Bouzignac, Guillaume (1592?-1641?)
Contents |
Biographie
Narbonne
Sa famille est originaire de Saint-Nazaire-d'Aude, près de Narbonne, où ses aïeux sont mentionés dès 1536. Il est enfant de chœur dans la maîtrise de la cathédrale Saint-Just de Narbonne, comme l’indique une mention à la fin du motet O mors, ero mors tua du manuscrit de Tours :
-
- M. Bouzignac, en l’aage de 17 ans, enfant de chœur à Narbonne.
En 1604, et probablement au terme de son apprentissage à la maîtrise, il signe un contrat avec le chapitre de la cathédrale pour tenir un poste non précisé dans la maîtrise - ses capacités précoces de compositeur laissent supposer qu’il aurait pu être maître des enfants. Quelque peu désargenté, il trouve le logis et le couvert chez un boulanger par contrat du 29 octobre 1604.
Angoulême
Il entre comme choriste et sous-maître de musique à la cathédrale Saint-Pierre d’Angoulême le 23 mars 1607, aux gages de 6 lt par mois. Entre ces deux emplois, il semble avoir eu un emploi de musicien domestique chez Gabriel de La Charlonye, juge-prévôt royal à Angoulême, comme il apparaît dans une correspondance entre ce dernier et le Père Mersenne en 1634 :
-
- Pour Boussinat dont vous faictes mention par la vostre [lettre] il a esté autrefois mon domestique. Il est à présent réputé pour estre bon maistre. Peut-être l'influent La Charlonye l'a-t-il aidé à obtenir son poste à la cathédrale ?
Cet épisode angoumois ne dure pas car Bouzignac donne son congé dès le 18 janvier 1608, et revient à Narbonne, où il s’acquitte alors d'une dette envers son ancien logeur.
Grenoble
Le 14 février 1609, il débute un engagement de maître des enfants à la collégiale Saint-André de Grenoble aux gages de 4 lt par mois. Mais il quitte cet emploi trois mois plus tard, le 18 mai. Suit un silence des archives qui dure jusqu’en 1624, qui laisse ouvertes de nombreuses hypothèses : voyage en Italie, éventuellement attaché à un noble ? Voyage en Catalogne ? Nouveau poste dans une maîtrise française mal documentée ?
Bourges
Bouzignac réapparaît le 23 novembre 1624 quand il est nommé maître de musique à la cathédrale Saint-Étienne de Bourges en remplacement du défunt Antoine Hureau, à condition de se faire ordonner prêtre et après avoir subi un examen probatoire. Parmi les nombreux documents d’archive disponibles sur cette maîtrise, on peut noter la mention d’un voyage à Paris d’un mois en juin 1625, une augmentation de gages à 12 lt par quinzaine le 11 avril de la même année. Malgré ces gages de satisfaction du chapitre il ne reste à Bourges que jusque fin 1626, vite remplacé par Nicolas Meusnier le 11 janvier 1627 après un bref intérim de Claude Forest.
Rodez
Son engagement suivant se situe à Rodez, le 6 août 1629, comme maître des enfants pour un contrat d’un an, aux gages de 300 lt par an et avec des avantages en nature (froment et seigle, vin et gratifications occasionnelles). Dans la mesure où un certain Guillaume Goutelh est nommé maître de chapelle à Rodez en 1632, on peut supposer que Bouzignac part à cette époque, encore que les positions de maître de chapelle et de maître des enfants ne sont pas similaires.
Une fois encore, sa biographie s’interrompt d’environ 1632 à 1642. Martial Leroux a émis l'hypothèse d'un poste à Tours autour de 1640-1641, mais cette hypothèse n'apparaît pas solide.
Montauban ?
Un acte du 3 décembre 1642 révèle que Guillaume Bouzignac, prêtre du diocèse de Narbonne, sera bénéficiaire de la première cure vacante en la cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption de Montauban, par la démission de Pierre Laurens, prêtre du diocèse de Montauban. Cette piste mériterait d'être approfondie sur place, dans la mesure où cela pourrait être le signe d'un emploi dans cette ville. Toutefois, la possession d'une cure, en général, ne porte pas d'obligation de résidence ; elle pouvait consister en une sorte d'investissement, à cause des revenues qui y étaient attachés.
Clermont-Ferrand
Le dernier poste connu de Bouzignac se situe dans la capitale de l’Auvergne, où il s’engage le 2 octobre 1643 comme « maître des enfants de chœur et expert en l’art musical ». Mais rien d’autre n’est connu de cet emploi, qu’on suppose avoir été le dernier. Il est encore cité dans cet emploi dans le traité manuscrit de plain chant de dom Jacques Le Clerc, rédigé vers 1665 :
-
- Dans un seul trio du Sr Bouzignac, maistre de psalette à Clermont en Auvergne, qui ne contient que six petits vers, je feray remarquer en plus de vingt endroits des syllabes que nous faisons brèves en parlant, y estre faites longues.
sans que cette mention n’implique en aucune manière qu’il était encore vivant à cette date, d'autant qu'il est cité après Roland de Lassus et Claude Le Jeune. En l’absence de toute indication contraire, on suppose qu’il est mort à Clermont-Ferrand, à une date inconnue.
Bouzignac aura eu une carrière assez itinérante, semblable en cela à Annibal Gantez. Mais ces nombreux déplacements ne doivent pas être vus comme la conséquence d’une ambition dévorante ou d’une instabilité intrinsèque ; ils pouvaient aussi résulter d’un caractère difficile ou d’une lassitude à assumer, outre les charges proprement musicales (enseignement, répétitions, composition..) la responsabilité, la nourriture et l’entretien de plusieurs enfants dissipés...