Arrabal, Fernando (1932-....)
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Biographie
Il a appris à lire et à écrire à Ciudad Rodrigo (Salamanque) (prix national de « surdoué » à l'âge de dix ans), et a fait ses études universitaires à Madrid.
Dans son enfance il a souffert de la mystérieuse disparition de son père, condamné à mort par le régime de Franco, puis évadé en 1941. À cause de ce traumatisme, comme l'a écrit le Prix Nobel Vicente Aleixandre, « la connaissance qu'apporte Arrabal est teintée d'une lumière morale qui réside dans la matière même de son art ».
Jugé sous le régime franquiste en 1967 et emprisonné pour son engagement politique à travers son œuvre, et ce malgré le soutien énergique de la plupart des grands écrivains de l'époque, de François Mauriac à Arthur Miller, et une requête auprès du tribunal du célèbre romancier et dramaturge irlandais Samuel Beckett qui déclarera alors : « Si faute il y a qu'elle soit vue à la lumière du grand mérite d'hier et de la grande promesse de demain et par là pardonnée. Que Fernando Arrabal soit rendu à sa propre peine. »
À la mort du Général Franco, il a fait partie du groupe des cinq Espagnols (interdits de retour) les plus dangereux, avec Santiago Carrillo, Dolores Ibárruri (la Pasionaria), Enrique Líster et Valentín González (El Campesino). Plus tard la démocratie en Espagne lui permettra d'atteindre une véritable reconnaissance dans son pays natal avec une centaine de distinctions dont deux prix nationaux de théâtre. Certaines de ses pièces connaîtront de grands succès, comme Lettre d'amour, avec María Jesús Valdés.
Un buste de lui a été fait par Cyril de La Patellière pendant la représentation même d'une de ses pièces de théâtre à Nice en juin 1992. Ce buste a fait partie d'une exposition itinérante en Europe sous le titre : {{Lang}}.
En 2011, il a été honoré du titre de « Grand Rectum » de Symfolium Université de foulosophie, fondée en 2000 par François Gourd. Au cours de cette semaine de nombreuses activités ont été programmées telles une partie d'échec en simultanée à la Grande Bibliothèque de Montréal, une rencontre avec la troupe Momentum qui lui a rendu un hommage particulier en reprenant devant lui un de ses textes sur scène devant plus de 450 personnes{{refsou}}.
Enfance (1932-1946)
Fernando Arrabal Terán est le fils du peintre Fernando Arrabal Ruiz et de Carmen Terán González.
Le 17 juillet 1936 lors de la tentative de coup d'État militaire à l'origine de la guerre civile espagnole, le père de Fernando Arrabal demeure fidèle à la République, et, en conséquence, est condamné à mort pour rébellion militaire. Par la suite, la peine sera commuée en trente années de prison. Fernando Arrabal senior passe par les prisons de Santi Espiritu à Melilla, Monte Hacho à Ceuta (où il tente de se suicider), Ciudad Rodrigo et Burgos, jusqu'à ce que, le 4 décembre 1941, il soit transféré à l'hôpital de Burgos, étant supposé malade mental. Des recherches postérieures laissent à penser que la maladie était simulée afin d'obtenir un transfert dans un endroit moins surveillé. Le 29 décembre 1941 Fernando Arrabal senior s'évade de l'hôpital en pyjama, au-dehors un mètre de neige recouvre les champs. On n'aura plus jamais de nouvelles de lui, malgré des investigations minutieuses réalisées plus tard.
Arrabal a écrit : « Sans vouloir comparer l'incomparable, face à ces choses crépusculaires (et sans lien logique bien souvent) je pense fréquemment à un bouc émissaire : mon père. Le jour où a commencé la guerre incivile, il a été enfermé par « ses compagnons compatissants » dans la salle des drapeaux d'une caserne de Melilla ; pour qu'il réfléchisse bien, car il risquait d'être condamné à mort pour rébellion militaire s'il ne se joignait pas au soulèvement (alzamiento). Au bout d'une heure le lieutenant Fernando Arrabal a appelé ses ex-camarades, déjà ! Pour leur dire qu'il n'avait pas besoin de réfléchir davantage. Grâce à cela aujourd'hui dois-je être témoin, exemple ou symbole, comme lui, de ce qu'il advient de plus essentiel ? Moi qui ne suis qu'un exilé. Si on m'éloigne de mes bien-aimés chiffres, ce qui m'entoure me porte à la confusion, au désordre… sans ordonnance. Je ne veux pas être un bouc émissaire comme l'a été mon père, je ne veux qu'expirer vivant, quand Pan le voudra. »
Pendant ce temps, la mère d'Arrabal, en 1936, était revenue à Ciudad Rodrigo, où elle installe Fernando tandis qu'elle va travailler à Burgos, alors capitale des Nationalistes et résidence du gouvernement du général Franco. En 1937 Fernando entre à l'école des Thérésiennes, jusqu'à ce que, en 1940, une fois terminée la guerre civile, sa mère aille vivre à Madrid, précisément au 17, rue de la Madera.
En 1941 Fernando Arrabal gagne un concours d'« enfants surdoués ». Il fait ses études au collège des Escolapios de San Antón (École Pie fréquentée en leur temps par Victor Hugo et Jacinto Benavente) et plus tard chez les Escolapios de Getafe. À cette époque Arrabal lit beaucoup et mène des expériences, qui, comme il le reconnaît lui-même, plus tard lui seront utiles.
Jeunesse (1946-1956)
En 1947, sa mère l'oblige à suivre des cours préparatoires pour entrer à l'École générale militaire, mais Arrabal n'y assiste pas, de sorte qu'en 1949 il est envoyé à Tolosa (Guipuzcoa) où il étudie à l'école théorico-pratique de l'industrie et du commerce du papier. C'est à cette époque, en 1950, qu'il écrit plusieurs pièces de théâtre aujourd'hui inédites.
En 1951 il commence à travailler à la Papelera Española. Il est envoyé à Valence où il passe le baccalauréat, puis à Madrid où il étudie le Droit. Pendant ces années il fréquente l'Ateneo de Madrid et les poètes postistes, s'attelle à de nouvelles versions de Pique-nique (alors intitulée Les soldats, et il écrit El triciclo (premier titre : Les hommes au tricycle).
En 1954 il se rend à Paris en auto-stop pour voir jouer Mère Courage et ses enfants de Bertolt Brecht, car le Berliner Ensemble se produit dans la capitale. Plus tard, à Madrid, il fait la connaissance de Luce Moreau qui deviendra sa femme. En 1955 il obtient une bourse de trois mois pour étudier à Paris et pendant ce temps, il vit au collège d'Espagne de la Cité universitaire. Il fait alors une grave rechute de tuberculose. Il a toujours considéré cette maladie comme une « malheureuse chance » qui lui a permis de s'installer définitivement dans sa véritable patrie, celle de Kundera et de Vives, de Saint Ignace et de Picasso : l'exil.
Procès et prison
Sous le régime franquiste, il est jugé et emprisonné (1967) malgré la solidarité de la plupart des écrivains de cette époque, de François Mauriac à Arthur Miller, et la requête du célèbre dramaturge irlandais Samuel Beckett qui déclare : « Si faute il y a, qu'elle soit vue à la lumière du grand mérite d'hier et de la grande promesse de demain et par là pardonnée ».
En 1974, il apparaît dans Italiques pour parler de l'œuvre de Roland Topor.
Sa Lettre au général Franco, publiée du vivant de son destinataire, soulève beaucoup d'émotions. À la mort du dictateur, Arrabal fait partie du groupe des cinq Espagnols considérés comme les plus dangereux, en compagnie de Santiago Carrillo, la Pasionaria, Enrique Lister et El Campesino.
La mort du général dictateur Franco lui a permis d'obtenir une véritable reconnaissance dans son pays natal. Quelques-unes de ses pièces ont reçu un excellent et constant accueil comme sa Lettre d'amour interprétée par Maria Jesus Valdès au Teatro Nacional.