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Fargue, Léon-Paul (1876-1947)

Biographie

Fils naturel de Léon Fargue (1849-12 août 1909), un ingénieur issu de l'École centrale et de Marie Aussudre (1842-21 avril 1935), une modeste couturière, Fargue ne fut reconnu par son père que très tardivement. Cette circonstance influa notablement sur son existence, et pourrait être à l'origine de sa mélancolie chronique et de sa sensibilité exacerbée.

Après des études secondaires brillantes au lycée Rollin, où il a des professeurs prestigieux, parmi lesquels Mallarmé, Émile Faguet et Valentin Parisot, il entre au même moment qu'Alfred Jarry en khâgne au lycée Henri-IV à la rentrée 1891-1892, où il suit les cours de Bergson. Il déçoit les attentes de sa famille, qui le voulait normalien, pour choisir l'oisiveté : sensible à la peinture et au piano, il est passionné par la poésie. Jarry et lui écrivent dans la revue L'Art littéraire en décembre 1893, revue dans laquelle Fargue publia également un avant-goût de son Tancrède ; c'est aussi là qu'il rencontra Fabien Launay et ses amis.

Il s'introduit rapidement dans les salons littéraires, notamment, grâce à Henri de Régnier, aux « mardis » de Mallarmé, où il rencontre l'élite intellectuelle et artistique du début du siècle, Paul Valéry, Marcel Schwob, Paul Claudel, Claude Debussy, André Gide. Il est membre de la Société des Apaches et se lie d'amitié avec Maurice Ravel, qui met plus tard en musique son poème Rêves (1929).

Il fonde en 1924, avec Larbaud et Valéry, la revue Commerce.

Après quelques poèmes publiés en 1894, il donne Tancrède en 1895 (incipit : « Il était plusieurs fois un jeune homme si beau que les femmes voulaient expressément qu'il écrivît. »), puis Poèmes en 1912 et Pour la musique en 1914. De gauche à droite : Léon-Paul Fargue avec Maurice Ravel, Georges Auric et Paul Morand en 1927. Fargue s'exprime le plus souvent en vers libres, voire en prose, dans un langage plein de tendresse et de tristesse, sur des sujets simples, parfois cocasses (on l'a parfois comparé au photographe Robert Doisneau), plus rarement absolument onirique (voir Vulturne en 1928 cependant). Parisien amoureux de sa ville (D'après Paris, 1932 ; Le Piéton de Paris, 1939), il écrit aussi la solitude oppressante et noyée de nuit et d'alcool (Haute solitude, 1941). Il est également un chroniqueur étincelant de la société parisienne (Refuges, Déjeuners de soleil, 1942, ou encore La Lanterne magique 1944).

Il est frappé d'hémiplégie en 1943, lors d’un déjeuner avec Pablo Picasso. Cloué par la paralysie au 1 boulevard du Montparnasse, au domicile de Chériane, sa femme peintre épousée en 1935, il garde cependant jusqu'à la fin une activité littéraire intense en ce lieu. Il y meurt le {{Date}}. Le carrefour au pied de l’immeuble porte, depuis un arrêté du {{Date}}, le nom de place Léon-Paul-Fargue.

Il était devenu membre de l'Académie Mallarmé en 1937. En revanche, il fut, le 4 avril 1946, un candidat malheureux à l'Académie française, au siège d'Abel Bonnard, radié pour collaboration notoire.