Tazieff, Haroun (1914-1998)
Biographie
Haroun Tazieff est né en 1914 à Varsovie, alors partie de la Russie tsariste. Son père, Sabir, était un Tatar musulman de la famille des princes Dachkine, né en 1885 à Yangi-Yer ou Tachkent selon les sources. Le patronyme de Sabir Tazieff, est la russification du prénom de son père, Tadji, l'un des princes Dachkine. Sabir Tazieff était docteur en médecine, officier médecin dans le corps dit "étranger" qui allait devenir la célèbre « Division sauvage » du tsar sous le commandement du général Kornilov. Sabir a été tué sur le front aux premiers jours de la guerre de 14-18. La mère d'Haroun Tazieff, Zénitta Klupta (1886-1984), née à Dvinsk d'un père médecin juif, Illias Klupt, et d'une mère chrétienne orthodoxe, Sophie Arianoff, fille du gouverneur de la forteresse de Dvinsk, Sawa Philipovitch von Arian, dont les enfants prirent le nom d'Arianoff. Zénitta Illiassovna Tazieva était docteur en sciences naturelles et chimie et licenciée en sciences politiques de l'Université Libre de Bruxelles. C'est à Bruxelles que les jeunes étudiants russes Zénitta et Sabir se sont connus. Ils s'y sont mariés en 1906. Ils ont eu un premier enfant, Salavator, qui n'a vécu que deux mois. C'est en 1913 qu'ils sont rentrés en Russie. Zénitta n'a appris la mort de son mari qu'en 1919. Avec sa mère, Haroun Tazieff émigra en Belgique en 1921 où il fut apatride durant quinze ans. Zénita, son fils Haroun et le poète belge Robert Vivier partirent vivre une année en France en 1922, à Asnières-sur-Seine. Robert Vivier et Zénitta se marièrent à Neuilly en juin 1922. Haroun Tazieff obtint la nationalité belge en 1936. Robert Vivier fera d'Haroun son fils adoptif et son légataire universel. Haroun Tazieff avait coutume de dire de Robert Vivier qu'il était son "plus que père".
Étudiant, footballeur affilié au Daring Club de Bruxelles (Société royale) (2) de 1930 à 1932 et, en 1935, à Gembloux Sport (2235) pendant ses études à la Faculté Agronomique, mais surtout joueur de rugby qu'il pratiqua en passionné. En 1958, alors qu'il était en expédition au Katanga, province du Congo belge, il adressa un télégramme d'encouragement à l'équipe de France de rugby à XV dont il connaissait certains membres et qui était en tournée en Afrique du Sud. Il fit aussi de la boxe et fut champion de Belgique universitaire, sélectionné pour les Jeux Olympiques de Berlin, en 1936, mais sa mère lui interdit de s'y rendre, il n'était pas question qu'il défile sous Hitler. Il fut aussi champion du Katanga, alors qu'il y travaillait comme ingénieur-prospecteur de gisements de minerais de zinc.
Haroun Tazieff commença ses études primaires en Russie, puis quelques mois en France et enfin principalement en Belgique. Après ses études secondaires à Bruxelles, il obtint le diplôme d'ingénieur agronome de la Faculté des Sciences Agronomiques de Gembloux. En 1938, il effectue son service militaire dans l'armée belge et, en 1939, est mobilisé dans une unité d'élite de l'armée belge, les chasseurs ardennais (pendant que la France était entrée dans la drôle de guerre). Il milita ensuite dans la Résistance et obtint, en 1944, son diplôme d'ingénieur géologue et d'ingénieur des mines de l'Université de Liège où il s'était inscrit après la fermeture de l'Université libre de Bruxelles. C'est au cours de cette période de la résistance qu'il a formé un couple avec une amie d'enfance, Betty Lavachery, directrice d'une maison d'enfants à Lasne, dans l'ancienne abbaye cistércienne d'Aywiers, ou elle cache de jeunes juifs. Haroun Tazieff et Betty Lavachery participent aux réseaux d'évasion de parachutistes venus d'Angleterre et de prisonniers russes évadés des mines de charbon de Belgique et du nord de la France. En août 1945, ils conçoivent un enfant naturel, Frédéric Lavachery, qui porte le nom d'épouse de sa mère mariée à un Jean Lavachery, officier belge prisonnier en Allemagne jusqu'en 1945.
Après la guerre, alors qu'il travaillait au Congo belge, il eut l'occasion d'observer au plus près l'éruption d'un volcan né quelques jours auparavant, qu'il a baptisé du nom du lieu-dit le plus proche, Kituro, cratère voisin du Nyamulagira et de découvrir le lac permanent de magma du Nyiragongo. Ce fut une révélation pour lui et, dès lors, il se consacra à la volcanologie, inaugurant avec son ami Armand Delsemme, un astronome belge qu'il avait rencontré à l'université de Liège, d'audacieuses descentes dans la bouche des volcans pour y effectuer des prélèvements de lave et de gaz et y effectuer, par les soins de Delsemme, les premières spectrographies de flammes volcaniques jamais réalisées.
Il devint aussi le compagnon de Jacques-Yves Cousteau sur la Calypso, dès 1951. Suivent alors plusieurs campagnes d'étude au Congo belge et ailleurs dans le monde{{,}}. De 1956 à 1958, il réalisa le film Les Rendez-Vous du Diable.
Il s'installe en France en 1953, tout en poursuivant sa carrière de volcanologue sous le contrôle scientifique du professeur Ivan de Magnée de l'Université libre de Bruxelles dont il fut l'assistant à son retour du Congo en 1949. Il se décidera à demander la naturalisation française après le départ du Général de Gaulle et l'obtiendra en 1971, perdant automatiquement la nationalité belge. En 1953, il épouse Pauline de Ways-Ruart d'Elzius (1914 - 1953) puis se remarie en 1958 avec France Depierre (décédée en 2006), une amie rencontrée en 1939 lors d'un séjour dans les Alpes. Son soutien à François Mitterrand au long de la « traversée du désert » de celui-ci, et sa renommée mondiale, lui valurent d'être chargé de la prévention des risques naturels et technologiques majeurs par le Président François Mitterrand en 1981. Dénonçant ce qu'il estimait être les excès de l'écologie politique au détriment d'une étude sérieuse de l'écologie et déçu par la politique politicienne, il retourna à ses recherches. Il exposa celles-ci à l'intention du grand public dans une trentaine d'ouvrages publiés de 1951 à 1996. Dans plusieurs d'entre eux, il a combattu le catastrophisme en vogue avec le trou de la couche d'ozone et le réchauffement climatique, phénomènes qu'il ne niait pas, mais dont il estimait les causes mal analysées et la menace surfaite. Il intitula ironiquement l'un de ces ouvrages La Terre va-t-elle cesser de tourner ?
Mort le {{date}}, il est enterré au cimetière de Passy à Paris.