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Jouhandeau, Marcel (1888-1979)

Biographie

Né d'un père boucher dans une famille commerçante de Guéret, il est élevé jusqu'à l'âge de neuf ans par sa tante Alexandrine. Marcel Jouhandeau, marqué au visage par une malformation labiale, se tourne dès ses jeunes années – sous l'influence d'une jeune fille (Jeanne Martin) qui avait été novice au Carmel de Limoges – vers un catholicisme mystique et on envisage son entrée au séminaire. À la suite d'une lecture, en 1908, il prend conscience de son homosexualité latente. Cette même année il part pour Paris, étudie quelques mois au lycée Henri-IV, puis la Faculté des lettres. Il écrit alors ses premiers contes. Il devient professeur au collège privé Saint-Jean de Passy à partir de janvier 1913.

Son homosexualité entre dès lors en conflit avec sa foi catholique et toute sa vie il oscillera entre la célébration du corps masculin et le vécu mortifère de sa sexualité au point qu'en février 1914, dans un élan mystique, Jouhandeau brûle tous ses manuscrits et tente de se suicider. La crise passée, il revient à l'écriture sur les conseils en particulier de son ami Léon Laveine. Il écrit ce qu'il appelle des contes, ce sont des chroniques inspirées par sa ville natale Guéret qu'il baptise Chaminadour.

Durant la Première Guerre mondiale, il est versé dans le service auxiliaire et affecté à l'arrière comme secrétaire à Guéret. Il publie La Jeunesse de Théophile en 1921 et en 1924 Les Pincengrain. Ces textes déclenchent une vive animosité des Guérétois à son égard. Il se marie à quarante ans le 4 juin 1929 à Paris avec une ancienne danseuse, Élisabeth Toulemont, dite Caryathis, Élise dans son œuvre. Amie de Jean Cocteau et de Max Jacob, elle avait été la maîtresse de Charles Dullin. Élise espère détourner son mari de ses penchants pour les garçons mais, au cours des années 1930, celui-ci l'emportera à nouveau et s'imposera définitivement à la fin de sa vie. Il en parle ouvertement dans divers ouvrages comme Chronique d'une passion, Du pur amour, Tirésias. Les Jouhandeau habitent à Paris près de la porte Maillot. Ses livres sont publiés aux éditions Gallimard (sept titres chez Grasset à la suite d'une brouille avec Gaston). Il enseigne jusqu'en juillet 1949.

Vers 1949 les Jouhandeau recueillent une fillette, Céline. Son éducation est un échec. À sa majorité elle met au monde un garçon (le père est reparti pour l'Italie abandonnant mère et enfant), Marc, que les Jouhandeau adopteront.

De 1936 à 1941, il écrit quatre articles antisémites dont trois seront réunis dans une plaquette Le Péril juif édité par Sorlot (s.d.). En 1941, il participe au « congrès de Weimar » (organisé par Goebbels) sur l'invitation de Gerhardt Heller. Partent avec lui Abel Bonnard, Pierre Drieu la Rochelle, Brasillach, Fabre-Luce, Chardonne, Fraigneau, Fernandez. En décembre 1941, Jouhandeau publie Témoignage, un court article où il développe son admiration pour l'Allemagne, dans La NRF de Drieu. À la Libération, son dossier sera classé sans suites. Dans ses Journaliers, longue chronique de vingt-huit volumes, il reviendra à plusieurs reprises sur cette période de son œuvre.

Élise meurt en 1971. Ce couple infernal occupe une place importante dans l'œuvre. Atteint de cécité, Jouhandeau cesse d'écrire en 1974. Il consacre ses dernières années à son fils Marc et s'éteint d'un cancer de l'estomac en 1979 à Rueil-Malmaison, son domicile depuis 1960.