Boccherini, Luigi (1743-1805)
Contents |
Biographie
cathédrale Saint-Martin]]. Peinture de Bernardo Bellotto (1721–1780). Luigi est issu de l'union de Leopoldo Boccherini (1713–1766) et de Maria Santa Prosperi (1709–1776), originaires de Lucques (Lucca en italien) mariés le {{date}}. Sans être riche, la famille est assez aisée pour avoir sa tribune louée au théâtre municipal. Son père, Leopoldo, est le premier membre de la famille à vivre exclusivement de son activité musicale. S'il chante et joue du violoncelle, il est surtout excellent contrebassiste, employé à la Cappella Palatina depuis 1747, l'orchestre municipal de la cité-État de Lucques. La petite ville fortifiée est située à cinquante kilomètres de Florence et à proximité de Pise. Vers 1760, sa population est estimée à un peu plus de {{unité}}.
Luigi est le quatrième{{,}}{{,}}{{,}} enfant d'une fratrie de six. Trois jours après sa naissance, il est baptisé sous les noms Ridolfo Luigi — mais n'a jamais utilisé son premier prénom.
Le frère et les sœurs de Luigi sont tous artistes :
- Maria Ester (1740–?), sa sœur aînée, première ballerine qui connaît le succès à Vienne, Bologne, Venise et Florence. Elle épouse le célèbre danseur et chorégraphe espagnol Onorato Viganò. Leur fils, prénommé Salvatore (1769–1821) les surpasse en renommée et en talent, dans le domaine de la danse et de la chorégraphie : il produit notamment la chorégraphie pour le ballet Les Créatures de Prométhée de Beethoven. De 1813 à sa mort il est à La Scala, où il invente le chorédrame (coreodramma), sorte de pantomime dansé. Stendhal à Milan en 1818, exprime louanges de ses talents.
- Giovanni Gastone (1742–après 1798), son frère aîné, commence une carrière de danseur à Vienne dès 1756 et se produit également comme violoniste et chanteur avant de devenir le librettiste de la cour pour plusieurs compositeurs d'opéras tels qu'Antonio Salieri, Florian Gassmann, Giovanni Paisiello et Joseph Haydn pour le livret de l'oratorio, {{lang}} (1775). En 1781, il rejoint son frère en Espagne et y poursuit son activité de librettiste.
- Anna Matilde (1746–?) est également danseuse, mais nous savons peu de choses sur elle, si ce n'est qu'elle est à Vienne en 1763, avec sa mère, sa sœur Maria Ester et son frère Giovanni Gastone ; par la suite elle se marie avec un certain Navarro.
- Riccarda Gonzaga (1748–1780), enfin, est cantatrice. Elle débute comme {{lang}} au {{lang}} à Florence, avec sa sœur Maria Ester, avant de se fixer, elle aussi, en Espagne.
Formation
Boccherini passe son enfance à Lucques et montre très tôt beaucoup d'intérêt pour la musique et particulièrement pour le violoncelle. On suppose que son père lui donne ses premières leçons dès {{unité}}. Enthousiasmé par ses dispositions précoces, en tout cas, en 1751 il confie l'enfant au violoncelliste et maître de chapelle à la cathédrale San Martino de Lucques, l'abbé Domenico Francesco Vannucci ({{circa}}). Petit soprano, il chante dans les églises de Lucques et lors de la saison d'opéra, dans le chœur.
C'est peut-être Vannucci qui recommande l'enfant à l'un des plus prestigieux violoncelliste de Rome, Giovanni Battista Costanzi, car dès novembre 1753, accompagné de son père et jusque mai ou juin 1754 âgé d'à peine dix ans, il étudie à Rome auprès de l'éminent compositeur Giovanni Battista Costanzi (1704–1778) : son jeu lui valant le surnom de {{citation étrangère}}. En tant que maître de chapelle à la Cappella Giulia de Saint-Pierre, c'est lui qui l'initie à la composition. Boccherini se familiarise avec l'œuvre de Palestrina et d'Allegri dont le célèbre Miserere qui fit une très forte impression sur le jeune homme, mais aussi Corelli, dont les partitions étaient {{Citation}} – dont on retrouve l'hommage plus tardif dans une sonate pour violoncelle{{,}}. On ne sait rien de la durée de cet enseignement romain, ni de sa vie après son retour à Lucques. Jusqu'à ce que Luigi donne son premier concert à l'église San Romano. Il a {{unité}} et y interprète un concerto pour violoncelle ({{date}}).
Un musicien important semble suivre le parcours du jeune Luigi. Il s'agit de Giacomo Puccini (1712–1781) – ancêtre du célèbre compositeur d'opéra homonyme du {{s-}}. Puccini appartient à une dynastie de musiciens de Lucques, qui joue un rôle notable pendant six générations. C'est le musicien le plus important et le plus actif de la ville : il cumule les fonctions de maître de chapelle du palais depuis 1739, d'organiste à San Martino (1740), compositeur et responsable de la musique liturgique des autres églises de Lucques. C'est grâce à lui que le mois suivant le premier concert, Boccherini se produit à l'occasion de la fête de la Sainte Croix ({{lang}}), la plus grande fête de la ville qui a lieu le 13 septembre chaque année. De nombreux musiciens de toute l'Italie et même de l'étranger, viennent s'y produire, chanteurs ou solistes célèbres.
Le succès aidant, il se produit assez souvent à Lucques et ses gages augmentent. Mais Leopoldo, son père, recherche un poste stable pour son fils, ce qu'il ne peut trouver à Lucques. Par la protection de l'envoyé de la république de Lucques à la cour des Habsbourg, Dominico Sardini, Leopoldo Boccherini tente sa chance avec sa famille à l'étranger.
<gallery> Fichier:Gregorio Allegri.jpg|Gregorio Allegri|alt=Gregorio Allegri, portrait Fichier:Giovanni Pierluigi da Palestrina.jpg|Giovanni da Palestrina|alt=Giovanni da Palestrina, portrait Fichier:Arcangelo Corelli 2.jpg|Arcangelo Corelli par Jan Frans van Douven (1656–1727)|alt=Arcangelo Corelli, portrait par Jan Frans van Douven </gallery> {{message galerie}}
(1757-1764) Vienne
Scène de carnaval à Venise, ou le Menuet (1750) par Giandomenico Tiepolo (1727–1804) Au printemps 1757 – accompagné de sa sœur Maria Ester et de son frère Giovanni Gastone, engagés dans un corps de ballet –, il suit Leopoldo pour Vienne, en passant par Venise à l'occasion du carnaval et Trieste.
Ils sont tous deux engagés au sein de l'orchestre de la cour impériale d'Autriche début décembre. Luigi, âgé seulement de quatorze ans, commence au quart du salaire de son père. Après la fin de saison d'été 1758, ils sont réengagés deux autres fois, d'avril 1760 à mars 1761 et en 1763–1764.
À tout juste dix-sept ans, en 1760, naissent à Vienne ses six trios pour violons et violoncelle {{nobr}} [G.77-82] (pub. 1767). La remarquable partie de violoncelle, libérée {{Citation}} est totalement indépendante et dépasse largement ce qui lui était auparavant dévolu.
{{encadré texte}}
Une série de six quatuors à cordes suivent en 1761, comme {{nobr}} [G.159-164] (pub. 1767), les tous premiers quatuors avec ceux de Haydn (1769) dans l'histoire de la musique. L'écriture est déjà ce qu'elle sera dans l'histoire du genre : chaque partie est conçue de manière soliste, à part égale tout en faisant évoluer les quatre instruments dans une {{Citation}}, usant des techniques de mouvement les plus divers {{Citation}}. On ne sait rien des compositions antérieures, pourtant le style d'écriture est déjà parfaitement maîtrisé : {{Citation}}
Gérard]], en raison de sa découverte tardive, est intitulé L’Impératrice, en dédicace à Marie Thérèse. C. Speck a publié l'œuvre en 1994. Boccherini trouve en Gluck, chef de l'opéra en poste à la cour depuis 1752, une oreille attentive à ses Trios et un protecteur influent. Mais, dès août 1760, il postule à un emploi de violoncelliste dans sa ville natale, refusant un poste prestigieux dans l'orchestre de l'impératrice Marie-Thérèse, pour qui Gluck offre pourtant son soutien. Cette décision ne manque pas de surprendre. Après plus de six mois d'attente, ne recevant aucune réponse de Lucques le père et le fils décident en avril 1761 d’{{Citation}}. Mais ils ne le peuvent qu'entre octobre et décembre 1762. À son retour, il est immédiatement repris dans l'orchestre du Burgtheater de Vienne (janvier 1763).
Pendant les périodes où le théâtre est en relâche (Carême), Boccherini se produit en soliste dans ses propres œuvres à un ou deux violoncelles, avec succès non seulement à Vienne à partir de 1758 (et deux autres fois en 1763), mais aussi à Florence ({{date}}) et Modène ({{date}}). La critique du concert de Florence l'appelle déjà {{Citation}} ({{Citation étrangère}}) et poursuit en relevant ce qu'a de totalement nouveau le jeu du musicien : {{Citation étrangère}}. On ne connaît pas les programmes de ces différents concerts.
Les musiciens et le répertoire présenté pendant sept ans passés dans la capitale autrichienne, jusqu'en avril 1764, sont autant d'opportunités pour Luigi de suivre les évolutions, de confronter son style à ceux d'autres compositeurs – outre Gluck qui réforme l'opéra – par exemple les œuvres de Georg Mathias Monn, Georg Christoph Wagenseil et Carl Philipp Emanuel Bach, qui ont tous écrit des œuvres concertantes pour violoncelle et orchestre. Boccherini peut aussi se familiariser avec la musique de ballet, deux étant donnés en fin des 200 spectacles de chaque saison. Christian Speck note l'{{Citation}}, outre que son frère est danseur et ses sœurs ballerines.
<gallery> Fichier:Aussicht gegen die Landstraße 1780.jpg|Vienne vue depuis la route, par Johann Ziegler (gravé en 1780 par Artaria, l'éditeur autrichien avec qui Boccherini est en relation à partir de la même année).|alt=Gravure : Vienne vue depuis la route Fichier:Die Deutsche Schau-Bühne zu Wienn.png|Le Theater am Kärntnertor (Gravure, 1756).|alt=Gravure : le théâtre Kärntnertor Fichier:M C Hagelgans Portrait Maria Theresia 1762.jpg|Portrait de l'Impératrice Marie-Thérèse (1762) par Michael Christoph Hagelgans (1725–1766).|alt=Portrait de Marie-Thérèse d'Autriche, Impératrice d'Autriche, toile de Michael Christoph Hagelgans </gallery> {{message galerie}}
(1764-1767) Italie
Giovanni Battista Sammartini, prolifique compositeur : {{unité}}, maître de Gluck en 1737–41. Le compositeur Bohémien Josef Mysliveček décrit Sammartini comme {{Citation}}. En octobre 1770, Mozart le rencontre à Milan et assure en avoir beaucoup apprit. En 1772, Wolfgang retourne à Milan, où écrit ses premiers quatuors à cordes. Boccherini retourne à Lucques au printemps 1764. Cette année-là, à {{unité}}, gagné par la nostalgie après quatre ans d'absence, il est enfin convié par la municipalité à prendre un poste (fixe) de violoncelliste dans l'orchestre princier, pour cinq thalers. Le musicien quitte Vienne pour sa ville natale, préférant la place de violoncelliste à la Cappella Palatina de Lucques. Mais bizarrement, moins de quatre mois après le premier concert du 4 août, il demande un congé au magistrat de la ville. Peut-être finalement, le poste ne correspondait plus à ses attentes. Il décide – toujours accompagné par son père – d'aller à Milan.
Il rencontre le très influent Sammartini qui dirige l'orchestre lors d'un fête donnée pour le passage du grand-duc de Toscane à Pavie en juillet 1765, puis Crémone où son père et lui ont un contrat bien payé. Le musicien l'encourage à persévérer en tant que compositeur et dans la forme de la musique de chambre avec violoncelle. En avril 1766 il apparaît au Teatro Alibert à Rome dans des concerts en soliste.
Le passage de Boccherini et de son père est également attesté à Gênes en 1765 dans les Stati delle anime (registres) de la paroisse de San Siro, fréquentée par l'élite de la ville. Ils logent chez un luthier, Cristiano Nonnemacker, non loin de l'église de San Filippo Neri pour qui il met en musique deux oratorios. Des traces de son passage en 1767 (seul) se trouvent dans ceux de la paroisse de Santa Maria delle Vigne où il est employé comme instrumentiste et compositeur.
En octobre 1765, père et fils rentrent à Lucques où Luigi reprend son poste dans l'orchestre. Il écrit des œuvres de grandes dimensions, notamment une cantate festive La confederazione dei Sabini con Roma [G.543], importante commande de Puccini pour la fête de la {{Citation}} en décembre. Entre 1764 et fin 1765, il compose deux oratorios : {{lang}} [G.538] (Joseph reconnu sur un livret de Métastase) et {{lang}} [G.537] commandés pour l'église de San Filippo Neri à Gênes, où sont encore conservés les copies manuscrites, ainsi que des œuvres liturgiques.
Une symphonie en ré majeur [G.490] est publiée à Venise la même année. Elle apparaît comme ouverte dans La confederazione dei Sabini con Roma et le {{lang}}. Boccherini réutilise un thème de l’andante dans un concerto pour violoncelle [G.478] dans la même tonalité. Plus tard, la symphonie constitue l'ouverture de la seconde partie de la Buona figliola de Picinni lorsque l'œuvre est donnée l'été 1769, à Aranjuez.
Pour quelques mois, un ensemble de quatuor à cordes professionnel se forme vers 1766, le {{lang}}{{,}}, chose exceptionnelle à l'époque. Il est composé d'élèves de Tartini rencontrés à Milan, les violonistes Pietro Nardini (1722–1793) et un de ses élèves, Filippo Manfredi (1731–1777) né à Lucques et premier violon de la cappella palatina, ainsi que l'altiste, également compositeur, Giuseppe Maria Cambini (1746–1825).
{{Citation bloc}}
C'est à Milan où ils auraient donné les premiers concerts publics de quatuor à cordes jamais exécutés. Selon Cambini (Nouvelle méthode, 1795), le répertoire joué est composé d'œuvres de Haydn, de Boccherini et de quelques compositeurs en vogue. Mais le récit de Cambini est sujet à caution car il cite des œuvres de Haydn plus tardives. Il existe un tableau du peintre vénitien Pietro Longhi (collection particulière) les représentant lors d'un concert, avec un claveciniste inconnu.
Son père disparaît le {{date}}, lorsqu'il a {{unité}}. Boccherini montre les premiers symptômes de tuberculose.
Face à la relative précarité de sa carrière et la maigre rémunération qui lui est liée, le violoncelliste quitte à nouveau la Toscane. Il entreprend (probablement accompagné de sa mère) une tournée de concerts pendant l'été 1767, avec son ami Filippo Manfredi, en Italie du Nord (Lombardie) où le public est enthousiaste. Puis le duo quitte Gênes en septembre, Nice le 5 octobre, et après quelques concerts, ils arrivent à Paris. Leur intention est de se rendre à Londres, où comme beaucoup d'Italiens, un autre violoncelliste natif de Lucques a fait carrière, Francesco Geminiani (1680–1762). Paris ne leur semble qu'une étape. Le séjour dure six mois
<gallery> Fichier:Pietro Nardini.jpg|Pietro Nardini, membre du Quartetto toscano.|alt=Portrait de Pietro Nardini, dessin Portrait de Boccherini attribué à Jean-Etienne Liotard (1702-1789).jpg|Jean-Étienne Liotard, Portrait de Luigi Boccherini, 1764-68. Huile sur toile. Collection privée, Budenheim, Allemagne. </gallery> {{message galerie}}
(1767-1768) Paris
Prince de Conti]]. Boccherini y est reçu tout juste un an après.
À la suite de la querelle des Gluckistes et des Piccinnistes, les Italiens (et les Allemands) sont les bienvenus. La renommée du musicien allant croissante, ce séjour va décider de l’avenir du musicien.
Les premières partitions publiées de Boccherini l'ont devancé de quelques mois. Ses six trios [G.77-82], chez Bailleux en juillet et ses six quatuors à cordes [G.159-164] chez Venier œuvres composées à Vienne six ou sept ans plus tôt. Le Mercure de France du {{date}}, annonce la sortie imminente des quatuors. Pendant leur séjour, paraît aussi l'opus 4, six trios [G. 83-88], chez Venier en mars 1768. Paris restera pendant toute sa vie le lieu privilégié de publication pour Boccherini.
Signe d'un certain succès, il paraît une autre œuvre chez Grangé : une symphonie [G500], avec une entête pittoresque : {{Citation}} Il s'agit de la première falsification. Christian Speck, suivant le {{Citation}} de 1768, précise que la symphonie {{Citation}} est peut-être de Herman-François Delange (1715–1781).
Boccherini et Manfredi sont introduits dans divers salons privés parisiens, invités du Prince de Conti, exactement un an après le passage de Mozart et surtout celui du Baron de Bagge (1718–1791), mécène, dilettante, lui-même violoniste et compositeur à ses heures, où se retrouve le {{Citation}}. Outre Boccherini, le violoncelliste Jean-Pierre Duport est de ses protégés{{,}}. Il est très influent sur la vie musicale notamment par la qualité de ses concerts. Sa protection permet aux deux musiciens de se faire mieux connaître du milieu aristocratique. Grâce à son appui, Boccherini se produit seul, ou avec Manfredi, dans des soirées musicales et présentent leurs œuvres au Concert Spirituel, le {{date}}, seule trace de leurs diverses prestations :
{{Citation bloc}}
Ch. Burney]]. Une copie destinée au clavecin seul, a été retrouvée à Besançon (Ms. Z 501) par Anne Robert qui en a effectué l'enregistrement, pour le label BNL en mai 2000. La mode est à la symphonie, nouveau genre conquis surtout par les compositeurs de Mannheim dont le principal représentant est Johann Stamitz. Mais lorsque les solistes italiens se produisent, ils attirent l'attention d'une fameuse claveciniste parisienne de {{unité}}, Madame Brillon De Jouy{{,}}{{,}}. Lors de son passage à Paris deux ans plus tard, Charles Burney fait sa connaissance et donne ses impressions sur les qualités de jeu de la musicienne, après un concert donné chez elle, à Passy :
{{Citation bloc}}
L'œuvre évoquée est une de ses rares compositions avec clavier, les {{Citation étrangère}} [G.25-30]. Le titre figurant sur le manuscrit autographe de 1768 étant {{Citation étrangère}} sans l'{{lang}} et les divers instruments, clavecin, violon, flûte ou harpe des éditeurs français, anglais ou allemand. Boccherini compose très vraisemblablement à son intention le concerto pour pianoforte et orchestre en mi bémol majeur [G.487], le seul du musicien dans cette combinaison. Les trios sont réédités de nombreuses fois, signe de leur succès et même copiés jusque dans les années 1800 dans toute l'Europe : Riga, Londres, Mannheim, Vienne, Amsterdam.
L’ambassadeur d'Espagne à Paris, d'origine italienne, les ayant entendus, au Concert Spirituel, parvient à convaincre Boccherini et Manfredi de se rendre à Madrid, en leur faisant miroiter une place stable sous la protection et grâce au mécénat de Don Luis Antonio de Borbón y Farnesio, frère du roi d'Espagne, Charles III (fils de Philippe V). Cette proposition à première vue peut paraître surprenante, car le roi n'appréciait pas la musique. Cependant, la musique jouée à la Cour d'Espagne était produite par des Italiens et parmi eux figurait le castra Farinelli. Il est possible que son immense succès ait encouragé Boccherini et Manfredi à y tenter leur chance en même temps que d'abandonner le projet de s'installer à Londres. En outre, le fait que depuis l'année passée (1767), la Cour ne disposait plus de violoncelliste a probablement pesé sur leur décision.
<gallery> Fichier:Luis Paret y Alcázar - La Puerta del Sol en Madrid.jpg|La Puerta del Sol à Madrid (1773), par Luis Paret y Alcázar (1746–1799) (Musée national des beaux-arts de Cuba)|alt=La Puerta del Sol à Madrid, toile de Luis Paret (1773) Fichier:Carlos III comiendo ante su corte.jpg|Le dîner de Charles III devant la cour ({{circa}}), par Luis Paret y Alcázar (Musée du Prado)|alt=Le dîner de Charles III d'Espagne, toile de Luis Paret (vers 1775) </gallery> {{message galerie}}
(1768-1805) Espagne
don Louis de Bourbon]]. Début 1768, après un dernier concert donné par Manfredi le 4 avril, les deux musiciens accompagnés de la mère de Boccherini, se remettent en route pour l'Espagne. Manfredi retourne en Italie en 1772, alors que Boccherini, âgé de {{unité}} à son arrivée, ne quittera jamais plus ce pays, les trente-six années suivantes.
Au printemps 1768 (jusqu'en 1770), Boccherini joue dans un ensemble, la Compañía de los Reales Sitos dirigée par Luigi Marescalchi, qui se produit au palais d'Aranjuez, dans le nouveau théâtre. Boccherini rencontre la chanteuse romaine Clementina Pelliccia{{,}} alors en tournée avec la troupe. Cette année-là, elle figure avec sa sœur dans la distribution de l'opéra l'Almeria du compositeur napolitain Juan Francisco de Majo{{,}}. Une aria [G.542] interlude du second acte de l'opéra l’Almeria a été composée et accompagnée au violoncelle seul par Boccherini. Malheureusement, la partition a été perdue.
C’est lors d'une de leurs représentations en automne de la même année à Valence que Casanova fait la connaissance de Clementina, sa sœur Maria Teresa, et Boccherini{{,}}.
La situation est cependant moins brillante qu'il l'espérait. De nombreux musiciens italiens exerçant à Madrid jalousent le compositeur, notamment le chef d'orchestre Francesco Corsetti et Confort. Néanmoins, même si les relations entre Boccherini et son compatriote Gaetano Brunetti, alors violoniste à la Real Cappilla, ont souvent été présentées comme conflictuelles depuis les travaux biographiques de Fétis et Picquot, aucune raison sérieuse, jusqu'à présent, n'a été retenue pour qu'une telle rivalité existât entre les deux musiciens.
D’autres éléments infirment ces allégations : Boccherini entre au service de l'Infant Don Luis quelques mois avant que Brunetti ne soit nommé maître de violon du Prince des Asturies (le futur Charles IV) en novembre 1770 ; les revenus annuels que perçoit Boccherini pour sa fonction, sont nettement supérieurs à ceux perçus par Brunetti et, à la mort de l'Infant (1785), Charles III – qui aurait été influencé par un malveillant Brunetti contre Boccherini – nomme le violoncelliste futur membre de la Real Cappilla avec des appointements annuels de {{unité}}, salaire que Brunetti n'a jamais atteint en tant que violoniste dans la même Institution.
Bien que le fils de Brunetti, Francisco, soit choisi en 1787 par {{nobr}} à la place de Boccherini pour occuper le poste vacant de violoncelliste, Boccherini n'en continue pas moins de percevoir les {{unité}} pour le reste de sa vie. Il est certain qu'un favoritisme a existé à la Cour en faveur de Brunetti, mais une compétition basée sur de vils enjeux relève du mythe. Lorsqu'on lui soumet les six trios {{nobr}} [G. 89-94] (1771), il reconnaît immédiatement la valeur du musicien.
L'année suivante, le {{date}}, Luigi et Clementina se marient dans la Real Colegiata de la Santísima Trinidad, paroisse de San Ildefonso. De cette union sont nés sept enfants : Joaquina, Felix Luis, Luis Marcos, Josef Mariano, Teresa, Mariana et Isabel. Seuls deux, Luis Marcos, fait prêtre et Josef Mariano, archiviste du comte Seralbo, atteignent l'âge adulte et survivent à leur père.
Au service de Don Luis, 1770...
Palais royal d'Aranjuez en 1773. Gravure de Manuel Salvador Carmona (1734–1820). Boccherini y passe les années les plus heureuses de sa vie. À la fin 1769, Boccherini dédie ses six quatuors à cordes opus 8 [G.165-170] à un membre de la famille royale, l'infant Don Luis de Bourbon. Celui-ci engage Boccherini quelques mois plus tard, le {{date}}, comme violoncelliste de sa chambre et compositeur de musique ({{lang}}), avec un traitement annuel de {{unité}}, Boccherini percevant deux salaires : {{unité}} comme violoncelliste et {{unité}} comme compositeur, l'un des plus forts de la cour.
L'année suivante, cette fois-ci destinés aux {{Citation}} de Madrid, il compose les six quatuors opus 9 [G.171-176] imprimés à Paris mais aussi à Madrid {{lang}} (1772) par Juan Palomino tout comme les trios op. 6 {{lang}} (1771). Preuve de ses premiers débuts en Espagne, l'annonce de leurs publications dans la Gaceta de Madrid témoigne de leur antériorité d'à peine quelques mois par rapport à celles publiées par Paris et montre qu'elles ont été considérées par leur auteur comme des éditions autorisées indépendamment de celles gravées par Venier.
Incipit de la partition du quintette opus 10 {{numéro}} [G.265] (Fonds BnF). Dans la maison de Don Luis, il trouve un quatuor à cordes, composé du père Font et de ses trois fils. C'est de cette heureuse rencontre que naîtraient ses quintettes. Durant cette période, il compose une première série de douze quintettes à cordes avec deux violoncelles, les opus 10 et 11 (1771) [G.265-276], forme qu'il a fortement contribué à développer – il en laisse 113 sur les 137 quintettes écrits. Pour l'orchestre il compose ses premières symphonies et une douzaine en tout durant le séjour à Aranjuez – sur les trente trois conservées. Ces œuvres montrent les moyens dont dispose l'orchestre, davantage développé, avec des pupitres de vents.
{{encadré texte}} Dans une partition d'orchestre de 1771, sa symphonie opus 12 {{numéro}} [G.506] Boccherini rend hommage à Gluck avec qui il a travaillé à l'Opéra lors de son séjour autrichien. Dans le Finale, il parodie le Finale du ballet en trois actes, Don Juan ou le Festin de Pierre, donné à Vienne (dix ans plus tôt, {{date}}) ; mieux connu sous le nom de danse des furies dans la version parisienne d'Orphée et Eurydice (1774) où il est aussi inclus. Sur certaines éditions de la symphonie, on trouve le titre {{lang}} et sur l'édition parisienne, le dernier mouvement porte le titre : {{Citation}}, pourtant la musique n'a rien d'une chaconne. Boccherini rend l'atmosphère menaçante, les pupitres traditionnels aidés par les cors et les hautbois, par des {{lang}} de cordes, des {{Citation}} (Stanley Sadie) et l'écriture chromatique plus développée que chez Gluck, anticipent l'ère romantique.
De la moisson des compositions de l'époque, se détache le célèbre menuet, extrait du quintette op. 11 {{numéro}} en mi-majeur [G.275], ainsi que le quintette en ré majeur op. 11 {{numéro}} [G.276] {{lang}}, première incursion de Boccherini dans la musique {{Citation}}. Son premier mouvement en ré majeur, {{lang}}, évoque probablement les ramages de toutes sortes d'oiseaux que possèdent Don Luis dans les pittoresques oiselleries de ses résidences d'été. Le second mouvement, l’allegro en la mineur intitulé {{lang}}, les chasses qui rythmaient la vie à la Cour et cette propension qu'avait Boccherini pour la pastorale.
La production importante de l'époque est sans doute en rapport avec la qualité de vie et les années les plus heureuses passées au palais d'Aranjuez au service de l'Infant. Seul le décès de sa mère en 1776 (à Aranjuez), vient troubler la clarté de ces années.
<gallery> Fichier:Infante don luis.goya.jpg|alt=Portrait de l'infant don luis, toile de Goya (1783) Fichier:Goya Maria Teresa.jpg|alt=Portrait de María Teresa de Vallabriga, épouse de l'infant (1783) </gallery>
par Francisco de Goya (1783).
Arenas de San Pedro, 1777...
Bailleux]], Paris 1779). Le Palacio de la Mosquera en Arenas de San Pedro où résident Don Luis et Boccherini dans les années 1780. Le mariage morganatique de l'infant Don Luis avec María Teresa de Vallabriga le {{date}}, entraîne le départ de sa cour de Madrid, où il est persona non grata. Après bien des pérégrinations, à la fin de l'année 1777, Don Luis se fixe finalement en Arenas de San Pedro, petite localité de la province d'Ávila, à {{unité}} de Madrid.
Éloigné de tous les centres musicaux d'Europe, Boccherini peut néanmoins y approfondir son style personnel. Cette période de sept années passée en Arenas de San Pedro est sans conteste l'une des plus fécondes de sa vie de compositeur. En raison des moyens limités, il cultive essentiellement la musique de chambre. Il n'écrit en 1778 qu'un ballet – aujourd'hui perdu – destiné à son beau-frère et sa sœur Maria Ester, {{lang}} [G.524]. Pour la seule année 1779, pas moins de dix-huit quintettes à cordes (opus 27, 28 & 29) voient le jour. Les quatuors à cordes de l'opus 32 [G.201-206] composés durant l'année 1780 marquent l'apogée de sa contribution au genre, selon Luigi della Croce. Son opus 29 [G.313-318], six quintettes à cordes, où il intègre des tournures typiquement baroques, comme la fugue, la gigue, les variations ou bien le præludium, sont une synthèse de son sens inné pour le rythme, les coloris, le folklore, où tendresse et humour se côtoient, atteint au sommet d'une forme instrumentale qu'il a créée.
Un quintettino de 1780 se détache de ce massif par ces mouvements inhabituels : c'est celui de l'opus 30 {{numéro}} [G.324], intitulé {{lang}}. Sur le manuscrit il écrit :
{{Citation bloc}}
Composé pour un Don Luis vieillissant et exilé depuis près de cinq ans, Boccherini a cherché à évoquer l'atmosphère des rues de Madrid à la nuit tombée, lorsque résonnent les accords de guitares ; telles semblent avoir été les conditions de sa genèse.
{| class="wikitable centre" |+ {{Citation étrangère}}, opus 30 {{numéro}} [G.324] |- | ! scope="col" | Mouvements ! scope="col" | Notes |- ! scope="row" | I | {{lang}} ({{lang}}) | Les divers Ave Maria des différentes églises de Madrid. |- ! scope="row" | II | {{lang}} | Les roulements de tambour reviennent dans le {{VIe}} mouvement (allegro vivo) |- ! scope="row" | III | {{lang}}. Con mala grazia.({{lang}}) | Le menuet des mendiants aveugles, dans lequel les violoncellistes doivent tenir leurs instruments sur leurs genoux et imiter le son d'une guitare en pizzicato en utilisant leurs ongles. |- ! scope="row" | IV | Rosario. Largo assai : senza rigor di Battuta-Allegro-Largo come prima | La prière du rosaire du soir. Elle doit être jouée sans mesure fixe. |- ! scope="row" | V | {{lang}}. {{lang}} | Le manolo était un jeune homme un peu poseur, sans instruction qui se produisait dans les rues en chantant et en dansant. Il était traditionnellement vêtu d'un pantalon s'arrêtant aux genoux (une sorte de culotte courte), de bas blancs, d'une veste courte et très échancrée, de chaussures recouvrant à peine le talon et les orteils, et d'un foulard retenu par un anneau. La guitare était évidemment son indispensable accessoire. Il s'agit d'une passacaille. |- ! scope="row" | VI | {{lang}} | |- ! scope="row" | VII | {{lang}} (con variazioni). {{lang}}. | {{Citation}} Par un jeu de crescendo et de decrescendo, Boccherini donne l'impression qu'une troupe accompagnée de musiciens passe devant l'auditeur. Boccherini a arrangé trois fois ce mouvement : un quintette avec deux altos, G.390 ; un quintette pour piano G.418 ; et un quintette pour guitare G.453. |}
Boccherini manifeste quelques réticences quant à l'exécution et à la publication de cette œuvre hors de son pays d'origine, comme il l'écrit à Ignace Pleyel dans une lettre datée du {{date}} :
{{Citation bloc}}
Le quintette, très populaire de son vivant, reste inédit jusqu'à sa publication dans les années 1920 et c'est aujourd'hui l'un des plus célèbres du compositeur. {{encadré texte}}
En ces mêmes années, le musicien s’attelle à la composition du pudique, mais non moins remarquable, Stabat Mater [G.532], œuvre commandée à la fin de l'année 1781 par Don Luis. L'effectif requiert une soprano avec accompagnement d'un quintette à cordes avec deux violoncelles, ou quatuor à cordes avec contrebasse. Jugeant qu'une seule voix pouvait lasser l'auditeur, Boccherini y apporte par la suite des modifications, pour finalement le publier dans une seconde version pour trois voix solistes et orchestre à cordes en 1801, non plus dédié à Don Luis, mais cette fois à Lucien Bonaparte. Ceci atteste d'une habitude à laquelle il devait recourir très souvent : celle de vendre deux, trois voire quatre fois la même œuvre, à différents mécènes.
La productivité de Boccherini ensuite s'infléchit, avec seulement neuf œuvres pour les quatre années suivantes. Mais parmi ces neuf, huit sont destinées à l'orchestre. La raison reste obscure… Manifestement, Don Luis ne lui commandait plus d'œuvres de musique de chambre.
Quelques années après avoir travaillé avec son frère, Giovanni Gastone Boccherini, le librettiste de {{lang}} (1775), Joseph Haydn tente un contact avec Luigi (lettre datée d'Esterhaza du {{date}}) par le biais d'Artaria, leur éditeur commun à Vienne. Artaria était en relation avec Boccherini depuis l'année précédente par l'intermédiaire de Carlo Emanuele Andreoli employé à la chancellerie de Joseph Kaunitz-Rietberg, l'ambassadeur impérial à Madrid. Les premières publications viennoises se succèdent, certaines sans avoir reçues l'autorisation expresse du compositeur, néanmoins figurent en bonne place: les quatuors op. 26 (32) [G.195-200] (1781) et op. 32 (33) [G.201-206] (1782) les trois premiers quintettes de l'op. 25 [G.295-297] comme Tre quintetti opus 36 (1784), les trios à cordes op. 34 (35) [101-106] (1784) ainsi que le concerto pour violoncelle et orchestre G.483 comme Concerto per il violoncello obligato opus 34 (1783?) . Quant à la relation épistolière Haydn-Boccherini, le courrier n'a jamais été reçu par Boccherini, pas plus qu'un autre en août, l'année suivante.
Année difficile dans la vie Boccherini : le {{date}} il perd son épouse et se retrouve avec six enfants en bas âges à charge. Le {{date}}, il perd son protecteur, Don Luis de Bourbon. Charles III lui accorde néanmoins une pension annuelle de {{unité}}.
<gallery> Fichier:El baile a orillas del Manzanares.jpg|Danses sur les rives du Manzanares (1777) par Francisco de Goya (Musée du Prado)|alt=Danses sur les rives du Manzanares, toile de Francisco de Goya (1777) Fichier:El columpio (1787).jpg|La balançoire (1787) par Goya pour les Benavente-Osuna.|alt=La balançoire, toile de Francisco de Goya (1787) Fichier:Lorenzo Tiepolo Tipos populares 2.jpeg|{{lang}} par Lorenzo Tiepolo (1736–1776).|alt=Tipos populares, première toile de Lorenzo Tiepolo Fichier:Lorenzo Tiepolo Tipos populares.jpeg|{{lang}} par Tiepolo.|alt=Tipos populares, autre toile de Lorenzo Tiepolo </gallery> {{message galerie}}
Madrid, 1785...
Maria Josefa de Benavente-Osuna]] (vers 1788 - Musée du Prado). En janvier de l'année suivante, il se met au service de Frédéric-Guillaume II, encore prince héritier de Prusse, qui avait eu connaissance de ses œuvres. C'est l'ambassadeur de Prusse à Madrid qui avait fait parvenir les quatuors à cordes de l'opus 33 [G.207-212] à Frédéric-Guillaume. Il lui écrit en italien :
{{Citation bloc}}
Près de trois ans plus tard, par une lettre datée du {{date}}, Frédéric-Guillaume le nomme, à distance, compositeur de la chambre pour un traitement annuel de {{unité}} (soit {{unité}}) :
{{Citation bloc}}
Il devait recevoir par la suite une douzaine environ de compositions par an, pendant douze ans jusqu'à la mort du monarque. Essentiellement des quatuors, des quintettes à cordes et surprenant huit symphonies (op. 37 {{numéros}} à 4, et celles, parmi les op. 41, 42, 43, 45 qui rassemblent des genres différents). En tout 104 œuvres subsistent.
En mars 1786, il est aussi engagé au service de la comtesse Maria Josefa de Benavente-Osuna qui entretient un petit orchestre de seize musiciens : Boccherini en est nommé direttore del concerto (chef d'orchestre et directeur des concerts). La comtesse lui commande, entre autres, son unique zarzuela intitulé La Clementina [G.540], sur un livret de son protégé, Ramón de la Cruz (1731–1794), sorte de Métastase espagnol. L'œuvre est représentée le {{date}} au palais Puerta de la Vega, à Madrid. L'œuvre n'est représentée du vivant de Boccherini qu'à Valence en 1796.
À cette époque, il fréquente le peintre Goya qui faisait partie des hommes de lettres et d'artistes qui gravitaient autour du palais, et des fameuses {{lang}}, soirées musicales et littéraires, chez les Benavente-Osuna. Si J. Haydn y {{Citation}} à l'orchestre, Boccherini compose pour la duchesse les quintettes opus 36 et 39 (1786–87), ainsi que certains numéros parmi les grandes symphonies opus 35 et 37 : l’opus 35 {{numéro}} [G.514] et l'opus 37 {{numéro}} [G.517] (1786). On peut ajouter, en 1788, le {{lang}} [G.525]. Dans le groupe des symphonies opus 37, il abandonne la coupe en trois mouvements pour adopter, sous l’influence de Haydn, celle en quatre.
En 1787, il épouse, en secondes noces, la fille de son collègue Dominico Porretti, premier violoncelle à la Real Cappilla, mort quatre années plus tôt, María del Pilar Joachina Porretti.
La période (1787-1796) reste encore aujourd'hui obscure pour les biographes. Certains documents, comme une lettre datée de Breslau du {{date}} laissant à penser que Boccherini aurait entrepris un voyage à la cour de Prusse, sont aujourd'hui écartés. La lettre, dont l'original n'a jamais été retrouvé, est considérée comme apocryphe.
Pour des raisons inconnues, tout en conservant des relations avec l'orchestre, Boccherini renonce à ce poste et aux {{unité}} mensuels, ne conservant que la charge de compositeur de Frédéric-Guillaume II, qu'il perdit à la mort de celui-ci en 1797. La pension n'est pas renouvelée par son fils et successeur, qui le fait prévenir par un courrier daté du {{date}} : {{Citation}}.
Boccherini tente alors de vendre quelques œuvres aux éditeurs parisiens, tels que Jean-Baptiste Venier, La Chevardière, Imbault, Sieber et enfin Ignaz Pleyel, qui abusa de la situation difficile du compositeur, ne recevant qu'une part négligeable des bénéfices des publications. Ce dernier obtint 58 œuvres, les opus 44 à 54, pour {{unité}}. Puis près de cent-dix œuvres pour {{unité}}.
On trouve sous la plume d'un contemporain, l'anglais Charles Burney, un jugement qui laisse transparaître son admiration : {{Citation bloc}}
<gallery> Fichier:La familia del infante don Luis.jpg|Francisco Goya, La Famille de l'infant Don Louis de Bourbon (1784 - Fondazione Magnani-Rocca, Parme.|alt=La Famille de l'infant don Luis, toile de Francisco Goya (1784) Fichier:Goya-La famiglia dell Infante Don Luis-1783-dettaglio.jpg|Vue rapprochée du même tableau de Goya, montrant le profil supposé de Boccherini.|alt=Même tableau, rapproché : le profil {{Citation}} de Boccherini </gallery> {{message galerie}}
Les dernières années
L’été 1799, par l'intermédiaire de Marie-Joseph Chénier (auteur du Chant du départ mis en musique par Méhul), il dédie {{Citation}} un groupe de Six quintettes avec piano opus 57. Dans la lettre du 8 juillet au poète, il écrit ces magnifiques paroles qui sont en quelque sorte une profession de foi capable de décrire toute sa musique :
{{Citation bloc}}
Giotto]] (musée du Louvre).
À la fin des années 1790, il a une relation amicale avec le grand chanteur Pierre-Jean Garat et le violoniste Pierre Rode (amis tous deux). On pense que Boccherini a contribué à l'orchestration d'un concerto du maître français. Il a aussi pour élève le jeune violoniste, Alexandre-Jean Boucher (1778–1861), violoniste à la cour espagnole de 1795 à 1805, pour l'interprétation de ses œuvres, mais on ignore s'il a reçu des cours de violoncelle et de composition. Boucher n'ayant laissé aucun traité, nous ne disposons pas d'élément sur le jeu de Boccherini.
Ayant décliné l'invitation à participer à la création du Conservatoire de Paris, Boccherini obtient tout de même en 1800 une pension de {{unité}} par an, pour l'organisation de concerts et la composition, grâce à l'ambassadeur français à Madrid, Lucien Bonaparte (le frère de Napoléon), ce qui vaut à ce dernier la dédicace de deux séries de quintettes {{nobr}} et {{nobr}}.
En 1801, il reçoit la visite du virtuose Bernhard Romberg ; en 1803, celle de la compositrice, pianiste et chanteuse Sophie Gail. Elle le trouve très épuisé physiquement.
{{encadré texte}}
Une succession de malheurs familiaux l'amoindrissent. D'abord le décès de plusieurs enfants : sa fille Joaquina en mai 1796, à moins de {{unité}}, puis Mariana (née en 1782) et Isabel en juillet et novembre 1802, puis sa quatrième fille, Teresa en juillet 1804 Enfin la disparition de sa seconde épouse, María del Pilar Joaquina Porretti en janvier 1805. Ces événements semblent avoir précipité sa fin. En revanche de nouvelles études, notamment la thèse de Jaime Tortella, tendent à démythifier l'état de précarité voire d'indigence de ses dernières années.
Sa dernière œuvre, datée de 1804, reste inachevée ; il s'agit du quatuor à cordes en ré majeur opus 64 {{numéro}} [G.249]. Ne subsiste de complet que lallegro con brio, son premier mouvement.
Luigi Boccherini succombe à Madrid, des suites d'une maladie pulmonaire, le 28 mai 1805 et est inhumé dans la crypte de l'église San Justo y Pastor, à Madrid. En 1798, dans une lettre à Pleyel, il se décrivait lui-même en quelques mots :
{{Citation bloc}}
Parmi les instruments de Boccherini, il y avait deux Stradivarius, dont un de 1709, qui fut tour à tour en possession de l'Infant d'Espagne Don Sebastian, puis de son neveu, le duc d'Hernani. Au {{s-}}, il passe des mains de Gaspar Cassadó (1897–1966) – élève de Pablo Casals et auteur d'une transcription du célèbre menuet pour piano et violoncelle – à Julius Berger (né en 1954), élève d'Antonio Janigro et l'interprète d'une intégrale des concertos pour violoncelle et de sonates. C'est le violoncelle que joue Boccherini sur le tableau en haut de cet article.
Frise chronologique
<timeline> ImageSize = width:800 height:150 PlotArea = left:20 right:20 top:20 bottom:80 Period = from:1743 till:1804 AlignBars = justify TimeAxis = orientation:horizontal Colors =
id:LUC value:yellow legend:Lucques id:ROM value:red legend:Rome id:VIE value:green legend:Vienne id:ITA value:orange legend:Italie id:PAR value:purple legend:Paris id:ESP value:blue legend:Espagne
Legend = orientation:horizontal position:bottom
ScaleMajor = unit:year increment:5 start:1743 ScaleMinor = unit:year increment:10 start:1804
Define $dateluc = 1754 Define $daterom = 1755 Define $datevie = 1757 Define $dateita = 1764 Define $datepar = 1767 Define $dateesp = 1768
PlotData =
bar:Période width:30 from:start till:$daterom color:LUC from:$daterom till:$datevie color:ROM from:$datevie till:$dateita color:VIE from:$dateita till:$datepar color:ITA from:$datepar till:$dateesp color:PAR from:$dateesp till:end color:ESP
</timeline>
Post mortem
En 1927, 122 ans après la mort du musicien, un accord passé entre Miguel Primo de Rivera et Benito Mussolini permit à ses restes d'être rapatriés à Lucques, dans la Basilique San Francesco.
En 1994, une nouvelle exhumation se fit afin de pallier des problèmes de conservation. Une équipe de scientifiques dirigée par le professeur italien Gino Fornaciari pratiqua par la même occasion une autopsie historique qui révéla d'intéressantes données sur son anatomie, la maladie qui devait l'emporter (tuberculose : le bacille de Koch ayant été détecté), et les déformations et pathologies dues à sa profession de violoncelliste (majeur de la main gauche déformé). L'autopsie a en outre démontré que ses habitudes alimentaires étaient celles d'un homme aux ressources économiques bien éloignées de l'état de pauvreté communément admise.