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Arendt, Hannah (1906-1975)

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Biographie

Vie et études en Allemagne

Hannah Arendt est née à Hanovre en 1906. Son père était ingénieur de formation et sa mère pratiquait le français et la musique. Des deux côtés, les grands-parents étaient des juifs laïcs. Son père meurt en 1913 de la syphilis.

En 1924, après avoir passé son {{Lang}} {{incise}} en candidate libre avec un an d'avance, elle étudie la philosophie, la théologie et la philologie classique aux universités de Marbourg, Fribourg-en-Brisgau et Heidelberg où elle suivra les cours de Heidegger, de Husserl puis de Karl Jaspers. {{citation nécessaire}}

En 1925, sa rencontre avec Heidegger sera un événement majeur de sa vie, sur les plans tant intellectuel que sentimental. Elle est très jeune et voue une grande admiration à son maître, de dix-sept ans son aîné. C'est le début d'une relation secrète, passionnée et irraisonnée, qui laissera chez Hannah des traces durant toute sa vie. Après avoir interrompu leur relation, elle poursuit ses études à Fribourg-en-Brisgau pour devenir l'élève de Husserl ; puis, sur recommandation d'Heidegger, à Heidelberg pour suivre l'enseignement de Karl Jaspers sous la direction duquel elle rédige sa thèse sur le Concept d'amour chez Augustin. Quelle que soit la position ambiguë de Heidegger à l'égard du judaïsme, elle restera fidèle à leur relation et au souvenir du rôle de la pensée de Heidegger dans son propre parcours. Par-delà la guerre et l'exil, Hannah Arendt se fera l'infatigable promotrice du philosophe, aussi éminent que controversé, aux États-Unis.

En 1929, elle épouse Günther Stern (nommé plus tard Günther Anders), un jeune philosophe allemand rencontré dans le milieu universitaire. La même année, elle obtient une bourse d'études qui lui permet de travailler jusqu'en 1933 à une biographie de Rahel Varnhagen, une Juive allemande de l'époque du romantisme, qui ne paraîtra qu'en 1958. Sous l'influence de Kurt Blumenfeld, président de l'organisation sioniste, elle prend conscience de son identité juive, alors que Karl Jaspers prétendait la faire adhérer à « l'essence allemande » de Max Weber. Chargée par Blumenfeld de recueillir les témoignages de la propagande antisémite, elle est arrêtée par la Gestapo et relâchée faute de preuve.

Fuite hors d'Allemagne et exil aux États-Unis

En 1933, elle quitte l'Allemagne pour la France où elle devient la secrétaire particulière de la baronne Germaine de Rothschild et participe à l'accueil des réfugiés fuyant le nazisme. Depuis Paris, elle milite pour la création d'une entité judéo-arabe en Palestine. Elle facilite l'émigration des jeunes Juifs vers la Palestine. Divorcée en 1937, elle se remarie le 16 janvier 1940 avec Heinrich Blücher, un réfugié allemand, ancien spartakiste.

En mai 1940, en raison de l'avancée éclair de la Wehrmacht en France, elle est internée au camp de Gurs (Basses-Pyrénées) avec d'autres apatrides. Dans la confusion qui suit la capitulation de la France en juin 1940, elle est libérée et parvient à s'enfuir à Montauban, où elle retrouve son mari. Puis, elle gagne Marseille où elle obtient, grâce au Centre américain d'Urgence de Varian Fry, un visa pour le Portugal qu'elle rejoint en train. Elle vit alors quelque temps à Lisbonne dans l'espoir d'embarquer pour l'Amérique, ce qui sera rendu possible en mai 1941, par l'intervention du diplomate américain Hiram Bingham IV, qui lui délivre illégalement un visa d'entrée aux États-Unis, en même temps qu'à environ 2500 autres réfugiés juifs. À l'issue d'une traversée éprouvante, elle s'installe à New York. Dans une situation de dénuement, elle doit gagner sa vie, trouve un emploi d'aide à domicile dans le Massachusetts, et envisage de devenir assistante sociale. Elle décide finalement de regagner New York et y collabore à plusieurs journaux, dont l'hebdomadaire Aufbau.

Après la Seconde Guerre mondiale, elle retourne en Allemagne, travaillant pour une association d'aide aux rescapés juifs. Elle reprend contact avec Heidegger, témoignant en faveur du philosophe lors de son procès en dénazification. Elle renoue également avec le couple Jaspers dont elle devient une amie intime. En 1951, naturalisée citoyenne des États-Unis, elle entame une carrière universitaire comme conférencière et professeur invité en sciences politiques dans différentes universités : Berkeley, Princeton (où elle devient la première femme nommée professeur), Columbia, Brooklyn College, Aberdeen, Wesleyan… C'est également en 1951 qu'elle publie son livre Les Origines du totalitarisme, puis Condition de l'homme moderne en 1958, et le recueil de textes intitulé La Crise de la culture en 1961.

Le procès Eichmann, Chicago et la New School de New York

Après ces trois livres fondamentaux, elle couvre à Jérusalem le procès du responsable nazi Adolf Eichmann, en qui elle voit l'incarnation de la « banalité du mal ». Les articles qu'elle écrit alors, réunis dans un livre publié en 1963, nourrissent une importante polémique. La même année, elle publie également Essai sur la révolution.

À partir de 1963, elle devient titulaire de la chaire de science politique à l'université de Chicago, avant d'être nommée professeur à la New School for Social Research (New York) en 1967, où elle restera jusqu'à sa mort. En 1966, elle apporta son soutien à la pièce de théâtre de l'allemand Rolf Hochhuth, Le Vicaire, œuvre qui déclencha une violente controverse en critiquant l’action du pape Pie XII face à la Shoah.

Dernières années

En 1973, elle commence une série de conférences à Aberdeen sur « La pensée », et « Le vouloir » : ce sont les deux premières parties de son livre posthume La Vie de l'esprit, dont elle n'a pas eu le temps d'écrire la troisième et dernière partie, « Juger ».

Elle meurt le {{Date}} à New York. Elle est enterrée au Bard College d'Annandale-on-Hudson, où son mari avait enseigné pendant de nombreuses années. Lors des obsèques, son ami Hans Jonas après avoir prononcé le kaddish lui dira : {{citation bloc}}