Matoub, Lounès (1956-1998)
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Biographie
Lounès Matoub est né le {{date de naissance}} en Kabylie à Taourirt Moussa Ouamar, un village de la tribu et actuelle commune Ait Mahmoud du cercle de Ath Douala dans la wilaya de Tizi-Ouzou (intégrée à la commune mixte Fort National, dans l'époque de l'Algérie française). Il meurt le {{date de décès}}, assassiné sur la route qui relie Tizi Ouzou et son village au lieu-dit Taberquqt à Ait Aïssi.
Depuis la sortie de son premier album A Yizem anda tellid ? (Ô lion où es-tu ?) {{passage inédit}} {{référence nécessaire}}, Lounès Matoub est grièvement blessé par un gendarme en {{date-}}. Il raconte sa longue convalescence dans l'album L'Ironie du sort (1989).
Opposé au terrorisme islamiste, Lounès Matoub condamne l'assassinat d'intellectuels. Il fut enlevé le {{date-}} par un groupe armé, puis libéré au terme d'une forte mobilisation de l'opinion kabyle{{référence souhaitée}}. La même année, il publie un ouvrage autobiographique Le Rebelle et reçoit le Prix de la Mémoire des mains de Danielle Mitterrand.
En 1995, il participe à la « marche des rameaux » en Italie pour l'abolition de la peine de mort, alors qu'en mars 1995, le Ski Club international des journalistes (Canada) lui remet le Prix de la liberté d'expression.
Le {{date-}}, il est assassiné sur la route menant de Tizi Ouzou à Ath Douala en Algérie (Kabylie) à quelques kilomètres de son village natal. Les conditions de ce meurtre n'ont jamais été élucidées. Les funérailles du chanteur drainèrent des centaines de milliers de personnes et la Kabylie a connu plusieurs semaines d'émeutes et de deuil. Son dernier album Lettre ouverte aux…, paru quelques semaines après son assassinat, contient une parodie de l'hymne national algérien dans laquelle il dénonce le pouvoir en place.
Enfance
Lounès Matoub nait le {{date-}} au sein d'une famille humble, dans la région d'Aït Douala dans la Kabylie montagneuse, à une vingtaine de kilomètres de Tizi Ouzou.
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Scolarisé en 1961 à l'école de son village, une des vieilles écoles de Kabylie construite à la fin du {{s}}, {{passage inédit}}. {{référence nécessaire}}. {{passage inédit}}
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{{passage inédit}} Mais en 1968, la loi de Boumédiène portant l'arabisation de l'école - Ahmed Taleb alors, ministre de l'éducation s'en est chargé - vint tel un coup d'épée. {{passage inédit}}
1962-1980
Lounès et sa génération assistent au conflit qui oppose le régime de Ben Bella, président de l'Algérie indépendante, aux officiers de la wilaya III avec à leur tête Hocine Aït Ahmed président du FFS (Front des forces socialistes). Le conflit fit plus de 400 morts et des milliers de blessés. Belkacem Krim, un homme politique reconnu, signataire des Accords d'Évian, se démarque de ce conflit. Matoub considérera cet antagonisme comme première déchirure de la Kabylie, mais ce qui le traumatisera le plus est le fait que, 23 ans plus tard, en 1985, ces deux personnalités (Hocine Aït Ahmed et Ben Bella), en conflit aigu, se rencontrent dans l'objectif de constituer une alliance contre le régime en place ; par la suite, il qualifie cette initiative d'absurde et aberrante. En produisant un album pour exprimer son rejet à cette fallacieuse alliance, {{lesquels}} le qualifient de fasciste.
Lounès Matoub n'a jamais appris la musique à l'école : {{référence nécessaire}}
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En 1978, il vient en France. Un soir, il anime une soirée dans un café où il gagne {{unité}}, ce qui l'encourage à monter à Paris. Il s'y produit dans les cafés très fréquentés par la communauté émigrée kabyle. Jacky Sehaki lui présente le chanteur Idir qui l'invite un jour à chanter en compagnie d'autres chanteurs au palais de la Mutualité lors d'un récital intitulé La nouvelle chanson berbère organisé par la coopérative Imedyazen en collaboration avec le groupe d'Étude berbère de l'Université de Vincennes. Au cours de ce concert, il fait la connaissance de Slimane Azem et Hnifa. Il réadapte même quelques-unes de leurs chansons. {{passage inédit}}
Idir l'accompagne dans une maison d'édition pour faire son premier enregistrement. {{référence nécessaire}} {{passage inédit}}
1980-1988
En {{date-}}, Matoub Lounès se produit à l'Olympia. {{passage inédit}}
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Il voyait dans le Mouvement culturel berbère (MCB) un cadre rassembleur. En effet, le {{date-}}, date d'une marche historique, il a été désigné pour remettre un rapport à l'APN (Assemblée Populaire Nationale). Lounès déplore les divisions du mouvement : {{référence nécessaire}}
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1988-1994
Le {{date-}} Matoub, en compagnie de deux étudiants, à bord de son véhicule, a pris la destination de Ain El Hammam (ex Michelet) venant de l'université de Tizi Ouzou pour distribuer un tract appelant la population à une grève générale de deux journées et au calme à la suite des manifestations d'Alger. Intercepté par des gendarmes qui le suivaient, l'un d'eux tire à bout pourtant sur Lounès après l'avoir insulté tout en passant les menottes aux deux étudiants. Lounès Matoub s'effondre ; il est atteint de cinq balles dont l'une lui traverse l'intestin et fait éclater le fémur droit. Il est ensuite évacué vers l'hôpital de Ain El Hammam puis à l'hôpital de Tizi Ouzou. Ensuite il est transféré à la clinique des orangers à Alger. Il y est resté six mois avant d'être transféré en France pour des soins plus intensifs à l'hôpital Beaujon le {{date-}}. Six semaines plus tard, il anime un gala au stade de Tizi-Ouzou devant une immense foule alors qu'il portait des béquilles. En dix-huit mois, il a subi quatorze opérations chirurgicales.
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Le {{date-}}, lors de la marche organisée à Alger pour exiger la vérité sur les circonstances de l'assassinat du président Mohamed Boudiaf, il se trouve aux côtés de Saïd Saadi et Khalida Toumi quand une bombe explose au niveau de l'hôpital Mustapha faisant deux morts et plusieurs blessés.
Le {{date-}}, à 21h environ, il est enlevé par un groupe armé qui le surprend dans un café-bar, pas loin de Tizi Ouzou. Son enlèvement bouleverse la Kabylie tout entière, qui se solidarise jusqu'à sa libération survenue le {{date-}} aux environs de 20h dans un café à Ait Yenni. Durant ces seize jours de séquestration, il est condamné à mort par un tribunal islamique. Grâce à la mobilisation de la population, il retrouve les siens sain et sauf. Cet enlèvement suscite beaucoup de spéculations, à tel point que certains l'accusent d'avoir monté un scénario lui-même pour accroître sa notoriété et sa popularité. Malgré les « tortures » psychologiques endurées pendant sa séquestration et les menaces qui pesaient sur lui, il ne cesse de chanter et continue son combat pour la cause berbère, la démocratie et contre l'intégrisme islamiste. On l'a jugé pour ses chansons. Il raconte dans son livre Rebelle le procès de déroulant dans une forêt :
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En revanche, on lui reprochait ses "blasphèmes" réitérés à l'encontre de l'Islam et du Coran, La chanson qu'il avait écrite après la mort de Boudiaf, L'Hymne à Boudiaf, lui a valu une interpellation particulièrement vive : {{citation}} Et il le comparèrent à Salman Rushdie. Enfin le 10 octobre de la même année, après un long interrogatoire qui dura des jours, ils le libérèrent en lui confiant un message aux Kabyles.
Il était aussi un fervent supporter de la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK) depuis longtemps. Il a d'ailleurs composé plusieurs chansons sur le club kabyle, bien que les dirigeants de la JSK n'étaient pas favorables à ce que ce club soit une tribune d'expression pour la revendication identitaire. Le jour de l'enlèvement de Lounès, un ami à lui tenta vainement de persuader les dirigeants de la JSK d'annuler la rencontre l'opposant à un club des Aurès (un autre club berbère), Il écrit dans son livre Rebelle :
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Le {{date-}}, il a été l'hôte du directeur de l'UNESCO, en présence de nombreux hommes des arts, des lettres et des journalistes lui rendant hommage pour son combat pour la démocratie. À l'issue de cette rencontre, il a remis à son hôte le coffret complet de son œuvre. Aussi, en guise de reconnaissance et de récompense pour son combat pour la démocratie, il reçoit le 6 décembre de la même année, le Prix de la Mémoire que lui décerne Danielle Mitterrand à l'amphithéâtre de l'université de la Sorbonne à Paris. Il devient le chanteur le plus médiatisé. Sa popularité ne cesse de prendre de l'ampleur. Sa carrière de chanteur s'approfondit considérablement en faisant dans l'innovation artistique. Ses dernières productions parlent d'elles-mêmes tant sur le plan musical qu'à travers les textes.
En dehors de la France où il se produit très souvent, Lounès Matoub a animé un gala le {{date-}} à Montréal, à l'occasion du nouvel an berbère, puis à New York le {{date-}} et en Californie le {{date-}} de la même année.
1995-1998
En {{date}}, il publie aux éditions Stock, à Paris, un livre sur sa vie qu'il considère comme un reflet de son parcours, il disait à propos de cela :
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Deux années après ce succès, en 1997 le rebelle rencontrera Nadia qui deviendra sa troisième femme. Le 25 juin de l'année suivante, revenant de Tizi Ouzou, afin de rentrer chez lui en compagnie de sa femme et ses belles sœurs, Lounès Matoub fut assassiné par un groupe armé qui l'assaillirent en tirant sur son véhicule d'une bourrasque de balles de kalachnikov. Tel un coup de tonnerre, l'information jaillissait de partout la Kabylie. Une grande révolte des populations de Lounès succéda à sa disparition.
Bouleversé par les événements, attaché par fidélité à son combat et contraint de mener sa vie telle que voulue pour cause d'insécurité, telle était la situation dans laquelle s'était retrouvé Lounès Matoub. C'est son choix :
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De par ses textes, ses chansons, ses interventions… nul ne peut nier ni le talent de Lounès dans la chanson, ni son combat pour une Algérie debout, ni son militantisme zélé pour l'aboutissement de la revendication identitaire.
Dans son dernier album, il reprend l'hymne national à sa manière, malgré les dangers auxquels il s’exposait :
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Il était aussi un fervent défenseur du système fédéral qu'il considérait comme solution à tous les maux de l'Algérie :
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Engagement
Lounès Matoub s'est toujours battu contre deux fronts, d'un coté le pouvoir corrompu qui était et qui est toujours en place depuis 1962 (ce pouvoir exerçant une politique d'arabisation de l’Algérie et utilisant les diversités de ce pays pour diviser le peuple algérien afin de mieux régner), et d'un autre coté les islamistes à qui Lounès reproche l'assassinat d'intellectuels et leur volonté d'appliquer la charia en Algérie. Il fut enlevé le 25 septembre 1994 par le GIA (Groupe islamique armé), puis libéré par la pression exercée par la mobilisation de toute la Kabylie. La même année, il publie un ouvrage autobiographique, Rebelle, et reçoit le Prix de la mémoire des mains de Danielle Mitterrand.
Ses chansons révèlent que Lounès Matoub était partisan de la laïcité et de la démocratie, et s'est fait le porte-parole des laissés-pour-compte et des femmes. Il se disait être un « Algérien autochtone de ce pays ».
Il s'oppose à la politique d'arabisation de l'Algérie. Il parle le kabyle, le français, et comprend l'arabe algérois sans l'employer.
En 1998, il sort les albums Tabratt i lḥukem et Ilḥeq-d zzher. Ces derniers sont de genre chaâbi. Il y dénonce la lâcheté et la stupidité du pouvoir algérien. Le morceau Tabratt i lḥukem de l'album éponyme, est construite en « kacide » (enchaînement de musiques différentes). Le dernier morceau est une parodie de Kassaman, l'hymne national algérien.
Mort
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Le {{date}} à la mi-journée, Lounès Matoub est abattu près de son village au cœur de la Kabylie au lieu-dit Tiberquqin relevant du village Tala-Bounan dans la commune de Ait Aïssi. Cet assassinat a bouleversé la Kabylie. La population kabyle a aussitôt déferlé sur Tizi Ouzou. Des manifestations publiques ont gagné la Kabylie entière. Quelques heures après cet assassinat, Nordine Aït-Hamouda intervient dans les médias internationaux (comme France Info) pour affirmer que les assassins sont les islamistes du GIA, idée fixe également développée par Khalida Toumi, alors députée RCD au parlement algérien. C’est ainsi une véritable "pression" médiatique qui s’exerce pour faire admettre la thèse du GIA dans l’assassinat de Lounès. Même Malika Matoub, la sœur de Lounès, déclare que les assassins sont les islamistes du GIA.
Malgré cette pression, les jeunes manifestants de Kabylie envahissant les rues clamaient fort {{citation}}.
Quelques jours plus tard, Malika Matoub revient sur ses déclarations initiales et, avec sa mère, demande à ce que toute la vérité soit faite sur l’assassinat. Elles exigent qu’une véritable enquête soit diligentée. Elles relèvent plusieurs points{{lesquels}} d’ombre dans la gestion faite par les autorités de cette affaire. À ce jour{{Depuis quand}} elles ne cessent de demander à ce que toute la lumière soit faite sur cette affaire.
C’est au tour de Nadia Matoub, par la suite, de se joindre aux voix de Malika et sa mère pour demander une enquête sur l’assassinat. Elle n’exclut aucune piste quant aux auteurs et commanditaires de l’assassinat.
{{refnec}}. Des responsables du RCD à l’époque de l’assassinat de Lounès, en l’occurrence Nordine Aït-Hamouda et Khalida Toumi, ont été cités dans ce texte. D’après le MAOL, Nordine Aït-Hamouda aurait joué un rôle important dans le complot de l’assassinat de Lounès commandité par le haut commandement militaire algérien dans le but de déstabiliser Zeroual et le pousser au départ.
Les éléments du MAOL ne peuvent être qu’{{précision nécessaire}} ; {{évasif}} et s’ils ont évoqué l’affaire Matoub ce n’est que parce qu’ils ont un quelconque intérêt et ce n’est sans doute pas le désir de contribuer à faire connaître la vérité sur cette affaire qui les anime{{précision nécessaire}}. Mais dans leurs déclarations ils ont cité des noms{{lesquels}} et ont évoqué des faits{{lesquels}} ; ce sont ces éléments qui nous{{qui}} intéressent. Et aux personnes citées{{qui}} de se prononcer et donner leurs versions quant aux faits relevés par le MAOL. Ces personnes{{lesquelles}} doivent notamment démentir les déclarations des officiers du MAOL s’il y a diffamation.
L’autre épisode ayant marqué l’affaire Matoub est le reportage réalisé par la chaîne de télévision française Canal+, dans le cadre de son émission "90 minutes", consacré à l’affaire Matoub et intitulé {{citation}}. {{évasif}} peut retenir de ce reportage c’est la convergence de l’ensemble des témoignages vers la thèse d’un assassinat organisé par la {{Précision nécessaire}}. Les témoignages de Malika et Nadia Matoub incitent à {{évasif}}, ou du moins de certains de ses membres dont Nordine Aït-Hamouda, à vouloir imposer à l’opinion la thèse du GIA dans l’assassinat de Matoub. Ainsi Malika Matoub affirme être félicitée par Nordine Aït-Hamouda pour avoir soutenu que le GIA était le responsable de l’assassinat. Il lui aurait même proposé de lui faire rencontrer des personnes du haut commandement militaire qui sont satisfaits de ses déclarations. Nadia Matoub, affirme néanmoins que des éléments du RCD lui avaient promis des visas pour elle et ses sœurs ; en contrepartie, elle devait tenir une conférence de presse à Tizi-Ouzou pour laquelle ils lui ont rédigé la déclaration préliminaire qui disait en substance que les assassins étaient des éléments du GIA.
Dans leur ouvrage publié {{quand}} chez les éditions La Découverte, Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire reviennent sur l’assassinat de Lounès et donnent un certain nombre de détails sur l’avant et après assassinat. Ils nous apprennent, par exemple, que le jour de l’assassinat un barrage de gendarmerie s’est mis en place sur la route d’At Douala et les gendarmes se sont mis à dévier la circulation de cette route : seule la Mercedes noire de Lounès sera autorisée à emprunter cette route sur laquelle elle sera mitraillée quelques minutes plus tard.
La région du chanteur Lounès Matoub a connu beaucoup de mouvement et de répression et encore des cas d’enlèvement. En {{date}}, Bouzegzi Samir et Boudarene Ahcene du village Taguemount Azouz ont été enlevés trois jours après leurs déclarations dans la presse où ils ont dénoncé le vote « nous sommes contre le vote, l’état algérien est responsable de tout ce qui se passe en Kabylie ».