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Augustin (0354-0430 ; saint)

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Biographie

Enfance et jeunesse, 354 à 371

Augustin à l'école de Thagaste par Benozzo Gozzoli. Augustin naît en 354 à Thagaste en Numidie (actuelle Souk Ahras, Algérie). La ville, située à un peu plus de {{unité}} de la Méditerranée à une altitude de {{unité}}, est alors un municipe d'Afrique romaine depuis environ deux siècles.

Augustin appartient à une famille Punique de la classe aisée {{citation}} qui ambitionne de voir son enfant devenir avocat ou membre de l'administration impériale, Augustin se considérait comme Punique. Le père d'Augustin est un romanisé païen du nom de Patricius. D'origine modeste, il n'a pas fait d'études. Sa mère Monique dont le prénom semble indiquer des origines berbères, est une fervente chrétienne. Le couple connaît des tensions liées à la fois aux infidélités du mari et au fait que l'épouse le trouve « limité ». Elle parvient, malgré tout à le convertir au christianisme peu avant son décès.

Augustin a un frère, Navigius, et une sœur, qui sera supérieure du monastère d'Hippone. Leur langue maternelle est le latin. Si Augustin se définit lui-même comme un écrivain punique, il n'est pas certain qu'il ait connu les dialectes africains locaux et sa culture est foncièrement latine. Élève doué, mais indocile, il déteste l’école et craint le châtiment de ses maîtres.

Le père d'Augustin réussit à faire des économies pour que ses fils puissent bénéficier d'une éducation classique. Augustin étudie à partir de quinze ans à Madaure (actuelle M'daourouch, Algérie). Plus tard, dans les Confessions (livre I), il se montre critique envers un mode d'enseignement qu'il estime trop centré sur l’éloquence et la mémoire. Le manque d'argent le contraint à revenir à la maison familiale alors qu'il a seize ans. À cette époque, il commet de menus larcins tel le célèbre vol des poires commis non par besoin, mais par plaisir de la transgression. Il se le reprochera plus tard et écrira dans son livre les Confessions :

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Étudiant à Carthage

Le Jeune Cicéron lisant, fresque de Vincenzo Foppa (vers 1464), Collection Wallace, Londres.

Alors qu'Augustin va sur ses dix-sept ans, son père réussit à épargner suffisamment pour que son fils puisse reprendre les études à Carthage, alors la seconde ville de l'Empire romain d'Occident. Dans les Confessions, Augustin décrit le climat d'extrême sensualité de cette ville d'Afrique du Nord (« la friture des amours infâmes »), les plaisirs de l’amour et du théâtre : {{Citation bloc}}

Là, il connait une sorte de crise d'adolescence, et dans le latin flamboyant d'Augustin et dans le style apprécié des Romains d'Afrique où abondent les jeux de mots et les chiasmes, il écrit le passage très connu qui suit la phrase citée plus haut : {{citation bloc}} (traduction : {{citation}})

À Carthage, très vite, il fait connaissance de la femme dont il aura un fils, Adéodat, et dont il partage la vie durant quinze ans{{,}}. On ne sait pas grand chose sur la compagne d'Augustin, Floria. Tout au plus peut-on penser qu'elle était chrétienne puisque le nom de leur fils, signifie « donné par Dieu ».

La lecture de lHortensius, un livre aujourd'hui disparu de Cicéron, le conduit à se passionner pour la philosophie{{,}} qui est alors comprise comme {{citation}}. Si, à Carthage, le Christ n'est pas vu comme le {{citation}}, mais comme la Sagesse de Dieu, la façon extrêmement légaliste dont l'Église d'Afrique interprète les écritures le conduit, dans un premier temps, à devenir, neuf ans durant, un adepte du manichéen. En même temps qu'il se convertit au manichéisme, Augustin décide d'abandonner le projet que son père et son protecteur Romanianus avaient pour lui : être d'abord avocat ou fonctionnaire impérial, pour devenir ensuite enseignant. Aussi, en 375, il retourne à Thagaste et y enseigne la grammaire.

Néanmoins, Augustin revient assez rapidement à Carthage où il reste jusque vers 382. Un prix de poésie lui permet de devenir familier du proconsul de Carthage, Vindicius, qui, s’apercevant de la passion d’Augustin pour l’astrologie, parvient à l’en détourner en lui montrant que le succès de quelques prédictions n’est que le fruit du hasard. Ce lien avec un personnage influent donne à Augustin l'opportunité de nouer des relations qui lui permettent d'envisager son départ de Carthage pour Rome. Il est d'autant plus enclin à quitter Carthage qu'il veut faire carrière et qu'il trouve ses étudiants indisciplinés.

Séjour en Italie et conversion d’Augustin

Le baptême d'Augustin par Ambroise de Milan, toile de Benozzo Gozzoli, {{s-}}. Son année à Rome se passe mal : il tombe malade, il se sent coupable d'avoir menti à sa mère pour éviter qu'elle ne le suive, et pour finir, les étudiants s'avèrent aussi décevants qu'à Carthage et « oublient » de payer leur professeur. Heureusement à l'automne 384, le sénateur Quintus Aurelius Symmaque, dont il est le protégé l'envoie, sur recommandation des manichéens comme professeur de rhétorique à Milan.

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À Milan, il fréquente une société composée de poètes et de philosophes, particulièrement des platoniciens. Il rencontre aussi Ambroise de Milan, l'évêque chrétien de la ville dont il suit les homélies avec assiduité. Sous son influence, il décide de rompre avec le manichéen, {{citation}}. Ambroise lui apprend également une lecture non pas littérale, mais symbolique de la Bible qui lui permet de dépasser les préventions devant un texte qui tant sur la forme que sur le fond le rebute.

Sa mère, qui a fini par le rejoindre, lui arrange une union avec un riche parti, mais la jeune fille n'étant pas encore en âge de se marier, il doit patienter deux ans. Il renvoie, sur les conseils de sa mère selon certains, la concubine avec laquelle il vit depuis quinze ans. Puis, ne pouvant rester seul, il prend une nouvelle maîtresse.

Fin août 386, Ponticianus, un de ses compatriotes fonctionnaire à Trèves, en visite à Milan lui fait le récit de la conversion au christianisme de deux de ses collègues appartenant au corps des agents secrets. Ce récit provoque chez Augustin un tel bouleversement qu'il se convertit à son tour.

Après sa conversion, Augustin abandonne le métier de rhéteur et va faire une retraite culturelle ({{Lang}}), comme c'est revenu à la mode à la fin du {{s-}}, dans une villa qu'un ami a mise à sa disposition près de Milan à Cassiciacum (aujourd'hui Cassago Brianza). Durant ce séjour, il est accompagné de sa mère, qui fait office de maîtresse de maison, de son fils Adéodat, de son frère aîné Navigius, et de quelques-uns de ses amis. Ce séjour permet aussi à Augustin de se déprendre de la vie compliquée qu'il a eue au début de son séjour en Italie. C'est de ce séjour que datent le Contre les Académiciens, De l’ordre, le Traité de la vie bienheureuse, les Soliloques.

Le séjour d’Augustin à Cassiciacum dure de septembre 386 jusqu’au 23 mars 387. Augustin revient ensuite à Milan et se prépare au baptême, en même temps que son fils Adéodat et que son ami Alypius. Durant cette période, il écrit le De musica. Dans la nuit du 24 au 25 avril 387, à Pâques, il est enfin baptisé par Ambroise, évêque de Milan. {{début citation}}Combien j’étais ému ! Que de larmes s’échappaient de mes yeux, lorsque j’entendais retentir dans votre église le chœur mélodieux des hymnes et des cantiques qu’elle élève sans cesse vers vous ! Tandis que ces célestes paroles pénétraient dans mes oreilles, votre vérité entrait par elles doucement dans mon cœur; l’ardeur de ma piété semblait en devenir plus vive; mes larmes coulaient toujours, et j’éprouvais du plaisir à les répandre. (Confessions, livre 9) {{fin citation}}

Sur le chemin du retour, en raison d'un blocus du port d'Ostie imposé par Maxime, un général usurpateur, Augustin et ses amis sont obligés de demeurer quelque temps dans cette ville où demeure sa mère.

Évêque d'Hippone

Carte de Numidie, avec Thagaste (Souk Ahras) et Hippone (Annaba). Il revient en Afrique après cinq années d’absence vers la fin 388 et vit en communauté non loin de Thagaste (actuelle Souk Ahras) avec des amis, dont Alypius, qui devient vite évêque du lieu, et des disciples. Les tensions entre les catholiques et les manichéens sont alors vives ce qui pousse Augustin à écrire De la vraie religion pour dissuader ceux qui seraient tentés par le manichéisme. Il termine également avec son fils Adéodat De la Grandeur de l’âme, qu’il a commencé de composer à Rome. La mort de son fils à l’âge de 17 ans, et celle de Nébridius, un ami qu'il connait depuis Carthage, provoquent chez lui un immense vide et lui donnent l'envie de sortir d'une vie purement contemplative. Aussi, en 391, il accepte d’aller à Hippone (actuelle Annaba) rendre visite à un ami, membre de la police secrète, qui désire se retirer du monde : c'est à cette occasion qu'il va devenir prêtre dans des circonstances qui méritent d'être un peu explicitées.

Les évêques et les prêtres sont à cette époque choisis par les fidèles. Au moment de l'arrivée d'Augustin à Hippone, l'Église catholique est minoritaire face à la puissante Église donatiste tandis que les manichéens sont actifs. Leur chef Fortunatus est une ancienne connaissance d'Augustin. L'évêque catholique Valerius, un Grec, parle mal le latin et n'est pas capable de comprendre le dialecte punique. Aussi, lorsqu'il explique à ses fidèles le besoin en prêtres de son église, ceux-ci se saisissent d'Augustin pour qu'il soit ordonné prêtre sur le champ. Par la suite, il fera tout pour conserver Augustin et l'autorisera à fonder un monastère à Hippone dans le jardin de la principale église. Ce monastère fournira par la suite de nombreux évêques à l'Église d'Afrique et recrutera de nombreux « anciens » de l'administration impériale (notamment de la police secrète).

Augustin se montre extrêmement actif pour renforcer la position de l'Église catholique. Le 28 août 392, lors du débat avec le chef des manichéens Fortunatus, il fait tant et si bien qu'il le réduit au silence et le force à quitter la ville. Instruits par l'expérience, les donatistes évitent le débat ; pour les affronter, Augustin écrit le Psalmus contra partem donati en 394, un livre destiné à les combattre sur leur propre terrain : les cantiques populaires.

En 395, Augustin est nommé évêque d'Hippone et le restera jusqu'à sa mort en 430. En 399, les temples païens sont fermés. À cette occasion, il rédige la Catéchèse des Débutants.

C'est à Hippone qu'il va écrire les grandes œuvres de la maturité : Les Confessions, écrites de 397 à 400 ; De la trinité (410-416) ; la Cité de Dieu de 410 à 426. C'est aussi d'Hippone qu'il va mener l'essentiel de ses combats contre les manichéens (environ de 387 à 400), contre les donatistes (environ de 400 à 412) et contre les pélagiens de 412 à 430.

Augustin impose à son clergé un mode de vie très modeste dont il donne l'exemple. Toutefois, il est confronté à certaines dérives et le lien entre les nouveaux clercs et les anciens – très unis et un peu autoritaires – est difficile. Par ailleurs, l'Église d'Afrique est en général peu missionnaire et n'essaie guère d'évangéliser hors de la frontière romaine et de la zone littorale d'Afrique du Nord.

Durant cette période, Augustin est le conseiller spirituel d'une certaine Pauline, dont on sait peu de choses mais dont certaines indications laissent à penser qu'il pourrait s'agir d'une noble romaine. De la correspondance qu'ils ont échangée, il reste la lettre 147, connue sous le titre de La Vision de Dieu.

Il passe les dernières années de sa vie à établir une chronologie de ses écrits, à les relire et à les évaluer, ce qu'il fait à travers son ouvrage connu sous le nom des Rétractations. Il meurt à Hippone lors du siège de Genséric, chef des troupes Vandales, en 430 en laissant derrière lui une œuvre considérable qui lui survit. Il passe ses derniers jours volontairement seul, de peur d'être distrait, se concentrant sur la lecture des psaumes de David affichés au mur.

Saint et docteur de l'Église

Tombe de saint-Augustin à la basilique San Pietro in Ciel d'Oro à Pavie. Selon la True Martyrology de Bède le Vénérable, le corps d'Augustin est plus tard amené à Cagliari en Sardaigne par des évêques catholiques expulsés d'Afrique du Nord par Huneric. Vers 720, sa dépouille est déposée à la basilique San Pietro in Ciel d'Oro à Pavie (Italie) par Pierre, évêque du lieu et oncle du roi Lombard Liutprand, pour la protéger des raids côtiers musulmans. En janvier 1327, le pape Jean XXII, par la bulle Veneranda Sanctorum Patrum, fait des Augustiniens les gardiens de la tombe.

Augustin est canonisé par acclamation populaire en 1298 et reconnu comme Docteur de l'Église la même année par le pape Boniface VIII. Il est fêté par les catholiques le 28 août, jour de sa mort. Augustin est considéré comme le saint patron des brasseurs, des imprimeurs et des théologiens. L'Église orthodoxe le considère également comme un saint et le célèbre le 15 juin.