Dazai, Osamu (1909-1948)
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Biographie
Enfance et jeunesse
Son vrai nom est {{japonais}}. Il est né à Tsugaru, une région assez isolée du Japon de l'époque, au nord du Tōhoku dans la préfecture d'Aomori. Son père, membre de la Chambre des pairs, était souvent en voyage et sa mère était très malade après avoir accouché de onze enfants, aussi Osamu a-t-il été élevé par les serviteurs de la famille.
Le jeune Shuji séjourna dans des pensionnats pendant toute son enfance, d'abord à Aomori et plus tard à Hirosaki. Il était un brillant élève et écrivait déjà très bien ; il édita des publications étudiantes et y contribua en y publiant quelques-unes de ses œuvres.
Sa vie commença à changer quand son idole, l'écrivain Akutagawa Ryūnosuke, se suicida en 1927. Shuji délaissa ses études, dépensa son argent en alcool, en vêtements et avec des prostituées, tout en s'intéressant au marxisme qui, à l'époque était sévèrement réprimé par le gouvernement. Il déclara souvent dans ses écrits de l'époque se sentir coupable d'être né dans {{citation}}. Le {{Date}}, la nuit avant les examens de fin d'année qu'il n'avait aucun espoir de réussir, Shuji tenta de se suicider par overdose de somnifères. Il survécut et reçut son diplôme l'année suivante. Ce ne sera que la première des nombreuses tentatives de suicide dans sa vie.
Shuji s'inscrit alors à la faculté de littérature française de l'université impériale de Tōkyō et arrêta aussitôt d'étudier. En octobre de la même année, il s'enfuit avec la geisha Hatsuyo Oyama, acte qui lui valut d'être expulsé de sa propre famille. Neuf jours après cette décision, il essaya de se suicider par noyade sur une plage de Kamakura avec une autre femme qu'il connaissait à peine, une serveuse de 19 ans appelée Shimeko Tanabe. Elle mourra, mais Shuji sera sauvé par des pêcheurs passant par là dans leur bateau. Il aura toujours de forts sentiments de culpabilité. Choquée, sa famille interviendra pour arrêter une enquête de la police et annula son expulsion. Shuji et Hatsuyo se marièrent en décembre.
Cette situation plus ou moins heureuse ne dura pas longtemps puisque Shuji fut arrêté pour ses liens avec le Parti communiste japonais ; son frère Bunji l'expulsa de la famille et annula toute aide économique. Shuji s'enfuit et se cacha, mais Bunji réussit à lui faire parvenir un accord : si Shuji coupait tout lien avec le parti et était diplômé de l'université, il serait à nouveau le bienvenu au sein de la famille. Il accepta.
Début de sa carrière littéraire
À la grande surprise de tous les concernés, Shuji honora sa promesse et se calma. Il connut l'écrivain Masuji Ibuse, qui l'aida à publier ses premières œuvres et à obtenir une bonne réputation.
Les années suivantes furent très productives ; Shuji écrira beaucoup et utilisera le nom de plume {{citation}} pour la première fois dans une nouvelle appelée Train (1933), sa première expérience dans le style autobiographique à la première personne (watakushi shōsetsu) qui deviendra plus tard sa signature. En 1935, il devint clair qu'il ne réussirait pas ses études, et sa recherche de travail dans un journal de Tōkyō échoua. Il finit Les Dernières années, dont il pensait que ce serait sa dernière œuvre, et tenta un suicide par pendaison le {{Date}}.
Moins de trois semaines après, Osamu, atteint d'une appendicite aiguë, fut hospitalisé. Pendant ce temps, il devint dépendant du Pabinal, un analgésique à base de morphine. Après un an d'addiction, on l'emmena dans une institution psychiatrique en octobre 1936, où l'on l'enferma dans une chambre et le força à se désintoxiquer. Ce {{citation}} dura plus d'un mois, pendant lequel sa femme Hatsuyo commit un adultère avec le meilleur ami d'Osamu, Zenshirō Kodate. Ceci se révéla peu après, et Osamu essaya de se suicider par shinjū avec sa femme ; ils prirent des somnifères, mais ne moururent pas. Ils divorcèrent peu après. Osamu se remaria rapidement, avec une professeur de collège, Ishihara Michiko. Leur première fille, Sonoko, est née en juin 1941.
Il écrira plusieurs romans et nouvelles pendant les années 1930 et 1940, le plus souvent autobiographiques. Son premier roman, Gyofukuki (1933) est une fantaisie noire incorporant le suicide. Il écrira plusieurs nouvelles en cette période, dont Dōke no hana (1935), Gyakkō (1935) qui était candidat du premier prix Akutagawa, Kyōgen no kami (1936) et celles qui composent son recueil publié en 1936, Bannen, qui décrivent sa solitude et sa débauche.
La guerre
Le Japon déclara la guerre en décembre 1941, mais Osamu fut excusé du service militaire obligatoire à cause de ses problèmes de santé (la tuberculose fut diagnostiquée). Les censeurs devinrent de plus en plus réticents à accepter son travail, mais il réussit à publier assez souvent, devenant l'un des rares auteurs à publier pendant la guerre.
Plusieurs contes qu'il publia pendant la guerre sont des reprises des contes de Ihara Saikaku (1642-1693). Il publia aussi Udaijin Sanetomo (1943) basé sur la vie de Minamoto no Sanetomo, Tsugaru (1944), Pandora no hako (1945-1946), et un recueil de contes de fées, Otogizōshi (1945).
Sa maison fut brûlée deux fois pendant le bombardement de Tōkyō par les Américains, mais lui et sa famille s'en échapperont sans blessures. Il eut un fils, Masaki, né en 1944, et une fille, Satoko (qui deviendra plus tard la célèbre écrivaine Yuko Tsushima), en mai 1947.
Carrière littéraire d'après-guerre
Il atteindra l'apogée de sa carrière littéraire dans les années suivant la fin de la guerre.
Il décrira une vie sans but dans le Tōkyō d'après-guerre dans Biyon no Tsuma ({{citation}}, 1947). Le narrateur est la femme d'un poète qui l'a abandonnée. Elle travaille pour un barman à qui son mari avait volé de l'argent. Sa détermination est testée par de dures épreuves, un viol et les délusions de son mari, mais sa volonté reste de fer.
En juillet 1947 fut publié Shayo, son œuvre la plus connue, décrivant le déclin de la noblesse japonaise après la guerre. Il devint encore plus célèbre et populaire. Toujours un grand buveur, il devint alcoolique, il eut un enfant illégitime avec l'une de ses admiratrices, et sa santé commença à se détériorer. C'est à cette époque qu'il connut Yamazaki Tomie, esthéticienne et veuve de guerre dont le mari est mort dix jours après le mariage. L'écrivain abandonna sa femme et ses enfants et emménagea avec Yamazaki, écrivant sa semi-autobiographie Ningen Shikkaku (人間失格, 1948), à Atami. Pendant le printemps de 1948 il travailla sur un roman qui allait être publié dans le journal Asahi Shinbun, Gutto bai ({{citation}}). Il mourut le {{Date}} avec Tomie Yamazaki (山崎富栄), tous les deux noyés dans l'aqueduc de Tamagawa à côté de leur maison et alors débordant à cause des pluies récentes. Les corps ne furent retrouvés que le 19 juin, le jour de son {{39e}} anniversaire. Il est enterré au temple Zenrin-ji dans la ville de Mitaka de la préfecture de Tokyo.
Il y a des rumeurs persistantes que sa dernière tentative de suicide n'en était pas une, qu'il fut tué par Yamazaki, qui se suicida après avoir jeté son corps au canal. Cette théorie sera au cœur de plusieurs romans et d'un drame passé à la télévision japonaise, mais il n'y a aucune preuve de sa véracité. D'autres pensent que c'est une forme de shinjū.