Aubigné, Théodore Agrippa d' (1552-1630)
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Biographie
Jeunesse
Théodore Agrippa est né a Saint Maury près de Pons, en Saintonge. Il est le fils du juge Jean d’Aubigné, d'origine roturière, et Catherine de L’Estang, de petite noblesse, qui meurt en lui donnant la vie. On l’appelle ainsi Agrippa (aegre partus), parce qu’il a été enfanté avec peine. Agrippa est baptisé dans la religion catholique mais est élevé dans la religion calviniste. Son père Jean, converti au calvinisme, prend part au soulèvement protestant. Il participe aux opérations de la conjuration d'Amboise sous les ordres de Tanneguy du Bouchet, dit Saint-Cyr, chef militaire protestant du Poitou. En avril 1560, alors qu'il passe par Amboise avec son fils, il lui aurait fait jurer de venger la mort de ses compagnons.
Sous la férule de précepteurs calvinistes, Agrippa apprend entre autres disciplines, le latin, le grec et l'hébreu. En avril 1562, pour ses études, Jean installe Agrippa à Paris chez Mathieu Béroalde. Deux mois plus tard, la guerre est déclenchée et un arrêt ordonne l'expulsion des protestants ; Agrippa quitte la ville avec son professeur. Sur le chemin, ils sont arrêtés et emprisonnés par des pillards catholiques, mais parviennent à s’échapper grâce à un complice, et gagnent Montargis, où les accueille Renée de France. Ils séjournent ensuite à Orléans, où Agrippa est atteint de la peste mais en guérit. Il se rompt aux armes, et assiste au siège d’Orléans au cours duquel meurt son père.
Envoyé à Genève en 1565, Agrippa y poursuit ses études sous la protection de Théodore de Bèze. Un an plus tard, il est contraint de fuir la ville du fait de son implication dans une histoire de mœurs. Lorsqu'éclate la deuxième guerre de religion (1567), il s’engage sans hésiter dans l’armée protestante.
Il était, à la suite d’un duel, absent de Paris durant les massacres de 1572 mais en garda une rancune tenace contre la monarchie. Les Tragiques conservent la trace des visions d’horreur dont il fut le témoin.
À la cour des Valois
Quelque temps après la Saint-Barthélemy, Aubigné retourne à la cour de France où il se lie avec le roi de Navarre (futur Henri IV) et devient son écuyer (août 1573). Il a vingt-et-un ans. À cette époque, Henri de Navarre est assigné à résidence à la cour et placé sous une étroite surveillance. On ignore si, comme lui, Aubigné a feint d'être catholique. Toujours est-il qu'il participe à la tentative d'évasion de son maître lors des évènements de la conjuration des Malcontents. L'affaire échoue, et Henri de Navarre doit donner des gages de sa soumission en écartant ses serviteurs les plus suspects et en envoyant ses hommes combattre les troupes protestantes. Aubigné se retrouve alors enrôlé à plusieurs reprises dans l'armée catholique. Guidon du seigneur de Fervaques, il combat les protestants en Normandie puis à la bataille de Dormans où il se lie d'amitié avec le duc de Guise.
À la cour où il côtoie les plus grands, Aubigné fait figure de courtisan accompli. Apprécié pour son intelligence et son esprit mordant, il aurait fait partie de l'Académie de musique et de poésie qui siège au Palais du Louvre. Amateur des mascarades et des joutes, il invente des divertissements de cour et se fait connaître comme expert en magie. C'est aussi un querelleur courant sans cesse après les duels. {{référence nécessaire}}. Il fait partie des compagnons du roi de Navarre lorsque ce dernier fuit la cour le {{date}}.
À la cour de Nérac : entre faveur et disgrâce
Cette amitié entre le roi et son écuyer dure plusieurs années, le roi lui confiant de nombreuses missions. Mais de caractère emporté et intransigeant, Aubigné se brouille à de nombreuses reprises avec son maître. Aubigné lui reproche de ne pas être suffisamment attaché à la cause protestante, l'accusant de trop favoriser les catholiques de son entourage. Henri de Navarre est porté à la conciliation et ménageait la cour de France, alors qu'Aubigné appelle à la poursuite de la lutte. Après la signature de la paix de Poitiers qu'il condamne, il quitte une première fois son maître (1577). Grièvement blessé à Casteljaloux, il se retire pendant deux ans sur ses terres aux Landes-Guinemer dans le Blaisois où il se met à écrire. Selon la légende qu’il a lui-même forgée bien plus tard, c’est à Casteljaloux que, alors qu'il était entre la vie et la mort, lui seraient venues les premières « clauses » de son grand poème épique sur les guerres de religion, Les Tragiques.
Aubigné retourne à la cour de Navarre en 1579. En 1582, il se met au plus mal avec la reine Marguerite de Valois qui demande à son époux de l'éloigner. Ses relations avec Diane d'Andoins, maîtresse du roi ne sont pas meilleures. En 1588, il déconseille au roi de se séparer de son épouse légitime pour épouser sa maîtresse. Entre temps, Aubigné a épousé Suzanne de Lusignan de Lezay (1583).
Les dernières désillusions
Pendant les guerres de la Ligue, Aubigné s'illustre de nouveau au combat. Il participe à la bataille de Coutras que remporte Henri sur l'armée royale en 1587. Henri de Navarre le nomme maréchal de camp en 1586, puis gouverneur d’Oléron et de Maillezais, que d'Aubigné avait conquis par les armes en 1589, puis vice-amiral de Guyenne et de Bretagne.
Après l’assassinat du duc de Guise en 1588, Aubigné reprend part aux combats politiques et militaires de son temps. Il est alors le représentant de la tendance dure du parti protestant (« les Fermes ») et voit d’un mauvais œil les concessions faites par le chef de son parti pour accéder au trône. Comme de nombreux protestants, d’Aubigné ressent l’abjuration d’Henri IV, en 1593, comme une trahison. Les divergences politiques et religieuses finissent par le séparer du roi. Aubigné est peu à peu écarté de la cour, dont il se retira définitivement après l’assassinat d’Henri IV en 1610. Aubigné et Henri IV ne se doutaient pas que leurs petits-enfants respectifs, Louis XIV et Françoise d’Aubigné, s'uniraient en 1683.
Retraite et exil
En 1611, à l’Assemblée des églises protestantes de Saumur, D’Aubigné, élu pour le Poitou, ridiculise le parti des « Prudents » dans Le Caducée ou l’Ange de la paix.
Il semblerait que c’est à cette période qu’il se tourna vers l’écriture de ses œuvres, et en particulier des Tragiques. Mais ce n’est pour lui qu’un autre moyen de prendre les armes, en multipliant les pamphlets anti-catholiques et les attaques polémiques contre les protestants convertis.
De son premier mariage, il a un fils, Constant, père de Françoise d’Aubigné, la future marquise de Maintenon, et deux filles, Louise Arthémise de Villette (1584-1663) et Marie de Caumont d’Adde (1586-1624). Son fils Constant lui causa les plus grandes déceptions de sa vie en se convertissant au catholicisme puis en menant une vie scandaleuse de débauche et de malversation ; il le déshérita, plongeant du même coup sa belle-fille et ses petits-enfants dans la misère. Après la mort de son épouse en 1596, d'Aubigné eut un fils naturel avec Jacqueline Chayer, Nathan d'Aubigné, ancêtre de la famille suisse des Merle d'Aubigné.
Refusant tout compromis, d’Aubigné est contraint de quitter la France en 1620, après la condamnation de son Histoire universelle depuis 1550 jusqu’en 1601 par le Parlement. D'Aubigné se retire alors à Genève, où est publié l’essentiel de ses œuvres. Il y épouse en 1623 Renée Burlamacchi, petite-fille du Lucquois Francesco Burlamacchi, et y meurt le {{date}}.