Mason, James (1909-1984)
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Biographie
Star britannique
Après des études d'architecture à Cambridge, il se dirige vers le théâtre. Il rejoint dès 1931 la Old Vic Company, une troupe sous la direction de sir Tyrone Guthrie. Sa première tentative au cinéma est un échec quand, en 1934, il est renvoyé du plateau de tournage d'un film réalisé par Alexander Korda. C'est lors d'un cocktail qu'il rencontre Albert Parker, réalisateur américain qui deviendra un grand ami. Dès 1935, leur première collaboration, Late Extra, remporte un vif succès auprès du public britannique. De 1935 à 1947, Mason parvient à démontrer son véritable talent d'acteur dans des films tels que L'Homme en gris, L'Homme fatal ou encore Le Septième Voile.
Mason devient une star du florissant cinéma britannique : il tourne des adaptations d'Edgar Wallace, George Eliot, la Baronne Orczy, A. J. Cronin, et même d'Edmond Rostand et Marcel Achard, se frotte au gotha des acteurs de son pays — Laurence Olivier, Vivien Leigh, Deborah Kerr, Michael Redgrave... À la télévision, il s'affronte à Ralph Richardson et interprète Molière et W. Somerset Maugham. Il impose son romantisme souvent inquiétant en séducteur face à Valerie Hobson, Virginia Cherrill, Margaret Lockwood, Phyllis Calvert et Ann Todd, reines des écrans britanniques.
Le triomphe de Odd Man Out
En 1947, James Mason remporte son premier grand succès international avec le film Huit heures de sursis (Odd Man Out, en anglais) de Carol Reed. Dans ce film, Mason interprète Johnny McQueen, le chef d'une organisation irlandaise clandestine qui, après avoir été blessé à la suite d'un hold-up raté, disparaît, errant dans les rues de Belfast alors qu'il est recherché par la police. C'est d'ailleurs le film préféré de Mason qui avouera lui-même dans une interview que le rôle de McQueen est l'une de ses meilleures interprétations cinématographiques.
La vedette confirmée va être ravie à la Grande-Bretagne par Hollywood, comme cela s'est souvent produit : Merle Oberon, David Niven, Greer Garson, Leslie Howard avant la guerre, Deborah Kerr, Jean Simmons, Stewart Granger, Richard Burton ou Joan Collins après.
Départ pour Hollywood
Suite aux accrocs avec le président de la firme cinématographique Rank (qu'il traitait de vendeur de farine) et des démêlés avec la justice (un procès eut lieu en 1947), il quitte le Royaume-Uni pour les États-Unis où il reste deux ans sans tourner (le procès lui interdisant de travailler dans le domaine cinématographique). C'est donc en 1949 que Mason tourne son premier film américain Pris au piège de Max Ophüls. Sa période hollywoodienne le propulse au rang de vedette internationale du grand écran avec des films comme Le Prisonnier de Zenda, Pandora, Le Renard du désert, Jules César, Vingt mille lieues sous les mers, ou encore Une étoile est née qui lui vaudra sa première nomination aux Oscars.
Chaque fois il s'impose sans difficulté en face des plus grandes stars américaines : Ava Gardner, Marlon Brando, Judy Garland, Kirk Douglas. Il interprètera au long de sa carrière abondante Gustave Flaubert ou Rommel.
En 1956, Mason entreprend sa première production avec le film Derrière le miroir de Nicholas Ray. Malheureusement, le film est un échec commercial en Amérique du Nord (ce qui n'est toutefois pas le cas en Europe où il remporte un vif succès). Néanmoins, James Mason met vite un terme à cette tentative et tourne dans de grandes productions américaines telles que La Mort aux trousses d'Alfred Hitchcock ou encore Voyage au centre de la Terre.
En 1962, Mason tourne, sous la direction de Stanley Kubrick, Lolita, film portant le titre éponyme du roman de Vladimir Nabokov, paru en 1955, qui lui vaut une deuxième nomination aux Oscars. Le film, qui raconte l'histoire d'un écrivain pris d'une passion amoureuse et sexuelle, obsessionnelle, pour une nymphette de douze ans et demi, est tourné au Royaume-Uni, ce qui permet à Mason de se rapprocher de ses racines britanniques.
Retour en Angleterre
En 1967, il quitte définitivement Hollywood pour son pays natal, où il renoue avec le public britannique avec des films comme Georgy Girl (1966), film pour lequel il reçoit une nomination aux Oscars, La Mouette (1969), Mandingo (1974) ou encore Croix de fer (1976). Les Britanniques Jack Clayton et Michael Powell le dirigent notamment. Entre 1975 et 1976, il tourne une série de quatre films en Italie, tous des polizieschi (polars à l'italienne), dans lesquels il interprète tour à tour un riche homme d'affaires, un sénateur corrompu, un avocat véreux et un procureur municipal. Mason ne parlant pas italien, ses scènes sont doublées dans la version originale. Vers la fin des années 1970, il apparaît le plus souvent dans de petits rôles comme dans Jésus de Nazareth (1977), Ces garçons qui venaient du Brésil (1978) ou Les Vampires de Salem (1979), un téléfilm tiré d'un roman de Stephen King.
Avec Le Verdict (The Verdict) de Sidney Lumet, James Mason obtient en 1982 une troisième et dernière nomination aux Oscars, pour le meilleur acteur dans un second rôle. De ses derniers films, on peut retenir Meurtre au soleil (1982), une adaptation d'un roman policier d'Agatha Christie, mais aussi La Partie de chasse (1984) dans lequel il interprète un aristocrate britannique vieillissant, face à son aîné John Gielgud. The Assisi Undergound, tourné quelques mois avant sa mort, est son dernier film.
Mort
Peu de temps après le tournage de The Assisi Underground, James Mason meurt d'une crise cardiaque à l'hôpital de Lausanne le 27 juillet 1984 à l'âge de 75 ans. James Neville Mason repose désormais dans le petit cimetière de Corsier-sur-Vevey, en Suisse, à 3 tombes (sur la gauche) de son vieil ami Charles Chaplin. Sa veuve Clarissa est décédée en 1994.
Michel Cieutat rendra hommage à la star dans la revue Positif : {{citation bloc}}