Matsuo, Bashō (1644-1694)
Biographie
Né {{japonais}}, et devenu après l'enfance {{japonais}}, il est issu d'une famille de bushi. Il se lie d'amitié avec le fils de son seigneur, le jeune Yoshitada, mais la mort de son ami le conduit à renoncer à une carrière classique de guerrier et à étudier les lettres.
À ce moment, Bashō prend l'habit de moine et part suivre l'enseignement de plusieurs maîtres, dont Kitamura Kigin, à Kyōto. Sept ans plus tard, il part pour Edo (moderne Tōkyō) où il publie son premier recueil de poèmes dont le célèbre :
- « Sur une branche morte
- Les corbeaux se sont perchés
- Soir d'automne. »
Plus tard, il crée sa propre école poétique. Il pratique le haïku avec un groupe de disciples dans son ermitage de Fukagawa à partir de 1680. Le surnom de cet endroit est « l'Ermitage au bananier » (Bashō-an) car un bananier lui avait été offert par l'un de ses disciples. Il le planta devant son ermitage – où il se trouve toujours – mais on ne sait pas pourquoi il lui emprunta son nom de plume.
Le style nouveau qui caractérise son école est le style shōfu. Celui-ci peut se définir par quatre mots :
- sabi : c'est la recherche de la simplicité et la conscience de l'altération que le temps inflige aux choses et aux êtres ;
- shiori : il s'agit des suggestions qui émanent du poème sans qu'elles ne soient formellement exprimées ;
- hosomi : l'amour des choses humbles et la découverte de leur beauté ;
- karumi : l'humour qui allège du sérieux et de la gravité.
Pour Bashō, le haïku n'est pas dans la lettre mais dans le cœur. Il s'efforce d'exprimer la beauté contenue dans les plus simples choses de la vie :
- « Paix du vieil étang.
- Une grenouille plonge.
- Bruit de l'eau. »
C'est une poésie de l'allusion et du non-dit qui fait appel à la sensibilité du lecteur. Par exemple, il évite de décrire l'évidente beauté du mont Fuji :
- « Brume et pluie.
- Fuji caché. Mais maintenant je vais
- Content.»
Bashō pratique également le journal de voyage qu'il entremêle de délicats poèmes. Le plus célèbre d'entre eux est La Sente étroite du Bout-du-Monde (Oku no hosomichi) mais ils relèvent tous d'un genre impressionniste qui voit le poète s'arrêter devant des paysages ou des scènes de la vie quotidienne et laisser venir le poème que cette vision suscite en lui.
En passant devant les ruines du château ou périt le célèbre Minamoto no Yoshitsune alors qu'il était assiégé par l'armée de son frère Yoritomo, le poète est frappé de voir qu'il ne reste rien de cette gigantesque bataille, de tous ces glorieux combats et que la nature a repris ses droits :
- « Herbes de l'été.
- Des valeureux guerriers
- La trace d'un songe. »
Nourri de culture chinoise et de philosophie bouddhiste, Bashô crée des contrastes saisissants qui, un peu à la manière des koan de l'école bouddhique du Zen, nous invitent à dépasser la dualité des phénomènes et à nous libérer de nos illusions:
Shizukasa ya iwa ni shimiiru semi no koe
Traduction: Silence le chant des cigales pénètre les rocs
Bashō est le premier grand maître du haïku et sans aucun doute le plus célèbre au Japon où il reste littéralement vénéré.
Il est enterré à Ōtsu, préfecture de Shiga, auprès de Minamoto no Yoshinaka, conformément à ses derniers souhaits.