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Rebell, Hugues (1867-1905)

Biographie

Georges Joseph Grassal naît le 28 octobre 1867, fils de Auguste Anselme Grassal, 46 ans, propriétaire boulevard Delorme, et de Augustine Victoire Françoise Caroline Marchal, 38 ans (déclaré le 29/10/1867, 5ème canton de Nantes, acte 361 page 63) dans une famille bourgeoise de marins, armateurs et banquiers. Il fait des études médiocres, d'abord au collège des Enfants nantais puis chez les Jésuites de Jersey, qu'il interrompt avant d'obtenir son baccalauréat. Mais il lit beaucoup et, à dix-neuf ans, publie à compte d'auteur un recueil de poèmes Les Jeudis saints et un roman Les Méprisants.

Son père meurt l'année suivante, lui laissant une fortune de 500.000 francs. Il va la consacrer à ses passions : les livres rares, le luxe, et surtout les femmes. « Un bel esprit, fin, curieux, très raffiné, note Paul Léautaud. Un curieux individu, aussi, sorte de sadique, de corrompu à l'excès. » Plein de morgue, se présentant « dans l'attitude de l'aristocrate heureux et dédaigneux » (Remy de Gourmont), il ne se fait pas que des amis. En politique, il est passionnément monarchiste et réactionnaire.

Il voyage en Allemagne (1888), en Belgique et en Hollande (1889), en Angleterre (1890), à nouveau en Allemagne (1891), sur les traces de Schopenhauer, Wagner et Nietzsche. À Paris, où il loge rue Claude-Bernard, Adolphe Retté l'introduit dans les bureaux de la revue L'Ermitage d'Henri Mazel, où il se lie avec Louis Le Cardonnel, Alphonse Germain et René Boylesve. Ce dernier sera son ami et son disciple.

En 1892, il loue un appartement au palais Veniere à Venise et commence à écrire les poèmes de son premier livre important, Les Chants de la pluie et du soleil, ainsi que son roman La Nichina. Il poursuit en 1893 à Naples et termine à Munich. De retour à Paris, il s'installe boulevard des Batignolles où, détestant le gaz et l'électricité, il se chauffe au bois de hêtre et s'éclaire à la bougie. Les Chants de la pluie et du soleil sont publiés en 1894 et exaltent un paganisme nietzschéen annonciateur de Gide mais aussi, par certains côtés, du fascisme.

En 1894, à Naples, les parents d'une mineure qu'il a séduite commencent à le faire chanter. Le chantage se poursuivra en France et Rebell y engloutira une bonne part de sa fortune. Cette affaire fut en outre la cause probable de l'avortement en 1895 de son projet de mariage avec Claire Rops (la fille du graveur Félicien Rops), qui épousa finalement Eugène Demolder, écrivain également. La Nichina, achevé à Mantoue, est publié en 1896 et remporte un gros succès de librairie. Ce roman, situé dans l'Italie de la Renaissance chère à l'auteur, serait un livre à clefs, dans lequel la Nichina serait la demi-mondaine Valtesse de La Bigne, maîtresse d'Édouard Detaille, d'Henri Gervex et de plusieurs banquiers, et Fra Arrivabene le sous-secrétaire d'État à l'intérieur Louis-Numa Baragnon.

En 1896, Hugues Rebell rencontre Juliette qui sera Juliette Fournier, l'héroïne de La Câlineuse (1899), roman autobiographique dans lequel le personnage de Pierre Chaperon évoque l'écrivain Jean Lorrain. En 1898, il publie La femme qui a connu l'Empereur, roman d'histoire contemporaine et, en 1902, son dernier livre et le plus célèbre, Les Nuits chaudes du Cap français.

En 1900, il a fait un dernier voyage en Espagne. Mais, harcelé par ses créanciers, miné par l'arthrite, il est désormais pauvre et presque mourant. Il engage des collaborateurs : Gustave Le Rouge, avec qui il projette une histoire romancée la flibuste ; Jean de Mitty, qui travaille au Journal d'un valet de chambre, sur-titré Au service de l'empereur ; Marius Boisson tient la plume pour deux recueils de nouvelles publiés chez Carrington, Femmes châtiées et Cinq histoires vécues, et un roman signé "Jean de Villiot", Gringalette. Pour fuir les huissiers, il quitte son appartement du boulevard des Batignolles pour un immeuble sordide du 10 rue des Francs-Bourgeois. Il ne sort plus guère que la nuit. Il y meurt d'une péritonite en 1905, ruiné mais au milieu de ses livres précieux dont il refusait de se séparer. En 1900, il avait répondu à lEnquête sur la monarchie de Charles Maurras et s'était montré en faveur du nationalisme intégral et de la restauration monarchique.