dans lequel, rendant compte de bombardements alliés sur un quartier de la capitale belge, il avait exprimé de la compassion pour les victimes. Se trouvant alors en Italie, il est condamné par contumace en janvier et octobre 1946 à quinze ans de travaux forcés, ce qui entraîne la déchéance de sa nationalité. Félicien Marceau a publié son acte d'accusation dans Les Années courtes, en y répondant point par point.
En 1959, après consultation de son dossier, le général de Gaulle estime que sa condamnation de 1946 n'était pas justifiée et décide de lui accorder la nationalité française.
Pendant ses années belges, il publie deux romans et un essai littéraire, mais sa vraie carrière littéraire débute à Paris. En 1953, à l'occasion de la publication de ses nouvelles italiennes, En de secrètes noces, Thierry Maulnier remarque : {{Citation}}
D'autres nouvelles, des romans denses et légers et un grand essai, désormais classique, sur Balzac (Balzac et son monde, 1955-1970) viennent confirmer ce jugement — un jugement que résume Marcel Arland dans La Nouvelle Revue française, pour qui Félicien Marceau est {{Citation}}
Pour le théâtre, Félicien Marceau écrit une pièce qui fait date, L'Œuf, montée par André Barsacq au Théâtre de l'Atelier en 1956. L’Œuf n'est pas une pièce avec « scènes à faire », mais un monologue illustré de saynètes. En 1972, la pièce est adaptée au cinéma par Jean Herman, avec Guy Bedos dans le rôle principal. À cette occasion, une amitié naît entre Marceau et Bedos qui perdurera jusqu'à la mort de l'écrivain. En témoigne la présence de l'humoriste aux obsèques de Félicien Marceau
Félicien Marceau est par ailleurs auteur de deux ouvrages sur Giacomo Casanova : Casanova ou l'anti-Don Juan et Casanova ou l'insolente liberté.
Proche des Hussards, Félicien Marceau est lauréat de plusieurs prix littéraires, dont le Prix Goncourt en 1969 pour son roman Creezy et le Prix littéraire Prince-Pierre-de-Monaco pour l'ensemble de son œuvre en 1974.
Élu à l'Académie française le {{Date}}, au fauteuil 21, où il succède à Marcel Achard, il en est le doyen d'âge à partir de la mort de Jacqueline de Romilly le {{date}}.
À l'annonce de son élection, le poète Pierre Emmanuel (élu en 1968 au 4{{è}} fauteuil), se déclare démissionnaire en réaction à l'attitude de Félicien Marceau durant l'Occupation. L'Académie, selon sa coutume, n'entérine pas cette démission et attend la mort du poète pour le remplacer en 1985 par Jean Hamburger. André Roussin, chargé d'accueillir Félicien Marceau à l'Académie, évoque ainsi cet épisode :
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Félicien Marceau meurt à Paris le {{date de décès}}, à l'âge de 98 ans, et est inhumé au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine.
Le philosophe Alain Finkielkraut lui succède au 21ème fauteil de l'Académie Française le 28 janvier 2016.